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Accueil du site > Actualités > Economie > Afrique : quel avenir pour les accords de partenariat économique avec (...)

Afrique : quel avenir pour les accords de partenariat économique avec l’UE ?

Le 1er janvier 2008, les accords de partenariat économique (APE) censés lier l’Union européenne aux pays africains de l’ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et visant à libéraliser les échanges commerciales entre l’UE et les pays africains, ne rentreront pas en vigueur. Les négociations se sont enlisées. Mais en 2008, verra-t-on la signature des APE acceptables pour les populations africaines ? En tout cas, ces accords font couler beaucoup d’ancre dans nos pays et le débat est loin d’être clos.

Les APE sont des accords économiques que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) impose à l’Union européenne de signer avec ces partenaires africains pour mettre fin au Système des préférences généralisées (SPG) à travers lequel l’Union européenne offre un accès privilégié au marché européen à la plupart des produits en provenance des pays africains.

Les négociations ouvertes à Bruxelles le 27 septembre 2002, pour s’étaler sur une période de cinq ans n’ont pas abouti à la signature de ces APE. Elles se sont enlisées et sous la pression de l’UE, seuls quelques APE intérimaires sur les marchandises ont été signés avec quelques pays africains.

En effet, pour les pays qui n’auraient pas signé avant la date butoir du 1er janvier 2008, ils se verront s’appliquer des droits de douanes relevés pour l’entrée de leurs produits sur le marché européen, notamment les pays à revenu intermédiaire, hormis les pays les moins avancées (PMA) comme le Togo, dont le libre accès sans droits de douane et sans quotas à tous leurs produits (Initiative « Everything but Arms ») reste garanti.

Pour ce faire, les quatre pays de l’Afrique australe (le Botswana, le Lesotho, le Mozambique, et le Swaziland) ont dû signer le 23 novembre 2007 un accord intérimaire. Le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda, et le Burundi de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est l’ont fait aussi le 27 novembre 2007 pour que leurs produits hormis le riz et le sucre puissent entrer librement sur le marché européen, notamment les fleurs (pour le Kenya), le poisson (pour la Tanzanie), le café et le thé (pour les cinq pays). En échange, ces pays ont accepté une ouverture de 80 % de leur marché aux produits européens sur quinze ans et 20 % supplémentaires sur vingt-cinq ans.

Il est indéniablement reconnu que les préférences commerciales de l’Union européenne n’ont pas donné entièrement satisfaction aux pays africains, puisque la part de marché des ACP en Europe est passée de 7,6 % des exportations en 1976 à moins de 2,5 % au début du troisième millénaire. Et on peut craindre que cette part ne se réduise sous l’effet du libéralisme et que les APE ne fragilisent encore plus les économies africaines avec des pertes de recettes fiscales qui pourraient avoir un impact négatif sur les budgets de nos Etats et donc réduire le financement des programmes de lutte contre la pauvreté.

Sarkozy, le président français, n’a-t-il pas dit début décembre en marge du sommet Union européenne-Afrique où les APE ont été en bonne place que « si on ne veut pas asphyxier les pays pauvres d’Afrique, il faut leur garantir une transition, un chemin de transition, avant de les laisser totalement démunis de toute protection par rapport à un marché où la brutalité des échanges ferait qu’ils ne pourraient pas s’en sortir. Je suis pour la mondialisation, je suis pour la liberté, mais je ne suis pas pour la spoliation de pays qui, par ailleurs, n’ont plus rien »[1].

L’Oxfam, une organisation non gouvernementale britannique a dénoncé aussi les effets potentiellement dévastateurs des APE sur les modes de vie et les économies africains et surtout les pressions européennes sur les pays africains pour signer ces APE.

S’il est légitime que soit mis fin au régime commercial préférentiel accordé aux pays africains dans le cadre de l’ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) jugé incompatible avec les règles internationales de l’OMC, il importe, si on veut avoir des APE acceptables, de trouver des solutions aux insuffisances mises à nu par l’enlisement des négociations sur l’APE : l’insuffisance en ressources humaines au niveau de nos ministères du commerce et dans les comités APE truffés de fonctionnaires démunis ou incompétents nommés par accointances ethnocentriques ou politiciennes ainsi qu’au niveau de nos organisations sous-régionales d’intégration économique.

L’enlisement des négociations sur l’APE a révélé aussi les limites de la politique d’intégration régionale sur le continent africain. Les APE intérimaires ayant été conclus avec les pays pris individuellement ou par petits groupes au risque de compromettre les maigres efforts d’intégration sous-régionale. Pourtant, l’un des objectifs fixés par ces APE est la promotion de l’intégration régionale en Afrique.

Ainsi, alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) composée de quinze pays (dont la Côte-d’Ivoire et le Ghana), estime qu’il faut encore douze à dix-huit mois avant de signer les APE, la Côte-d’Ivoire (suivie par le Ghana) s’est empressée de signer en solo un APE intérimaire le 7 décembre dernier en arguant qu’en absence dudit accord elle perdrait 200 milliards de francs CFA et qu’avec cet accord la perte sera de 2 milliards.

Au-delà de la virulence du débat sur ces APE, il faudrait voir comment préserver au mieux les intérêts des pays africains. Il faut que des produits sensibles susceptibles d’être en concurrence avec les produits européens sur nos marchés soient protégés et exclus de ces accords. Que nos industries naissantes ne soient pas étouffées par l’inondation de nos marchés de produits européens plus compétitifs et subsidiés. Que l’initiative d’aide pour le commerce de l’OMC ne soit pas dévoyée...

Il importe que nos pays et nos organisations sous-régionales se dotent de pool d’experts (locaux et issus de la diaspora) en politiques et négociations commerciales pour que nos préoccupations légitimes soient prises en compte dans des APE complets à signer en 2008. Sinon le risque est grand que l’Afrique soit plumée encore dans ces négociations.

Komi Tsakadi

Lomé



[1] Cité par Zeus Aziadouvou, « APE, l’hypocrisie française », Liberté n° 29 du 24 décembre 2007, p. 3.


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8 réactions à cet article    


  • david753 31 décembre 2007 14:14

    APE crime odieux et raciste contre l’humanité, On demande aux africains de signer leur propre decret de mort.

    Ces accords (APE) sont néfastes pour l’Afrique et ne seront porteurs d’aucune croissance économique, d’aucun progrès comme le croient certains apprentis sorciers de la mondialisation à tout va.

    Les Ape, c’est tout simplement des échanges déséquilibrés avec les anciennes puissances coloniales européennes. C’est surtout des pertes substantielles de recettes fiscales, au moment où l’aide publique au développement s’est réduite comme une peau de chagrin. Les pertes, selon les envergures respectives des pays africains, concerneront entre 30 et 80% de recettes douanières ou budgétaires. Et il y aura certainement des pays africains qui ne trouveront d’autres parades, pour se « rattraper », qu’en opérant des coupes sombres dans des postes budgétaires aussi sensibles que le Santé, l’Education, les Infrastructures, etc., avec tous les risques de déstabilisation politique et de menaces sur la paix civile, qui peuvent en découler. Car, les Ape vont négativement impacter la capacité d’investissement interne des Etats.

    Comme l’a dit le president senegalais Wade : « L’Europe est en train de perdre des positions en Afrique. C’est cela son problème. C’est pourquoi elle cherche à nous sacrifier ». Qualifiant la compétition que se livrent la Chine et l’Union européenne en Afrique de « bataille de géants », il a estimé que ce duel, à certains égards, doit se mener ailleurs « pas en Afrique ».

    Non à l’APE jusqu’a la mort, on va signer notre decret de mort


    • HELIOS HELIOS 31 décembre 2007 14:42

      Un accord qui permet d’absorber immédiatement des productions hors douanes de pays pauvres et qui en contrepartie demande une réciprocité a terme de 15 a 25 ans n’est pas si déséquilibré que ça.

      Ce qui est déséquilibré ce sont les sociétés prédatrices, issues de la mouvance financière internationale qui viennent sucer tout ce qui est possible dans ces pays.

      Prenons des exemples, comme les sociétés télécoms, les exploiteurs de matières premières, les « services » internationaux etc qui se font payer au prix fort qu’il faut éliminer en même temps que les « roi-nègres » et leurs comptes en banques dans tous les paradis fiscaux.


      • manusan 3 janvier 2008 22:25

        Hélios, je vous rassure tout de suite, les sociétés télécom comme Alcatel ou Ericson se barrent d’Afrique car ils ne peuvent pas lutter contre les bas prix du chinois Huawei, qui propose les même copies de produit (bas de gamme) sauf étiquettes. Seul problème pour les africains, ces compagnies employaient beaucoup de locaux, huawei ne fait bosser que des chinois importés. Résultat, les compagnies européennes qui ne faisaient pas de bénef en Afrique mais maintenait l’activité en cas de développement se barrent au profit de compagnies ultra-sauvages, et priviligie le high-tech pour plus de marges (satellites, cables sous-marin, IP ...).

        Si certaines boites européenne étaient criticables, je suis pas certain que les africains gagnent au change avec les asiatiques, la culpabilité colonialiste, ils verront ça dans 300 ans.

        En attendant les salariés africains n’ont pas trop le sourire à voir des colons faire leur ancien boulot.


      • moebius 31 décembre 2007 23:44

        bone année


        • Crapulox 1er janvier 2008 20:09

          @ l’auteur,ofoin (excuser l’ortographe)
          - Je n’interviendrai pas sur ton (tu, au sens Africain) sujet.
          - Lorsqu’il s’agit de l’Afrique et aux atteintes qu’on lui porte, je préfère ne pas m’engager.
          - Su tu passes devant le Sarakawa ou La Paix et d’autres endroits encore, merci d’avoir une pensée pour moi.
          - A travers toi, c’est au continent africain que j’adresse mes voeux.
          - Tous les ânes du pouvoir devraient faire un petit stage en brousse.
          - Mais ils sont irrécupérables, même là, ils n’apprendraient pas la sagesse.


          • ernst 2 janvier 2008 02:28

            La barbe avec l’Afrique spoliée, ravagée, martyre et colonisée. Les plus grands prédateurs sont les Africains eux-mêmes. Ils vivent sur le territoire le plus riche du monde et depuis cinquante ans que je vais en Afrique, je n’ai pas vu l’ombre d’une idée autre que la corruption. Par et à l’usage de quelques africains qui se comportent encore comme des rois nègres, vendant tout et n’importe quoi pour des commissions somptuaires.

            Bien entendu au détriment de peuples qu’ils laissent crever dans la misère, ce dont ils n’ont rien à foutre.

            Quel chef africain n’a pas son compte à L’UBS ou au Crédit Suisse à Genève ?...Ses enfants à l’École Int ou à Florimont ?...

            De toute façon, ils préfèrent la clientèle chinoise et il est trop tard pour essayer de changer le cours des choses.Les africains ne respectent que la richesse, ont une horreur viscérale de la démocratie. Cf les Tootsies, les récents évènements au Kénya, pourtant gâté par la manne touristique (organisée par les anglais...)

            Allez sauver les africains, moi je vous laisse ma place !... Vos réactions sont de purs produits d’un racisme à l’envers mal compris. issu de votre culpabilité tardive et mal placée !...Sous le prétexte que vous les prenez pour des imbéciles, ce qu’ils ne sont pas du tout, ils se moquent de vous et de vos cadeaux de petits-blancs !...dont ils profitent encore un peu avec ces accords privilégiés et voués à l’échec commercial... Ah !... les jolies commissions sur les Phosphates du Togo !... Remember, l’ami écrivain ?...On en était arrivé à la guerre civile, comme d’hab !...

            Allez, bonne année l’africain, je ne doute pas que vous trouverez encore un max de pigeons pour vos salades vernaculaires...


            • Crapulox 2 janvier 2008 13:34

              Vous êtes violent mon cher !
              - Faudrait faire preuve d’un peu de modération !
              - 5O ans que vous parcourez l’Afrique ?
              - Et bien le seul regret que j’ai en ce qui vous concerne, c’est que vous ne soyez pas à la place des deux journalistes au Niger !
              - Vous pouvez être convaincu que je ne signerai jamais la moindre pétition pour sauver votre tête !
              - Au contraire !


            • rafale f3 6 janvier 2008 17:16

              Bahh ! J’ai lu un excellent article recement sur l’afrique et la chine, les europeens sont virés de l’afrique progressivement, les chinois prennent la place, la ou il y’a 1 entreprise francaise, il y a 50 societés chinoises, et ils vont vite, très vite et ils s’installent partout, tout simplement, ils ont besoin de matière premiere.

              L’erreur qu’ils ne font pas, c’est faire de l’humanitaire, ca ils s’en foutent, ca amene que dalle, et le probleme n’est pas regle, ils font du business, du fric, point barre.

              c’est du developpement qu’a besoin l’afrique les chinois l’ont compris, ils l’appportent, ils exploitent , ils construisent les infrastructures, route, rail, aeroport, usines, des immeubles, des centres commerciaux, ils ont besoin de main d’oeuvre locale, pas pour faire plaisir, mais parce qu’ils en ont besoin pour eux meme.

              Ils ont des moyens que nous n’avons pas.

              Les occidentaux tentent du faire bricolage et des parlotes, mais il font pas le poid contre la chine, car elle fait du concret sur le terrain africain pendant ce temps la.

              Au final, les matieres premieres seront livrés directement jusqu a la chine, la chine fabriquera les produits et elle revend le tout en europe, en amerique, en asie.

              Elle gagne sur tous les tableaux. L’afrique change de proprietaire et personne ne peut s’y opposer.

              Alors, les pseudos accord de toutes sortent, vont pas peser lourd, vu la vitesse ou ca va, dans 20 ans, l’afrique aura bien change, et pas forcement en mal puisqu’elle va en profiter.

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