Inconsciente Europe !
La crise actuelle est assurément mondiale mais elle a toutefois fait plus de dégâts dans certains pays qui, loin de s’interroger quant aux raisons pour lesquelles ils ont été plus sinistrés, se réfugient derrière l’écran total et global de la crise financière. Nul enseignement n’a été tiré par ces nations vulnérables dont les dirigeants se sont fort opportunément contentés de blâmer les Etats-Unis, d’appeler au secours puis de regarder ailleurs. Ces nations faibles risquent donc de saper le fragile équilibre et la timide croissance qui réapparaissent au sein des économies les plus robustes.
Un certain nombre de pays d’Europe Centrale et de l’Est sont ainsi d’autant plus menacés que ces nations comme la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie ou l’Ukraine ont abordé la crise en 2007 avec une balance des paiements fortement déficitaire. Ces pays avaient effectivement traversé les années fastes précédentes en vivant à crédit et se complaisant à entretenir des bulles de l’immobilier et de la consommation au prix de déficits indécents.
Ils se retrouvent aujourd’hui dans une situation inextricable de fuite en avant qui ne leur laisse d’autre alternative que de renouer avec la croissance afin de résorber leur endettement qui s’est du reste considérablement aggravé à la faveur de la crise. Pour éviter la banqueroute pure et simple, ces nations - aujourd’hui au bord de l’effondrement - n’ayant pu accumuler de précieuses réserves de guerre durant la période d’expansion du début des années 2000, doivent donc impérativement réaliser l’impossible exploit de transformer leurs déficits commerciaux et budgétaires en excédents !
La totalité des économies développées se retrouve certes dans une situation plus ou moins similaire, les Etats-Unis et la Grande Bretagne subissant ainsi un déficit de leurs comptes publics de l’ordre de 6%. Pour autant, ces deux pays disposent d’un atout considérable dont ne bénéficient pas les pays Européens cités ci-dessus, à savoir leur devise propre qu’il peuvent laisser se déprécier, arme dont les Etats-Unis et la Grande Bretagne font du reste bon usage actuellement...
Les pays d’Europe Centrale et de l’Est les plus rudement affectés par la crise ont effectivement leur propre monnaie nationale soit liée à l’Euro soit impossible à dévaluer s’ils souhaitent éviter une liquéfaction économique et sociale du fait d’un endettement massif de leurs ménages et de leurs entreprises en monnaies étrangères, à l’exemple de la Hongrie et de la Roumanie ! Comme ces pays ne peuvent pas plus glaner de liquidités sur des marchés obligataires peu enclins à assumer ce type de risques, ils en sont donc réduits à vivre de la charité du FMI et de l’Union Européenne. Au demeurant, des pays de l’Union - comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal - ont également entretenus des déficits budgétaires durant la période 2000-2007 sans pour autant être en mesure de dévaluer leur devise ni imprimer de l’argent afin de renflouer leur économie, ce pouvoir étant strictement détenu par la BCE.
La Banque Centrale Européenne étant parfaitement consciente des difficultés de ces pays, elle leur garantit en conséquence force liquidités même si ces injections ne règlent que la problématique de la liquidité et pas celle - cruciale et que chaque pays doit gérer tout seul - de la solvabilité...Laquelle question est d’autant moins aisée à solutionner que ces rallonges en liquidités, loin d’assainir leurs comptes, ne font qu’aggraver les déficits de ces pays !
Pour espérer se tirer d’affaire, un pays comme l’Espagne doit dévaluer tout en priant pour une relance mondiale afin d’une part de doper ses exportations et de gagner d’autre part en compétitivité, facteur indispensable qui permettra d’attirer dans le pays des investissements frais à même d’inverser la double courbe ascendante du chômage et des déficits publics.
Dans le cadre de cette crise, la BCE a prêté 1500 milliards d’Euros aux Banques Européennes qui ont à leur tour mis ces sommes à disposition de leurs Gouvernements respectifs car des pays comme le Portugal, comme l’Irlande ou comme l’Autriche auraient sombré dans la faillite si leurs institutions financières n’avaient acquis leurs obligations d’Etat avec l’argent de la BCE ! Par la suite, les papiers valeurs de ces Etats ont été garantis par ces Banques auprès de la BCE en échange de prêts supplémentaires ayant servi à acheter encore plus de ces Bons du Trésor...
Les implications de ce recyclage malsain font froid dans le dos : Le défaut de paiement d’un seul de ces pays provoquerait des pertes massives dans la comptabilité de la BCE, pertes qui devraient fatalement être assumées par les contribuables Allemands et Français ! Dans ces conditions, comment les responsables Européens mais également nationaux tolèrent-ils une telle désorganisation ou - au mieux - une absence totale de coordination car aucun organisme Européen centralisé n’est capable de recapitaliser rapidement et systématiquement la BCE dans le cas où elle en viendrait à enregistrer des pertes qui entraveraient à coup sûr ses capacités à maintenir la stabilité du système financier et des prix ? Comment agir efficacement dans un monde où une seule faillite bancaire peut geler l’intégralité du système international et alors que vingt sept Etats doivent se concerter pour recapitaliser la BCE ?
Et pourtant certains pays comme la Bulgarie, la Hongrie mais également comme l’Espagne sont réellement au bord de l’implosion car les subsides Gouvernementales ne suffisent plus à enrayer l’aggravation irrémédiable des déficits qui aboutiront à des faillites bancaires et à une aggravation du chômage ! Et si la tempête, à présent sous contrôle aux USA, se déplaçait tout bonnement vers le continent Européen à l’horizon 2010 ou 2011 ? Avons-nous les moyens d’affronter un ouragan majeur qui viendrait de l’Est et du Sud ?
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