5200 tonnes de bombes pour quoi faire ?
Le massacre israélien s’éternise, les dirigeants hébreux étant enfermés dans leur logique toute particulière de tenter de détruire par les armes le Hamas, alors que tous les observateurs en prédisent l’inanité. Qu’on le veuille ou non, ce Hamas, dont personne ne peut voir en lui un mouvement démocratique, avait pourtant gagné des élections qui avaient été supervisées par les Etats-Unis (vous allez me dire avec le cas de Mike Connell ce n’est pas une référence !). Tenter de le réduire par les armes, c’est lui donner le rang de martyr qu’il affectionne tant. Plus on massacre, et plus on fabrique de futurs kamikazes, d’autant plus jeunes que ce sont leurs propres jeunes frères qui ont été ensevelis sous les décombres d’une école. Quelque chose cloche donc dans la réflexion des dirigeants israéliens, qui ne visent que le court terme à repousser les lanceurs de Kassam juste le temps des élections, qui devrait amener l’extrême droite au pouvoir, car tout aura été fait pour çà. On ne comprend d’autant moins que ce week-end une autre nouvelle surprenante est tombée : ce mois-ci, Israël va recevoir des stocks de munitions comme le pays n’en a jamais reçus, même pendant l’épisode de 2006 au Liban. 5 200 tonnes de bombes et d’obus ! Cette fois, le chargement à recevoir est tel qu’il nécessite de transiter par trois bâteaux, et pas des petits. Les avions de Kalitta Air ne suffisent plus... Pourquoi donc une telle arrivée de munitions ? Plusieurs pistes sont possibles, mais elles sont toutes effrayantes.
En ce qui concerne le conflit en cours, le problème est simple : Israël a-t-il oui ou non prévu à l’avance un conflit plus long, nécessitant des approvisionnements en munitions plus conséquents, et quand exactement ? Sachant qu’à Guernica on a répandu 45 tonnes de bombes, les 5 200 approvisionnées ont de quoi faire peur. Car à partir de là, on doit vite constater que ce n’est pas le Hamas qui est visé : n’importe quel observateur attentif démontre que le Hamas n’est pas le Hezbollah, au point de vue militaire, et qu’au point de vue armement il ne dispose que d’armes légères. Alors pourquoi autant de munitions, ce qui revient à dire aussi pourquoi vouloir autant bombarder des combattants isolés, sinon vouloir faire davantage de victimes dans la population civile ?? L’insistance actuelle d’une Rice ou d’un Glucksman sur le Hamas utilisant les populations civiles comme "bouclier humain" ne tient pas deux minutes à l’observation, comme le faisait si bien remarquer un de nos fidèles lecteurs. Avec un argument de bon sens : le territoire de Gaza est tellement petit que les combattants du Hamas sont nécessairement au milieu de la population : ces combattants sont comme des soldats... suisses : ils possèdent leur arme personnelle chez eux, en quelque sorte. Et leur armée, qui ne présente qu’un semblant d’organisation paramilitaire, propose fort peu de cibles en bâtiments spécifiques : pas de casernes véritables, quelques centres d’entraînement officiels. Fort peu de cibles militaires à bombarder, donc, et un tel stock de bombes ne s’impose donc pas. Idem pour les véhicules : ce sont les combattants du Hezbollajh qui ont des camions Grad équipés de roquettes : le Hamas possède des Kalachnikovs et des missiles Kassam bricolés sur place, rien d’autre.
En fait, si Israël a autant tenu à ce que son adversaire nous montre des images d’une caserne de combattants du Hamas bombardée, ce n’est pas un hasard. De prime abord, on a pu penser que cette image desservirait les intentions israëliennes de montrer pareil massacre. Pas du tout, et bien au contraire même : en montrant ces images, Israël renforçait son image de frappe sélective, respectueuse des populations civiles, selon lui et sa vision si particulière des événements. Que ce bombardement extrêmement ciblé, obtenu par coordonnées GPS ou par guidage laser (avec donc une équipe d’illuminateurs de cibles sur place !) ait été montré en premier est une INTENTION et non le fruit du hasard !! En communication israël indique ceci au monde entier : "voyez, nous faisons une "guerre propre", car nous ne touchons pas les civils !"
Le lendemain, bien évidemment des civils sont touchés. Pas grave, nous avons tout prévu dit alors israël : nous n’avons qu’à dire que le bombardement était précis, mais que devant s’était glissé un civil, maintenu de force en otage par ces ignobles individus du Hamas !!! Bref, on le voit, cette guerre qui n’est est pas une (c’est avant tout et triste à dire une opération électorale !) et c’est essentiellement une guerre de psy-ops israëliens. Israël met en place un site internet la veille du conflit pour montrer que Tsahal est à la pointe du combat : là encore, des images de bombardement ciblés et rien d’autres, avec forces ralentis, à croire que les stratèges en com’ de Tsahal ont été nourris en clips vidéos des années 80 . Tsahal, c’est évident, nous ressort le coup du père de W.Bush, celui de la fameuse "guerre propre" ou le monde étonné par les prouesses des bombardiers avait appris après le mot "dommage collatéral" en découvrant un parking où s’étaient réfugiés femmes et enfants ravagé par une bombe pénétrée par un conduit d’aération. Les murs avaient gardé les mêmes ombres qu’ à Hiroshima, les corps s’étant volatilisés.
Et s’il y a quelques bavures, continue Tsahal, elles ne sont pas graves et s’expliquent par de légères "néglicences" comme on a pu l’entendre jusqu’ici dans ce forum : 40 morts dans une école, 30 dans une maison, une famille complète de 9 personnes de décimée, un camion de bouteilles d’oxygène pris pour un transfert de missiles, etc, etc.. mais. rien qui n’équivaut en tout cas à la mort d"un seul soldat israélien, qui, à la bourse d’échange de la morbidité vaut toujours en moyenne 200 palestiniens au moins. Une comptabilité raciste depuis toujours, fondée sur la suprématie fondamentale d’une religion qui définit ses adeptes comme les seuls à être dignes d’être un jour proche de Dieu, puisque sélectionnés par lui seul. La valeur ajoutée de la religion juive, sans doute. A partir de là, rien ne peut se faire normalement : dans chaque échange de prisonniers le concept raciste reprend le dessus, et les libérés se retrouvent en état de sous-hommes face à leurs libérateurs, subissant alors une deuxième humiliation. Libérés, ils recommenceront, pour se venger de cette deuxième humiliation, ou tueront un soldat (ou plusieurs), pour montrer qu’il(s) a (ont) la même valeur humaine sur le marché de la vie et non à l’étal de la croyance.
Pour revenir à l’actualité et remonter l’écheveau de la décision d’attaquer, il convient donc de remonter aux prévisions de stocks d’armement : un militaire organisé prévoit. Et Barak n’évite pas le syndrome, ou alors ce n’est pas un bon militaire ou encore il n’a pas retenu les leçons du Liban en 2006, où les stocks avaient fait largement défaut et avaient nécessité une noria de 747 Cargos via l’Angleterre (où des pacifistes les avaient surpris : au milieu d’entre eux, les célèbres avions de Kalitta Air, dont nous avons abondamment parlé). En bon gestionnaire, il a dû prévoir à l’avance. Cette fois-ci ses soldats ont bien avec eux des bouteilles d’eau et sont munis de gilets pare-balles. Le 31 décembre, sa décision d’attaquer massivement les populations civiles de Gaza devait déjà être prise. Le même jour, l’US Navy prévoit de requérir deux cargos européens pour une commande fort spéciale, qui requiert l’envoi de 2 cargos de 168 TEU, pour le transport au total de 325 containers de munitions de 20 pieds standards... en Israël. Le volume et le poids représenté est sidérant : les deux navires requis emportent au total jusqu’à 3 250 tonnes de munitions environ, à 10 tonnes le container en moyenne. Un document précise une commande exacte de 2600 tonnes, à répartir sur deux cargos porte-containers de taille moyenne. Selon d’autres sources, un autre navire (allemand) mandaté plus tôt par le MSC serait en cours de livraison, pour 2 600 tonnes supplémentaires à lui seul, sorties au départ d’un port de Caroline du Nord, répartis en 989 containers cette fois, pour un trajet de 42 jours au départ du 15 décembre. Au total, on tournerait donc à 5 200 tonnes de munitions ! A Ashdod, il y a des photographes qui vont scruter l’arrivée d’un porte-container Maerks en tout cas (ce qui confirme bien ce que nous avons dit avec notre série sur les Cargos !! Les armes et les munitions transitent bien incognito sur les lignes commerciales !). Rappelons que les GBU anti-bunkers (pas les modèles 39 plus petits destinés au F-22 !) sont des bombes plus longues et sont mises en containers volumineux, prenant davantage de place que des bombes conventionnelles dans les containers. Selon des informations concordantes, les deux nouveaux trajets passeraient par la Grèce pour aboutir au port d’Ashdod en Israël : "The U.S. Navy’s Military Sealift Command (MSC) said the ship was to carry 325 standard 20-foot containers of what is listed as "ammunition" on two separate journeys from the Greek port of Astakos to the Israeli port of Ashdod in mid-to-late January" . Le premier parti le 15 décembre faisant la route directe, sans passer par le petit port grec cité.
Le plus étrange, c’est que cet immense apport en munitions ne correspond pas du tout à l’attaque en cours !!! Il est bien trop important ! Israël serait-il en train de faire diversion... en préparant le bombardement (aérien !) massif de l’Iran, tout en continuant l’invasion de Gaza ??? C’est un scénario étonnant, mais possible. Israël nous a déjà habitué à des coups de dé, ceci peut en être un majeur. Ou alors... c’est pire : dans un texte, la Navy s’est défendue de participer, via le biais de cet envoi, au conflit actuel, mais sans davantage rassurer : selon elle, les 2 600 tonnes de munitions sont destinées à un de ces dépôts d’armes en Israël, et non pas aux israëliens directement. C’est ce qu’elle dit en tout cas dans un communiqué assez évasif. Les américains disposent donc de dépôts d’armes en plein israël ?? Sur "leurs" bases ? Première nouvelle !! Et pourtant, oui, c’est le cas, et l’une d’entre elles a été complétée en 2005, à dix minutes à peine de l’aéroport Ben Gourion. Ç’est surtout un gigantesque dépôt, où flottait le drapeau américain en effet en 2005. A côté de la base passe la nouvelle autoroute.. menant directement à Haïfa... ou à Ashdod, le port pressenti pour recevoir le chargement ! Celui qui fait le reportage photo décrivant cette base, un israélien, fait remarquer une chose : il y a certes bien en surface des bâtiments pour stocker du matériel, mais aussi de larges et profondes entrées de bunker sous-terrains. Que nous préparait Bush à cet endroit, et qu’y fait-il envoyer dans les jours qui viennent ? Bush serait-il décidé à torpiller à ce point la prise de fonction d’Obama ou ce dernier est-il déjà complice d’une attaque annoncée et approvisionnée contre l’Iran ? Car, législativement, les USA n’ont aucune base en Israël. En 2007 on comptait 737 bases US dans le monde (! !!), mais aucune officiellement en israël... (Israël est souvent pris pour le porte-avions des USA me diront certains !). Les 2600 tonnes contiennent-elles les fameuses bombes anti-bunkers commandées en septembre dernier ??? Bush, dans un dernier baroud, va-t-il ouvrir les corridors aériens irakiens vers l’Iran ? Obama, obligatoirement, le sait déjà. Son long silence aussi s’expliquerait : une fois l’attaque lancée, il pourrait toujours en rendre responsable son prédécesseur, tout en ayant été tenu au courant depuis le début par ses proches conseillers.. à la double nationalité, ne l’oublions pas !!!
Un second contrat donc, accepté aux environs du 8 janvier par les américains (et leur congrès !), Les bateaux réquisitionnés par le 597th Transportation Group devaient partir vers la Grèce du port de Sunny Point (Caroline du Nord). pour arriver ensuite au plus vite... pendant le conflit, déjà déclenché. De cette petite annonce il ressort deux choses. En un, le fait que le fournisseur d’armes, qui sait très bien ce qu’il y a dans les containers, était au courant des objectifs : bombarder des porteurs de kalachnikovs à l’obus de 155, cela paraît surréaliste. Est surréaliste aussi l’envoi d’obus interdits par convention contre les civils. Si les containers ont été remplis de bombes GBU-39, on sait très bien quel est l’objectif visé, et là ce n’est ni le Hamas, ni le Liban Sud, ni le Hezbollah... En deux, que l’Europe n’a pas été assez vigilante : cette commande était connue des armées européennes, dont pas une, et notamment la Grèce, n’a bronché. Israël n’ayant pas reçu depuis d’autres lot d’armes depuis la crise du Liban de 2006 et celles fournies contre le Hezbollah, tout le monde savait à l’avance que l’objectif serait Gaza : les obus de 155 font rarement en l’air le trajet jusqu’à Téhéran. En résumé, la France, pour ne pas la citer, savait pertinemment qu’Israël allait recevoir sur son territoire des armes destinées ni au Hezbollah, ni au Sud-Liban, et peut être contre l’Iran dès le 31 décembre dernier. Ou alors c’est à désespérer d’avoir des services secrets efficaces ! Qu’ont fait les services de Bernard Kouchner pour alerter le pays sur cet important mouvement d’armes dans cette partie du monde toujours prête à s’embraser ? Rien, semble-t-il. Le silence radio embarrassant des USA s’expliquerait aussi dans ce cas : l’envoi d’armes équivaut à un blanc-seing donné aux dirigeants israéliens, qui utiliseraient les facilités du dépôt d’armes US, Washington surveillant de près comme tout Etat les transferts d’armes et de munitions.
Au total donc, Israël, avant la fin du mois, va hériter de 5 200 tonnes de munitions diverses sur son territoire. Pour en faire quoi ?
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