Le conflit israélo-palestinien ou le droit à une patrie
Le Moyen-Orient et plus particulièrement cette région située entre la Méditerranée et le Jourdan a, de tout temps, été dans l’Histoire, le théâtre d’invasions successives, de bouleversements et de conflits entre les peuples.
Assyriens, Babyloniens, Cananéens, Philistins, Moabites, rois et princes juifs, pharaons, croisés, Arabes et Ottomans, pour ne citer que ceux-là, se sont succédé pour l’occupation de cette terre aux destinées bien singulières. Une terre riche en événements historiques, que Dieu a choisie pour se manifester par l’avènement de la presque totalité de ses messies.
Si le passage en ces contrées et leur occupation par plusieurs peuplades ont été momentanées et sporadiques dans le temps, le séjour des juifs et des Arabes dans cette région est, par contre, beaucoup plus stable et plus régulier. Ils sont attachés à cette terre communément appelée la Palestine (Philistins dans l’Antiquité, Palestina pour les Romains, Filistin pour les Arabes) qu’ils considèrent, à juste titre, comme étant la leur, et à laquelle ils sont liés par beaucoup de symboles et de choses sacrées. Pendant des siècles, juifs et musulmans ont vécu et cohabité en ces lieux sans trop de problèmes. Mais il est arrivé un moment où le besoin d’avoir une patrie propre est né chez un peuple juif, persécuté dans certains pays et malmené dans d’autres.
Un premier congrès sioniste tenu, à Bâle en 1897 sous l’égide de Théodor Herzl exprima le vœu « d’obtenir pour le peuple juif en Palestine, un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement »
En avril 1917, le secrétaire au Foreign office, lord Arthur James Balfour fit la fameuse déclaration qui porte son nom et selon laquelle « le gouvernement de Sa Majesté « envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif », etc.
Cette décision britannique avait bien entendu soulevé un tollé de protestations dans le monde arabe. Pendant ce temps, tout un mouvement de populations juives prirent le chemin de la Palestine pour s’y installer, ce qui n’a pas manqué de créer un certain nombre de heurts avec les habitants arabes. Les années 20, 30 et 40 ont connu plusieurs émeutes et notamment en 1920/21 et 1936.
Selon l’historien Tom Segev, « il y avait, sous le mandat britannique de l’époque, deux communautés qui s’affrontaient par les armes ».
LE PARTAGE DE LA PALESTINE ENTRE ARABES ET JUIFS
La Seconde Guerre mondiale a été un facteur déterminant dans le destin d’Israël et la création de son Etat. Le génocide subi par six millions de juifs innocents, victimes de la sauvagerie nazie, a fini par convaincre et déterminer même les juifs qui étaient confortablement intégrés dans les pays où ils vivaient, à souhaiter la création d’un Etat qui leur soit propre, et beaucoup d’entre eux, prirent déjà la décision d’y immigrer.
Sur le plan international, l’holocauste a également pesé lourd sur la conscience mondiale et justifié en grande partie, l’appel à la naissance d’une patrie pour les juifs. Et c’est ainsi que le 29 novembre 1947 l’assemblée générale des Nations unies adopta à la majorité des 2/3 la résolution 181 créant :
- un Etat juif ;
- un Etat arabe ;
- et un régime de tutelle internationale pour Jérusalem et les Lieux Saints.
UN SEUL ETAT VIT LE JOUR : ISRAEL
Le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël est né. Le texte de la déclaration d’indépendance dit notamment : « En vertu du droit naturel et historique du peuple juif, et de la résolution des Nations unies, nous proclamons, par le présent acte, la création de l’Etat juif de Palestine qui prendra le nom d’Israël ».
Cette déclaration, comme on peut le constater, parle de la création d’un Etat juif de Palestine. Cela veut dire qu’il y a un autre Etat en Palestine, celui de l’Etat arabe, ce qui est d’ailleurs prévu par le partage de l’ONU.
Ce rendez-vous historique avec la paix dans la région a été manqué. Les Arabes n’avaient pas, tous, le même point de vue sur la question. Pour les Palestiniens autochtones, les juifs leur ont pris leur terre, avec la complicité des Nations unies. Pour les pays arabes voisins, la naissance d’un nouveau pays arabe à leurs frontières n’était pas le bienvenu ni souhaitable. Aussi les réactions, après la déclaration israélienne de l’indépendance, n’avaient-elles pas les mêmes sons de cloches ou du moins les mêmes résonances.
Certes, des combats ont opposé Israéliens et Palestiniens, puis Israéliens et Arabes, mais ces derniers n’étaient pas aussi motivés et aussi organisés que les juifs, d’où les victoires successives des Israéliens qui sont arrivés non seulement à repousser toutes les attaques des Arabes, mais aussi et surtout à en tirer profit.
Des contacts secrets et des tractations avaient eu lieu, en effet selon certains historiens (documents de l’association France Palestine solidarité) entre Golda Meir et le roi Abdullah de Jordanie, qui ont abouti dit-on, à un accord tacite octroyant :
- à Israël, un certain nombre de territoires, destinés primitivement aux Palestiniens arabes ;
- au Royaume jordanien, la Cisjordanie ;
- et à l’Egypte, une tutelle sur Gaza.
Il en est résulté, selon les mêmes sources, l’expulsion et l’exode d’un très grand nombre de Palestiniens.
L’AMPLIFICATION DES HOSTILITES
Entre Arabes et Israéliens
Ce fut là, la grande erreur de tout le monde, celle des Palestiniens qui n’ont pas su profiter de l’occasion d’un partage effectué sous l’égide des Nations unies qui leur donnait un Etat officiellement reconnu par la communauté internationale, et l’erreur aussi d’Israël qui a cru bien faire de profiter du désordre et de l’indécision des Palestiniens, ainsi que du flottement des pays arabes, pour agrandir son territoire.
Il n’y a pas de questions plus délicates que celles qui ont trait à la terre ou celles ayant une coloration religieuse. Le conflit israélo-palestinien revêt malheureusement ces deux caractères à la fois, d’où l’hostilité et la haine viscérale exprimées par l’une et l’autre partie en conflit et, partant, toute la complexité du problème et les difficultés de le résoudre.
Ceux qui ont cru qu’il était facile de jeter les juifs à la mer, comme ceux qui pensent qu’on peut se débarrasser aisément des Palestiniens, se trompent lourdement. Juifs et Palestiniens ne sont pas des envahisseurs. Leurs origines sont enracinées en ces lieux. Cette terre leur appartient ; leurs ancêtres y ont vécu des siècles et des siècles. Chaque lopin de terre ou vieux monument constituent pour eux, des patrimoines historiques et des symboles sacrés.
On dit que le temps arrange souvent les choses et diminue de l’intensité des antagonismes. Or, pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, le temps n’a fait qu’aggraver la situation, envenimer les esprits et donner au problème plus de dimension encore. En plus des ambitions de chacune des deux parties, plusieurs autres causes sont à l’origine de la durée de ce conflit.
DE L’EXTREMISME DE GAUCHE A L’EXTREMISME RELIGIEUX
L’animosité et la course que se livraient les grandes puissances pour la domination du monde et les intrigues de la guerre froide entre le clan soviétique et le clan occidental ont eu également leur effet sur le conflit qui ne s’est plus limité à un problème entre juifs et Palestiniens, mais s’est étendu pour devenir un conflit du Moyen-Orient, entre juifs et Arabes.
Un certain nombre de pays acquis à l’URSS dont l’Egypte de Nasser, la Libye, la Syrie, le Yémen, l’Algérie de Boumediene ont constitué un bloc de pays, appuyant l’OLP, créé en 1964. Les armées de tous ces pays étaient prêtes à envahir Israël. Et ce fut la guerre de 1967 de laquelle Israël sortit vainqueur, annexant du coup la Cisjordanie avec la partie Est de Jérusalem et le siège de la Mosquée d’Al Qods, ainsi que la bande de Gaza, démontrant ainsi aux Arabes que désormais il fallait compter avec Israël, et que la solution du conflit ne pouvait pas s’arracher par la force.
Avec la chute et l’effritement de la grande URSS, la stratégie allait encore changer, et d’autres forces vont entrer en jeu : ce sont les organisations religieuses, souvent intégristes pour lesquelles la guerre contre Israël est une guerre sainte.
Le problème ne concerne donc plus uniquement les Arabes, mais l’ensemble de la communauté islamique, préoccupée en premier lieu, par le cas de la mosquée d’Al Qods.
Les organisations islamiques, aujourd’hui très nombreuses, fixent actuellement comme premier objectif de leur lutte la libération du monde musulman de l’emprise de l’Occident dont Israël, avancent-ils, n’est qu’un avant-poste au Moyen-Orient.
CONCLUSION
Ce n’est là qu’un bref aperçu des étapes par lesquelles est passé le conflit israélo-arabe. Faire état de tous les détails des événements reviendrait à écrire des dizaines de tomes.
Nous nous sommes contentés dans cet article de rappeler uniquement quelques dates et faits importants. La première constatation qui s’impose à nous tous est que l’utilisation de la force n’est pas la bonne solution.
Israéliens et Palestiniens sont condamnés à vivre, côte à côte, dans une région qui leur appartient à eux tous. Cette guerre « fraternelle » a fait trop de victimes. Il n’y a pas une seule famille israélienne ou palestinienne qui n’a pas perdu un ou plusieurs membres des leurs.
Israéliens et Palestiniens ont tous le droit d’exister et le droit d’avoir une patrie.
Ce conflit a assez duré. Que tous ceux, Arabes ou juifs, qui soufflent sur le feu, sachent qu’ils commettent des crimes et qu’ils sont en train d’encourager deux peuples frères à s’entretuer et à s’exterminer.
Juifs et Palestiniens sont parmi les peuples les plus intelligents et les plus entreprenants de la planète. En enterrant leurs différents, ils pourront constituer à l’avenir, pour tout le Moyen-Orient, le meilleur modèle de démocratie et de développement.
Les musulmans intégristes et les juifs orthodoxes ont le devoir de laisser des gens plus pacifiques faire la paix, une fois pour toutes. Toutes ces organisations extrémistes, tels le Hamas, le Jihad, le Hisbollah et les partis orthodoxes juifs, ne doivent leur existence et leur survie qu’à la persistance de ce malheureux conflit.
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