L’empereur Barrosso est-il nu ?
Aujourd’hui, c’est le Conseil européen qui nomme le président de la Commission européenne, à la tête de l’instance qui deviendra sans doute un jour l’exécutif de l’Union européenne.
Pourtant, ce poste de première importance est toujours bien éloigné des citoyens qui ni connaissent ni le rôle de ce président qui représente l’Union européenne (UE) partout dans le monde, ni le programme politique qu’il porte, car, dans les deux cas, ils n’ont jamais eu à les valider par leur vote. Comme dans le conte d’Andersen Les Habits Neufs de l’empereur, les citoyens européens doivent croire que le président de la Commission européenne a revêtu de nouveaux habits, alors qu’il est peut-être en réalité défait de sa légitimité et de son objectif.
Dans la vie de la démocratie européenne, le moment fort c’est le temps des élections du Parlement européen ; et pourtant nous voyons que chaque année la participation diminue un peu plus. C’est un fait, les citoyens européens ne voient pas le lien entre leur vote et ce qui se passe au niveau européen. Alors que traité après traité, le Parlement européen gagne du pouvoir.
Je me demande : comment défendre l’importance de la participation aux élections du Parlement européen quand dans un même temps celui qui est le visage de l’Europe est désigné sans avoir à passer par la case électeurs ? Actuellement, un citoyen ne connaît ni le programme que le parti politique majoritaire va mettre en place, ni le visage de celui qui en aura la charge.
Il est plus que jamais nécessaire de créer un lien entre le vote et son sens politique. Pour le moment, voter aux élections européennes est davantage un vote pour le projet européen dans son ensemble qu’un choix entre différents modèles pour l’Europe. Les élections du Parlement européen étaient un succès dans les années 80, mais si le projet européen veut conserver sa légitimité et sa crédibilité auprès des citoyens, il est nécessaire d’avancer vers une vraie démocratisation de l’Union européenne. En d’autres termes, les citoyens devraient avoir le droit d’exprimer leurs opinions, pas seulement pour dire s’ils veulent plus ou moins d’Europe, mais également pour dire quelle Europe ils veulent et qui doit diriger le projet européen.
On peut pour ce faire établir un lien entre les résultats des élections du Parlement européen avec celle du président de la Commission européenne. Le Traité de Lisbonne examine déjà cette option ; le président de la Commission sera élu par le Parlement européen sur proposition du Conseil européen « en tenant compte des élections du Parlement européen ».
L’UEF et d’autres partenaires ont lancé la campagne www.quel-est-votre-candidat.eu qui demande aux partis politiques de désigner leurs candidats à la présidence de la Commission européenne. Les candidats devraient être connus avant les élections et présenter le programme de leur parti à tous les citoyens européens. La majorité du Parlement européen nouvellement élu élirait alors le nouveau président de la Commission européenne, créant un lien d’autant plus fort entre les deux institutions, et améliorant la responsabilité et la légitimité du président de la Commission.
Si le président de la Commission européenne et son programme politique sont liés aux élections du Parlement européen, nous aurions pour la première fois de l’Histoire un vrai débat européen dans les campagnes nationales. C’est d’une nécessité cruciale pour la démocratie européenne si nous voulons augmenter la participation aux élections européennes.
Sans une légitimité acquise grâce aux voix des citoyens lors des élections européennes, le président de la Commission européenne sera faible face aux autres institutions que seront le nouveau Parlement européen et le Conseil européen. De ce fait, les citoyens sont les seuls qui, avec leur vote, peuvent habiller de tissus neufs le président de la Commission.
Si nous manquons cette opportunité et laissons notre empereur déambuler à travers l’Europe et le monde nu de la légitimité du peuple, le jour où quelqu’un fera remarquer qu’il ne porte pas d’habit, il sera sans doute déjà trop tard pour la démocratie européenne.
Voir en ligne : Signez www.who-is-your-candidate.eu !
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