L’euro, notre économie et notre monnaie
La crise financière alimentée par les marchés et passée à l’économie réelle a démontré les faiblesses structurelles de nos économies européennes. Pour de nombreux politiques et chroniqueurs constatant les effets et conséquences de la crise, la monnaie unique est digne de tous les maux. D’autres esprits chagrins allant jusqu’à prôner un retour aux monnaies nationales et le recours aux dévaluations dénoncent la perte de la souveraineté économique et la rigueur meurtrière de Frankfort sur le panier de la ménagère européenne.
L’euro symbole fort de l’intégration européenne :
N’en doutons pas l’euro est l’épouvantail des détracteurs de l’intégration européenne et des partisans du repli national, c’est avant tout à ce titre que la monnaie unique est décriée comme gabegie économico-politique des autocrates de l’axe Frankfort-Bruxelles. L’euro est la concrétisation d’une politique monétaire commune.
Que dénoncent-ils ? Une perte de notre souveraineté monétaire ? Les Etats membres ont décidé de mettre une partie de leur souveraineté en commun par le biais de transferts. Que dire des souverainetés nationales isolées à l’heure de la mondialisation, alors que les nouvelles puissances économiques comme la Chine tendent à faire la pluie et le beau temps sur les marchés financiers ?
Comment justifier un retour aux monnaies nationales qui, en période de crise, engendrerait une envolée des taux d’intérêts, une explosion des endettements, le recours aux dévaluations ou encore la fuite des capitaux ?
Une coordination des politiques économiques européennes laxiste et insuffisante.
Ne tombons pas dans l’excès inverse, il y eu de graves manquements dans les premières années de la zone euro, qui ont conduit la crise à l’extrême, notamment en Grèce ou en Irlande. L’Union économique et monétaire (UEM) souffre cruellement d’insuffisances et d’un laxisme des dirigeants européens en matière de politique économique européenne. Comment penser la création d’une politique monétaire sans coordination effective des politiques économiques ? Aujourd’hui le défi à relever est à la fois politique et économique.
A travers les hésitations de l’Allemagne jouant d’arguments juridiques, nous avons vu les limites d’une gestion intergouvernementale qui a un temps amplifiée la crise. L’Union doit se doter d’un mécanisme permanent de gestion de la crise qui responsabilise les Etats et qui garantisse une gouvernance démocratique par l’intermédiaire du Parlement européen. Des initiatives telles que les euro-obligations, qui permettraient la mise en commun d’une partie de la dette, va dans le bon sens.
La gestion nationale et discrétionnaire des politiques budgétaires a amplifié la crise, une meilleure utilisation des mécanismes de surveillance est à prévoir. A cela s’ajoutent les écarts de compétitivité entre Etats que les stratégies européennes actuelles ont du mal à cibler mais aussi la compétitivité de l’Union à l’extérieur avec un manque cruel de stratégie commune lors des grandes rencontres comme celles du G20.
Les Etats membres sont actuellement face à une interrogation politique importante qui conditionnera la viabilité de l’Union européenne dans les années à venir.
Soit ils font le choix de restreindre leurs marges de manœuvre nationales pour élaborer des réponses européennes à la mesure des défis d’une économie mondialisée, ou bien de limiter l’empreinte européenne sur les politiques nationales en risquant de se soumettre sur le long terme aux choix économiques et politiques des économies émergentes.
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