@Jacques-François Bonaldi
« pourraient lui envoyer » ; Non, bien sûr : « devraient lui envier ».
@Pierre JC Allard
Quelle suffisance dans votre réponse ! Oui, je vis et travaille à La Havane depuis très longtemps. Mais il vaudrait mieux que vous invitiez des Cubains à boire ce pot pour leur proposer votre petite idée : je vous le répète, s’il sont gentils, ils vous riront au nez. Je connais peut-être mal la nature humaine (qui peut se vanter de connaître ce puits insondable), mais je connais très bien en revanche le peuple cubain, son histoire et sa révolution.
Comment pouvez-vous vous présenter en ami du peuple cubain tout en lui demandant de trahir son histoire ?! Et la révolution socialiste qui, justement, lui a donné cette liberté que beaucoup d’autres peuples pourraient lui envoyer.
Quand je l’ai lu votre papier, j’ai pensé que vous faisiez de la science-fiction. Mais non je constate que vous croyez dur comme fer à cette idée saugrenue et farfelue !
Bien à vous
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
Dont acte.
Une petit ommission s’est glissée au 2e paragraphe : « Si quelqu’un qui a peut-être son petit bout de connaissance vécue et éventuellement quelque chose de différent à dire intervient, vous le prenez de haut sans même l’écouter. »
Merci de rectifier
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@moderatus
A Moderatus, Astérix, Rosemar et tant d’autres
J’oserais vous faire remarquer qu’il en est bien plus qui vous interdisent de dire que Cuba n’est pas une dictature…
Ce qui m’étonne, au fond, c’est de constater à quel point vous êtes programmés : on appuie sur le bouton « Cuba », et hop, votre réponse s’affiche aussitôt : « Dictature ». Si quelqu’un qui a peut-être son petit bout de connaissance vécue et éventuellement quelque chose de différent à dire, vous le prenez de haut sans même l’écouter.
C’est un peu comme si un Martien
débarquait chez vous. Logiquement, il a très envie de vous raconter comment c’est
chez lui et ce qu’il s’y passe. Il se lance donc dans son récit, mais finit par se rendre presque
aussitôt, parce qu’il est intelligent, que ça n’intéresse quasiment personne
parmi ses interlocuteurs. Un peu interloqué, parce que les Martiens ont quand
même des sentiments, il vous pose gentiment la question : « Ça ne
vous intéresse pas de savoir comment c’est chez moi ? » C’est alors
qu’il voit se peindre sur vos visages un étonnement encore plus prononcé que le
sien : « Mais nous savons parfaitement ce qu’il se passe chez toi ! » Bien
entendu, le Martien, qui a sa petite logique à lui, s’exclame, de nouveau
étonné : « Ah ! bon, vous y êtes allés ? Tiens, je n’avais
jamais entendu dire que les Terriens étaient allés chez nous. » « Non
- s’entend-il répondre – « nous n’avons
pas fait le voyage. » « Alors, vous y êtes allés par "transmission
de corps" Ça alors, vous êtes plus avancés que je ne le croyais : je
ne pensais pas que vous maîtrisiez cette technologie. » « Non, non, notre
science terrestre n’en est pas encore arrivée là. » « Alors, comment
apprenez-vous cette connaissance apparemment insondable que vous avez de Mars,
puisqu’un témoignage vécu ne semble pas vous intéresser ? » « Eh
bien – lui répondez-vous – nous avons
nos médias (certaines méchantes gens malintentionnés les appellent les « merdias »,
mais ne les croyez pas) qui nous racontent, nous expliquent, nous dissèquent,
nous traduisent tout. Si bien que nous savons tout sur tout et, maintenant,
avec Internet, quasiment de manière instantanée. » Et vous lui montrez,
ravis de l’en convaincre, toute une série de médias où vous puisez votre
savoir, en particulier ceux qui concernent directement sa planète. Votre
Martien qui, lui, a très envie d’apprendre ce qu’il se passe chez vous, se
jette alors sur votre échantillon de médias. Il les fait défiler devant lui d’abord
avec beaucoup d’enthousiasme, puis, au fur et à mesure, avec un intérêt sans
cesse décroissant. Finalement, il se tourne vers vous, interloqué (une réaction
qui existe aussi sur Mars) : « Mais ce n’est pas du tout comme ça
chez moi ! » Et il voit alors un énorme sentiment de commisération
mêlé de tout autant de satisfaction se peindre sur le visage de ses
interlocuteurs : « C’est sûr, vous en êtes la preuve vivante ! »
« La preuve vivante de quoi ? », vous demande le Martien. Mais
vous ne lui répondez pas : « Quelle
technologie emploie-t-on là-bas ? » « Technologie de quoi ? »,
vous demande le Martien. « Mais enfin, la technologie du chip ! »
« De quel chip ? », s’exclame votre interlocuteur. « Mais
enfin, la technologie du chip que vous avez dans le cerveau ! » « Mais
je n’ai aucun chip dans le cerveau », s’offusque le Martien. Et de nouveau
le même mélange de compassion et de contentement apparaît chez vous, mais cette
fois-ci, vous ne pouvez pas vous retenir de vous esclaffer : « Mais,
mon pauvre ami, bien sûr que vous avez un chip dans le cerveau ! Le hic, c’est
que vos vilaines et méchantes autorités vous l’implantent dès la naissance
(selon nos médias, elles sont même en train de préparer la technique nécessaire
pour l’implanter intra utero pour en redoubler
les effets), et que vous ne pouvez donc pas le savoir. Heureusement que nous le
savons, nous, grâce à nos médias… et aussi à nos hommes politiques qui les
répliquent. Donc, tout ce que vous voyez autour de vous, là-bas, est faux et n’a
aucune assise dans la réalité. » « Mais mes dirigeants ne sont pas du
tout comme les peignent vos médias ! », - tente de rétorquer le
Martien. Nous les aimons bien, nous, nos dirigeants, surtout l’un d’eux, Fi-R1959-del,
qui nous a apporté, grâce à l’appui que nous lui avons offert pendant un
demi-siècle, des tas de choses que nous n’avions
pas avant ! Et nous en sommes fiers, croyez-moi. » « Mais non,
pauvre ami, tout ça n’est que pure illusion. Vous êtes un exemple éloquent de
ce qu’on appelle chez nous le « lavage de cerveau », poussé chez vous,
il faut le reconnaître, à un niveau de sophistication impressionnant. Vous ne
pouvez pas comprendre votre réalité, votre chip vous programme pour que votre
matière grise soit incapable de voir et surtout de comprendre le réel. » « Mais
enfin, réplique un peu agacé tout de même le Martien, je n’ai pas de chip ! » Alors, lui tapotant l’épaule – car les
Martiens en ont une – à la fois compatissant et irrité devant un tel
entêtement, vous lui assenez l’argument définitif : « Mon pauvre ami,
vous êtes une malheureuse victime ! »
Et vous retournez, béats, à la causette avec vos concitoyens que la présence du Martien a à peine interrompue et à la consultation de vos chers médias, ravi d’avoir constaté de visu et surtout de vous être conforté dans votre conviction indéracinable que, oui, vraiment, Cuba est une épouvantable dictature dirigée par de forts méchantes gens…
Fin de ma petite fable.
En fait, je crois qu’il vous serait plus facile de comprendre un Martien que le peuple cubain en révolution !
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@rosemar
Pourquoi ne venez-vous pas faire un tour par ici pour voir si la culture cubaine est « soviétisée » ?!!!!
Puisque les médias vous disent que Cuba, c’est la dictature, c’est donc que c’est une dictature.
Venez donc faire un tour ici et discutez avec les Cubains et demandez-leur s’ils se sentent vraiment vivre « en dictature » ? Vous serez étonnée et constaterez que vos médias favoris n’ont pas la même approche qu’eux.
Mais, bien entendu, vous me rétorquerez, comme tant d’autres, que ces pauvres Cubains ne sont même pas capables de se rendre compte de leur triste sort parce que Castro leur a lavé le cerveau...
Bien à vous
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@Pierre JC Allard
Ce que vous proposez n’est pas une annexion ?! Vous connaissez bien mal le peuple cubain et sa Révolution, et ignorez tout de son histoire et de ses valeurs nationales et révolutionnaires si vous pensez qu’il pourrait voter un rattachement aux USA !
Et pourquoi ne proposeriez-vous pas aux Français de s’intégrer à la Grande-Bretagne, par exemple ? Tout ça n’est vraiment pas sérieux.
Même Obama, qui est venu nous flatter dans le sens du poil ici à La Havane en mars dernier et nous « tendre une main d’ami », ne se risquerait pas à une telle proposition !!!
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@Pierre JC Allard
Je poursuis mes commentaires :
Vous galéjez, n’est-ce pas ? Parce que si vous parlez sérieusement, j’en suis estomaqué ! Que le couronnement logique et désirable, selon vous, de la lutte des Cubains depuis plus d’un siècle (première guerre d’Indépendance, 1868-1878) et même avant, que, surtout, l’achèvement normal et souhaitable de presque soixante ans d’une Révolution socialiste qui a fait de cette île, entre bien d’autres conquêtes, l’un des États et des pays assurément les plus libres et les plus indépendants au monde face à des puissances dont la capacité de nuisance est sans commune mesure avec la sienne, soit l’annexion aux États-Unis qui en sont l’ennemi séculaire et surtout, de nos jours, l’antithèse absolue dans à peu près tous les domaines, c’est l’idée la plus farfelue et surtout la plus anticubaine que j’aie écoutée en bien des années !
Même les « dissidents » les plus haineux envers la Révolution cubaine, même les plus vendus aux États-Unis dont ils reçoivent argent et prébendes et appuis, n’oseraient formuler une telle perspective, car leur « prestige » déjà inexistant ferait définitivement plouf. L’une des plus connues, qui, à l’époque où Bush fils ne rêvait que d’en découdre avec la Révolution cubaine et d’être le premier président étasunien à faire disparaître ce trublion si irritant à quelques encablures de ses côtes, a exprimé un jour son souhait que ses troupes envahissent Cuba, et « tant pis pour les Cubains ! », mais il ne lui serait jamais venu à l’idée de réclamer l’annexion de Cuba aux États-Unis…
À l’époque allant de la fin de la première guerre d’Indépendance à la seconde (1895-1898), il y a eu, certes, un courant dit « annexionniste », mais pour une toute autre raison que celle que vous avancez : ne voyant pas la possibilité de se débarrasser du joug espagnol par leurs propres moyens (l’Espagne se disait prête, contre vents et marées, à conserver sa colonie « jusqu’au dernier homme et à la dernière peseta »), ils pensaient que l’annexion était une solution pour cesser d’être colonie et aussi, reconnaissons-le, s’intégrer dans un jeune pays qui, face à une Espagne rétrograde, représentait l’entrée dans la modernité. En 1898, je vous le rappelle, les États-Unis occupent militairement l’île jusqu’en 1902, imposent leur volonté sur les plans politique et économique, et transforment Cuba en une dépendance, en une néocolonie, bref la soumettent à une « annexion » larvée pendant soixante ans. Je vous rappelle aussi que la Révolution cubaine s’est faite, non seulement pour expulser Batista, mais aussi pour récupérer l’indépendance politique et économique perdue, ce que, comme les faits le prouvent éloquemment, aucun locataire de la Maison-Blanche ne lui a jamais pardonné. L’ « annexion », on l’a déjà connue ici, et personne n’en redemande, croyez-moi !
L’annexion aux États-Unis, donc, c’était fin XIXe siècle, et pour des raisons très concrètes, dans une situation historique bien précise ! La prôner en 2016, c’est pour le moins saugrenu ! Ici, aujourd’hui, on taxe justement d’ « annexionnistes », ou de « plattistes » les Cubains qui n’attendent leur salut que des États-Unis…
Si vous allez à Cuba, surtout n’avancez pas une telle idée à vos interlocuteurs : au mieux, ils vous riront au nez ou vous prendront pour un doux dingue ou un ignorant, au pire, même s’ils sont généralement accueillants, ils vous flanqueront leur poing à l’endroit du corps qui contient le cerveau. Car s’il est quelque chose dont les Cubains sont fiers, c’est de l’indépendance et de la dignité que leur a apportées leur Révolution socialiste…
Vous vous dites défenseur et ami du peuple cubain. Magnifique. Sur Agoravox, en tout cas, on les compte sur les doigts de la main. Mais, je vous en prie, défendez-la autrement. Votre aide a tout du pavé de l’ours !
Bien à vous
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@Pierre JC Allard
Si vous parlez sérieusement, alors, vous me sidérez ! Proposer aux Cubains d’entrer dans les USA, nous sommes (vous êtes) en plein délire ! Ignorez-vous que toute l’histoire de Cuba, de tous ses penseurs depuis la fin du XVIIIe siècle et durant tout le XIXe siècle a été précisément de refuser d’être engloutis par le « monstre » , comme l’appelait José Martí ? Ici, on se regarde dans le miroir de Porto Rico et on se trouve bien mieux portant et surtout bien plus libre ! Invitez les Cubains à cette perspective après qu’ils ont fait une des plus grandioses révolutions du XXe siècle, et ils vous riront au nez. C’est une idée si saugrenue et surtout si insultante pour le peuple cubain qu’elle ne mérite pas la moindre commentaire.
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@Christian Labrune
Avec moi, au moins, vous économiserez le billet d’avion, puisque, comme je le signale pour des raisons qui coulent de source, je vis à Cuba !
@moderatus
Vous savez, « les hommes politiques en France » ne sont pas pour moi des références devant lesquelles je m’inclinerais avec des révérences...
Quant à votre « régime dictatorial », non, vraiment, il ne me fâche pas : il me fait sourire : J’attends toujours de vous, d’ailleurs, des arguments un peu plus solides pour me convaincre à l’envers d’une réalité que je vis ici au jour le jour depuis quarante-cinq ans.
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
à monsieur moderatus
Je ne pense pas très utile de poursuivre mes commentaires, vos réponses n’en étant pas. Vous êtes persuadé que Fidel Castro est un épouvantable tyran, libre à vous. J’eusse seulement souhaité, pour pouvoir vous prendre au sérieux, vos lecteurs et moi-même, que votre position repose sur des bases d’information un peu plus solides que les poncifs éculés que vous nous avez présentés jusqu’ici.
En tout cas, je vous plains : dans votre France avachie, de plus en plus triste à regarder, dans votre sinistre environnement politicard, hélas, vous ne pourrez jamais vivre cette passion de peuple que nous avons vécue ici et continuons de vivre, ni vibrer comme vibrent des millions et des millions de personnes quand une même cause généreuse les unit et les pousse de l’avant. Oui, je vous plains. Si l’immense majorité de la population cubaine, et même la génération qui ne l’a jamais connu directement à la tête du pays, a rendu et continue de lui rendre un hommage si passionnément lucide, c’est parce que Fidel incarne pour eux non seulement la Révolution qui leur a enfin donné la dignité et la liberté de nation au terme de quatre siècles de colonialisme et de soixante ans de néocolonialisme, mais aussi un projet de société meilleure et un espoir de monde meilleur. Mais des gens comme vous, à la bonne conscience blindée, ne le comprendront jamais : vous continuerez d’être persuadé d’avoir raison contre les évidences les plus aveuglantes, les témoignages les plus éloquents ! Pour vous, le peuple cubain est asservi, inconscient de son triste sort, et vous n’en démordrez pas. Tant pis pour vous. Oui, vraiment, je vous plains.
Au revoir.
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@moderatus
J’allais me retirer, mais vraiment, votre méconnaissance de Cuba, au sujet de laquelle vous vous exprimez avec une telle autorité, est si abyssale que je dois réagir. Vous ne savez rien de la façon dont est organisé le pouvoir politique (exécutif, législatif) à Cuba : sinon, vous vous rendriez compte (mais votre problème est que vous ne vous voulez pas vous rendre compte) que votre définition de la dictature ne colle absolument pas à la façon dont le pouvoir politique et populaire est organisé à Cuba. Mais bien évidemment, quand on a pour source un prétendu garde du corps ou un certain Machover et d’autres de son acabit, on ignore beaucoup de choses.
Renseignez-vous un peu avant de nous débiter avec une telle suffisance de telles âneries !
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@moderatus
Ah, je vous ai proposé aussi de venir faire un tour ici pour connaître les Cubains de près et leur demander s’ils partagent votre vision du « tyran » ! Ou pour constater sur place s’ils se considèrent « des victimes » ! Apparemment, ce n’est pas une bonne idée pour vous. Et pourtant.... Mais je doute fort que même une connaissance vécue et réelle vous dessille les yeux. C’est vous qui avez raison, et eux qui ont tort.
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@moderatus
Ne chinoisez pas, monsieur Moderatus. Vous l’avez écrit implicitement et explicitement tout au début de votre papier. Le problème, c’est que les gens de votre espèce, au moins aussi formatés que ce pauvre peuple cubain, dans leur bonne conscience et leur béatitude de leur petit terroir,
ne sont même pas capables de se rendre compte de leur mépris inconscient. Alors, je vous le rappelle votre début :
"Comment peut-on comprendre comment peut-on expliquer qu’un peuple entier soit à ce point manipulé, son entendement faussé pour aller en masse se recueillir et pleurer sur la dépouille d’un tyran qui les a maintenus pendant des décennies dans la contrainte la misère et le mensonge ?
"Comment admettre que la manipulation à un tel degré soit possible, que la force politique et la maîtrise des médias puissent conduire à un tel comportement.
47 ans de pouvoir absolu sur Cuba
47 ans d’un régime dictatorial
47 ans de lavage de cerveau ont façonné un peuple asservi mentalement à un régime d’oppression intellectuelle et physique sans limites.
"Ce peuple ne veut peut-être pas de la vérité, elle est trop dure, se rendre compte que l’on s’est bercé d’illusions pendant des décennies, que l’on a refusé d’ ouvrir les yeux sur des réalités douloureuses, c’est difficile, alors autant garder le mythe, ne conserver que l’image des premiers instants de la révolution, se préserver de la désespérance . Pourtant cet homme fit au départ naître un immense espoir."
Comme vous persistez à ne pas répondre aux deux ou trois questions que je vous ai posées (entre autres, d’où vous vient votre (me)connaissance de la réalité cubaine ?), et que vous vous rabachez, j’arrête là.
Je voudrais simplement vous en poser une autre, toute bête, mais qui ne vous vient pas à l’esprit apparemment : et si celui qui est pour vous un épouvantable tyran était pour le peuple cubain, qui le connaît sûrement un peu mieux que vous, un absolu bienfaiteur, voire, comme tant et tant de Cubains l’ont répété ces jours-ci, un père ?
Tiens, puisque, étant un si fin connaisseur de la réalité cubaine, vous devez forcément maîtriser l’espagnol, je vous invite, avant de me retirer, à entrer sur le site CubaDebate où, à l’heure où j’écris (18 h 45 à La Havane), 4 287 témoignages de Cubains vous donneront un autre son de cloche que celui que vous voulez faire prendre à vos lecteurs pour la VÉRITÉ
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@moderatus
Mais c’est vous, monsieur Moderatus, qui m’avez insulté le premier, et le peuple cubain avec, en nous traitant de veaux assez idiots pour ne pas se rendre compte que nous sommes sous la férule d’un tyran et même pas assez courageux pour nous en débarrasser !
Et pour moi, et pour le peuple cubain, oui, c’est bel et bien du mépris, ne vous en déplaise. Qui a tous les relents d’une vision colonialiste des peuples qui ne sont pas assez mûrs pour prendre leurs destinées en main.
Je vous ai par ailleurs demandé au nom de quel titre ès qualités vous nous présentiez avec beaucoup de suffisance (OSER DIRE LA VÉRITÉ...) un tel bilan, et vous ne m’avez toujours pas répondu. Parce que les sources unidirectionnelles où vous puisez sans jamais les citer (mais il n’est pas difficile de savoir d’où elles viennent) indiquent un survol superficiel et beaucoup de poncifs plutôt qu’une analyse sérieuse, surtout après nous avoir annoncé que vous auriez l’audace de dire la vérité...
Bien à vous
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
@moderatus
Où voyez-vous de l’invective dans ce que j’ai écrit ? Je vous ai tout simplement demandé à partir de quelle connaissance de Cuba vous écriviez ce que vous écrivez. Vous ne m’avez pas répondu.
Je suis en droit de me sentir insulté quand quelqu’un me traite de veau et de mouton pour ne pas être capable de comprendre que je vis sous le règne d’un sinistre dictateur... Et le peuple cubain avec moi, qui a le mauvais goût et la stupidité de pleurer son tyran.
Je vous ai demandé de venir ici pour vous rendre compte par vous-même des sentiments du peuple cubain, mais vous préférez considérer comme crédible le « temoignage » d’un garde du corps du dictateur. Pour quelqu’un qui nous déclare sans ambages qu’il faut avoir le courage de dire rien moins que la VÉRITÉ, vous n’êtes guère sérieux.
Et ce n’est pas en reprenant comme une litanie à chacune de vos réponses votre petite liste des méfaits du dictateur, puisée aux mêmes genres de sources, que vous serez plus convaincant.
Bien à vous.
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
Monsieur Moderatus
Je ne sais qui vous êtes, ni au nom de quelle connaissance de Cuba vous prononcez votre jugement péremptoire sur Fidel.
En tout cas, les gens comme vous, qui, du haut de leur tournure d’esprit Premier Monde et de leur dédain pour les sauvages, pensent que les autres peuples, ceux du Tiers-monde, sont des veaux, incapables de se rendre, les pauvres idiots, qu’ils vivent en dictature depuis presque soixante ans, ne méritent pas qu’on prête l’oreille à leur pseudo-arguments.
Je vous invite à venir ici. Si vous êtes honnête (mais en général les gens à l’esprit colonialiste comme vous ne le sont pas), vous vous rendrez compte de ce que pensent les Cubains de « votre » dictateur.
Bien à vous.
Jacques-François Bonaldi (La Havane)
Bien qu’en retrait de la vie politique depuis 2008, il était régulièrement visité par des chefs d’État étrangers, en particulier par... le Président américain Barack Obama le 20 mars 2016.
OÙ ETES-VOUS ALLÉ CHERCHER ÇA ? RENSEIGNEZ-VOUS MIEUX...
Pouvez-vous fournir la référence de votre citation initiale ? Merci.
III
Bref, les choses à Cuba sont différentes et juger ce système à partir des conceptions d’une République bourgeoise serait faire fausse route. À son article premier, la Constitution précise : « Cuba est un État socialiste de travailleurs, indépendant et souverain, organisé avec tous et pour le bien de tous [idée de Martí], en tant que République unitaire et démocratique, pour la jouissance de la liberté politique, de la justice sociale, du bien-être individuel et collectif et de la solidarité humaine ».
Ainsi donc, contrairement à ce que pensent Obama et ses experts, le peuple cubain « vote pour ses dirigeants ». Pas directement, certes, mais c’est aussi le cas aux États-Unis où le vote des grands électeurs l’emporte sur celui des citoyens (ou plutôt de la moitié des citoyens, puisque, on le sait, à peine la moitié des électeurs vote, face à 95 p. 100 de participation à Cuba). Bref, une fois de plus, Obama nous sort un cliché fondé sur l’ignorance ou la mauvaise foi, et comme ce n’est le premier de son discours, il en devient lassant ! Si « voter pour ses dirigeants », c’est imiter le cirque électoral de son pays, eh bien, non, c’est vrai, les Cubains ne votent pas comme ça, et c’est tant mieux. L’exercice électoral est bien plus sérieux ici que chez lui. Une dernière remarque : ici, contrairement à ce qui se passe dans maints pays du Tiers-monde et dans un certain nombre du Premier, les urnes sont surveillées, non par des soldats en treillis, l’arme longue au poing, mais par des écoliers pour lesquels ce geste fait partie de leur éducation citoyenne…
Quant au fait qui scandalise Obama (et il faut le sous-entendre dans sa critique du système électoral cubain), à savoir qu’un Fidel Castro puisse mener les rênes du pays depuis 1959 et qu’il ait élu et réélu député depuis 1976 et ce jusqu’à 2006, soit trente ans, et que les électeurs de sa circonscription, dans l’Est du pays, continuent, bien qu’il se soit retiré de la vie publique, de l’investir et de l’élire, eh bien il s’explique très aisément. Mais pour cela il faut passer à une autre dimension. Raúl Castro affirmait en 2006 :
"Nous faisons face à un ennemi que son entêtement et son arrogance poussent très fréquemment à commettre des erreurs, mais cela ne veut pas dire qu’il soit idiot. Il sait que la confiance spéciale que le peuple place dans le leader fondateur d’une Révolution ne se transmet pas, comme s’il s’agissait d’un héritage, à ceux qui occuperont à l’avenir les principales responsabilités à la tête du pays."
"Je répète ce que j’ai affirmé à maintes reprises : il n’y a qu’un commandant en chef de la Révolution cubaine, un seul, et uniquement le Parti communiste, en tant qu’institution qui regroupe l’avant-garde révolutionnaire et qui est la garantie sûre de l’unité des Cubains pour tous les temps, peut être le digne héritier de la confiance que le peuple a déposée en son leader."
Tant qu’on refusera
de comprendre que Fidel (et sa Révolution, celle du peuple cubain, rappelons-le
constamment) est plus qu’un fondateur de République, mais, disons-le carrément,
le fondateur de la nation cubaine enfin libre et indépendante, de la nation
cubaine enfin digne de ce nom, de la nation cubaine enfin trouvée et retrouvée
face à elle-même, on ne saisira jamais ce qu’il représente à Cuba et pour Cuba
et pour la majorité de la population cubaine : un dirigeant dont la légitimité
ne provient pas de bulletins de vote (encore que, je le rappelle, il ait été
élu et réélu tous les cinq ans comme député pour pouvoir être élu président du
Conseil d’État), mais de son action révolutionnaire, de sa stature historique.
Et ce, n’en déplaise aux médiocres de ce monde que les hauteurs étouffent.
(fin)
II
La « chose publique » à Cuba n’étant pas une profession ou une carrière, mais un service aux citoyens, la Constitution stipule à son article 82 que les députés ne sont pas (grassement) payés à ce titre : « La condition de député n’implique pas de privilèges personnels ni d’avantages économiques. Durant l’exercice effectif de leurs fonctions, les députés touchent le même salaire et maintiennent leurs liens avec leur centre de travail à tous effets pertinents », l’article 85 signalant par ailleurs que « les députés peuvent être révoqués à tout moment, dans la forme, pour les motifs et selon les procédés fixés par la loi ». Il faut avoir plus de dix-huit ans pour être élu député. Bref, la députation à Cuba n’est pas l’occasion rêvée d’arrondir ses fins de mois et, par exemple, d’exercer des influences auprès de transnationales ou d’entreprises pour y obtenir une fois son mandat conclu des postes de direction…
Mais comment devient-on député à l’Assemblée nationale ou délégué aux assemblées provinciales (renouvelées tous les cinq ans) et municipales (renouvelées tous les deux ans et demi) ? Au scrutin direct et secret. Qui vous investit ? Obama et Cie répondront aussitôt, bien entendu : le Parti communiste ! Et ils feraient erreur : non, c’est le citoyen lambda. Pas de campagne électorale à grands renforts d’affiches publicitaires vantant les mérites de chaque candidat et faisant des promesses que nul ne tiendra ; pas de débats télévisés où chacun pèse religieusement ses mots parce qu’une armée d’experts en communication vous aura indiqué la seconde exacte où vous devez prononcer tel ou tel mot ou effleurer tel ou tel sentiment ; pas de millions, voire de milliards dépensés en campagnes électorales interminables plus proches du cirque ou de la fête foraine que d’un exercice de responsabilité citoyenne ; pas de grands électeurs ou de partis investissant le candidat le plus sympathique ou le plus fort en gueule… Non, à Cuba, rien de tout ça. Pour être député, nul besoin d’être soi-même millionnaire, de s’associer à des groupes de pression ou à des entreprises qui vous financeront pour ensuite, si vous êtes élus, vous rappeler opportunément les bons services qu’ils vous ont rendus, de s’entourer de consultants et d’experts en communication pour vous apprendre à être sympathique si vous ne l’êtes pas de nature ou à vous convertir en bonimenteur capable de faire avaler n’importe quelle couleuvre à vos « clients »…
Non, à Cuba, le procédé est (bien plus) simple. Les voisins d’une circonscription se réunissent en assemblées ouvertes (aux dernières élections de 2015, il existait 46 344 secteurs de nomination) où chacun peut proposer le candidat de son choix parmi les gens du voisinage, expliquant pour quelles raisons il fait cette proposition, généralement à cause du prestige dont l’individu jouit dans le quartier et de ses mérites ; si la personne ainsi postulée l’accepte et l’assemblée aussi, il devient candidat ; chaque circonscription doit avoir au moins deux candidats et au plus huit. Compte tenu de ce genre de nomination, il n’est pas obligatoire d’être du parti (lequel n’intervient pas dans ces assemblées de nomination) pour être nommé puis investi par ses concitoyens, de sorte que, si les dissidents, par exemple, avaient vraiment du prestige auprès de leurs concitoyens, ils pourraient être investis par eux comme candidats aux différentes assemblées et élus par les électeurs. Une fois investi, le candidat ne mène aucune campagne électorale : les électeurs se décideront, d’une part, sur leur propre connaissance éventuelle du candidat, d’autre part sur la foi de sa « feuille de vie » affichée aux endroits publics. Par ailleurs, l’inscription sur les listes électorales est gratuite et automatique à partir de seize ans, et les membres des forces armées ont le droit d’élire et d’être élus. Contrairement à de nombreux pays latino-américains, le vote n’est pas obligatoire, ce qui n’empêche que plus de 95 p. 100 des électeurs ont participé à chaque élection depuis 1976,
Les députés à l’Assemblée nationale sont constitués moitié moitié de candidats nommés à la base et de candidats présentés par les différentes organisations politiques et organisations de masse, afin que tous les secteurs de la société y soient représentés, puis élus au suffrage direct et secret.
Les délégués et députés n’étant pas désignés par le Parti communiste, celui-ci n’a donc aucune influence directe sur les élections, ni ne peut recourir à des menaces ou représailles sur les candidats, comme l’a fait par exemple début juillet la direction du Parti socialiste français qui a averti que les signataires d’une motion de censure votée à la suite de l’adoption par le gouvernement de l’article 43.9 pour faire passer en force la Loi du travail seraient exclus du parti et ne pourraient donc pas obtenir leur investiture pour les élections législatives de 2017, ce qui explique, entre autres, pourquoi cette motion de censure n’a même pas été votée… On les comprend, les pauvres, ils y perdraient leur gagne-pain, leurs grasses indemnités non imposables !
(à suivre)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération