Conférence sur le climat à Accra, l’urgence s’invite dans les débats
Conjointement à la semaine mondiale de l’eau, ce jeudi a débuté à Accra (Ghana) une réunion internationale de négociations sur le réchauffement climatique de la planète. Les experts font cohorte puisqu’au nombre de 1600, alors que pas moins de 150 nations sont représentées. Dernier rendez-vous avant la conférence de Poznan (Pologne) qui se tiendra en décembre, il est ici question d’urgence et l’enjeu est de fixer la ligne de conduite pour l’après Kyoto. C’est dire toute l’importance de cette conférence qui, malheureusement, à n’en pas douter, sera encore largement occultée par la période estivale et olympique.
Les travaux qui se déroulent à Accra font suite à la conférence ministérielle de Bali qui s’est tenue en décembre 2007 où chacun avait défendu ses positions fermement. Les Etats-Unis ne souhaitant aucun objectif chiffré, alors que la Chine arguait de son droit au développement, donc à rejeter des gaz à effet de serre en quantité. Ces deux positions sont le reflet des blocages qui risquent de s’imposer au monde si des efforts mutuels ne veulent être consentis. Au milieu, il y a l’Afrique, qui continue à trinquer à sa mauvaise santé, et le réchauffement climatique produit sur le continent des effets bien évidemment désastreux. Par exemple, pour ce qui concerne le pays hôte de cette conférence, 1000 km2 sont en voie de disparition du fait de la monté des eaux dans le delta de la Volta, comme le rappelle John Kufuor, président de Ghana. Ce dernier de marteler aux conférenciers que « le compte à rebours est lancé », et cela depuis déjà un temps certain alors que les accords de Kyoto sont quasiment restés stériles puisqu’aucune avancée digne de ce nom peut -être affichée par les nations.
Tout comme le manque d’assainissement de l’eau fait obstacle au développement, le réchauffement climatique rajoute aux difficultés déjà subies par les pays les plus pauvres, et le coût n’aura de cesse de s’accroître dans le temps. Pourtant, c’est dans ces pays qu’un véritable laboratoire d’avenir devrait être mis en place car il y a tout à faire, et les effets pervers de notre modèle dépendant d’une consommation toujours plus importante pourraient être évités en adoptant de nouveaux comportements basés sur une attitude responsable et réfléchie. En effet, le développement dans les pays les plus pauvres devrait se faire sur un modèle éco-responsable et dégagé de toutes les scories qui paralysent les pays riches. Dés lors, pourquoi ne pas privilégier le développement exclusif des énergies renouvelables (solaire, éolien, cogénération et autres), car même si le coût des installations reste plus élevé, à terme ce sont des gains importants qui seront générés. Le transfert de technologies non polluantes devraient s’imposer comme une nécessité, traçant un avenir qui pourrait faire contagions au reste de la planète.
De même, sur le plan éducatif, l’accent devrait être mis sur les comportements citoyens responsables afin que ces nations servent non seulement d’exemple aux pays industrialisés mais encore de véritable locomotive. Et si l’avenir se jouait là-bas, dans ces pays que nous avons tendance à enterrer par avance tant les handicaps semblent insurmontables.
En ce sens, il est capitale que ces nations accueillent aussi les instances de ce monde où les sommités tentent de s’accorder sur un minimum commun dénominateur.
Sur la même longueur d’ondes, Yvo de Boer, responsable onusien de la convention sur le changement climatique (CCNUCC) [3], de rappeler que le temps est compté, notamment au regard des maigres avancées réalisées lors des conférences précédentes de Bangkok et de Bonn, le tout sur fond de risque de récession mondiale et de crise alimentaire majeure.
Même sur les échéances à fixer aucun accord n’est actuellement validé. Alors que certains estiment indispensable de fixer une échéance à moyen terme (2020), d’autres affirment que l’horizon 2050 est plus pertinent en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES). On croit rêver, plutôt cauchemarder non ?
Ainsi, la conférence d’Accra souhaite qu’il soit envisagé (on ne peut être plus velléitaire dans cette formulation), à terme, un élargissement du nombre des pays signataires du protocole de Kyoto [4], actuellement au nombre de 37, dont l’objectif à atteindre en 2012 est la réduction de 5% des émissions des GES. Cet objectif, dont on ne sait pas encore s’il sera atteint, reste toutefois éminemment symbolique, d’autant que les géants de la pollution restent largement en dehors de cet accord. Cet ici que le bât blesse bien évidemment, et chacun le sait.
Citant la devise olympique « plus vite, plus haut, plus fort », l’organisation WWF souhaite que la communauté internationale fasse sienne cette maxime en l’appliquant notamment aux négociations internationales, mais comment ne pas constater que bien loin du compte nous demeurons.
Dés lors, et malgré l’urgence qui devrait pousser vers des avancées globales indispensables, ce sont encore les égoïsmes qui s’affrontent, les petits intérêts nationaux qui prévalent, au grand dam de notre climat qui bouillonne d’impatience. Aucun ne souhaite concéder aux autres, et personnes ne semble mesurer pourtant qu’il s’agit d’un enjeu absolument vital et global. Il n’y a pourtant qu’un sens possible, qu’une issue envisageable, et non matière à tergiverser plus longtemps. En effet, tous connaissent les conclusions des experts internationaux, et les positions à raison alarmistes du GIEC, mais aussi les réponses à apporter rapidement dans le cadre d’un changement radical de nos comportements. Pourtant on en est là, quasiment au même point, à ne pas arriver à définir un calendrier, des objectifs réalistes et primordiaux. La communauté internationale piétine, ne faisant que discuter, palabrer sans aucun résultat probant, alors que perdurent les comportements immatures.
Nous sommes donc en droit de nous demander s’il ne faudra pas attendre qu’il soit trop tard, et que la réalité ait rattrapé l’ensemble de l’humanité qui devra gérer une situation désormais chaotique où le coût en terme d’impact sur le vivant sera incommensurable ?
De toutes les façons, pour qui sonnera le glas, si ce n’est pour les générations à venir ? Alors pourquoi se donner tant de mal ? En attendant, faites vos jeux (olympiques) de la vanité, messieurs les décideurs, persistez et signez sur ce chemin plus que jamais absurde, mais, qu’on se le dise, ÇA VA CHAUFFER !
[1] Le réchauffement climatique, les conclusions du GEIC
[2] Cartographie de l’impact des activités huamines sur la planète
[3] La Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique
[4] Le protocole de Kyoto, la documentation française
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