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Accueil du site > Actualités > International > Le nouveau Parlement suisse en deux dimensions

Le nouveau Parlement suisse en deux dimensions

Le désormais fameux site smartvote.ch présentait le profil des candidats au Conseil national sur un plan défini par deux axes : le traditionnel « gauche/droite » auquel on ajoute verticalement un axe « libéral/conservateur » (voir « Politique à deux dimensions »).

smartvote.ch permet maintenant de visualiser les résultats de l’élection dans cette représentation, et de se livrer à une petite analyse du positionnement politico-marketing des partis, et de l’UDC en particulier

Le désormais fameux site smartvote.ch présentait le profil des candidats au Conseil national sur un plan défini par deux axes : le traditionnel "gauche/droite" auquel on ajoute verticalement un axe "libéral/conservateur" (voir "Politique à deux dimensions").

smartvote.ch permet maintenant de visualiser les résultats de l’élection dans cette représentation (1), et de se livrer à une petite analyse du positionnement politico-marketing des partis, et de l’UDC en particulier.

suisse.png

* PRD * PSS * PDC * UDC * Les Verts * PLS * PEV

Analyse de cette carte :

  1. L’axe "libéral/conservateur" devrait être rebaptisé "progressiste/conservateur", car "libéral" est associé à des idées de droite, alors que la gauche + verts est située à la même hauteur que le Parti radical par exemple.
  2. D’ailleurs, selon cette carte, les élus du Parti libéral ne sont pas plus libéraux que les radicaux, et même pas plus que les socialistes ou écologistes...
  3. La "polarisation" entre socialistes + verts et UDC est manifeste. Ces deux groupes forment des blocs bien compacts aussi opposés sur l’axe gauche/droite que sur l’axe progressiste/conservateur. Comparativement, le PRD et le PDC sont bien dispersés...
  4. Contrairement à ce que prétend la presse, on ne voit pas de fracture entre des ailes "gauche caviar" et "travailleurs syndiqués" au PSS. Par contre la superposition avec le positionnement des verts est spectaculaire.
  5. Pas de doute, l’UDC est bien à droite. Mais ce qui la distingue encore plus clairement des autres partis, c’est son aspect conservateur  : l’UDC est le seul parti nettement positionné sous l’axe horizontal.

A mon avis, la progression de l’UDC est le résultat d’un positionnement marketing soigné, basé sur quelques constatations-clés :

  1. La population suisse vieillit, les vieux votent plus que les jeunes, et les vieux sont plus conservateurs que les jeunes.
  2. Le PDC, traditionnel défenseur des valeurs traditionnelles, s’est rajeuni et est devenu progressiste (2).
  3. Le PRD est en train de faire la même erreur... (3)
  4. Même la gauche n’a plus d’aile conservatrice. Si on est un "vieux communiste", on a le choix entre voter "socialiste progressiste" ou "conservateur populiste, hélas de droite"...

Christoph Blocher a donc habilement positionné l’UDC pour récupérer les voix de ceux qui ont peur. Peur des jeunes, des étrangers, de l’avenir, de l’Europe, peu importe de quoi on a peur, seul l’UDC rassure les conservateurs. Tant que les autres partis ne partiront pas à la reconquête de leur électorat âgé, l’UDC progressera.

A noter que l’UDC a deux excellentes raisons d’être xénophobe : le conservatisme, et le fait que les étrangers sont... jeunes !

Notes :

  1. Comme smartvote ne fournit que des résultats par canton, j’ai réalisé la carte ci-dessus en superposant les 26 images. Veuillez créer un lien vers l’article original si vous l’utilisez. (Merci !)
  2. Preuve du point 4.1 : la jeune PDC Ruth Metzler (reviens Ruth !) s’est fait virer du Conseil fédéral par Blocher, avec l’aide active des conservateurs PDC et passive du conservateur Deiss...
  3. Heureusement, le PRD a deux conseillers fédéraux âgés, donc conservateurs, donc acceptables par l’UDC. Attention à ne pas élire un jeune loup pour succéder à Couchepin...

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13 réactions à cet article    


  • Tomlyon 2 novembre 2007 11:35

    pour le prochain axe d’étude il faudra passer à une représentation en 3D, on va bien se marrer ;)


    • Dr. Goulu Dr. Goulu 2 novembre 2007 18:14

      oui, il suffit de définir une 3ème dimension plus ou moins « orthogonale » aux 2, qui ne sont d’ailleurs probablement pas totalement indépendantes...

      Comme j’aime bien la 3D, je pense que le temps comme 3èeme dimension serait intéressant, mais il faut attendre un siècle de mesures ...


    • biztoback 2 novembre 2007 15:07

      Tres interessant ces graphiques, a quand pour la France ?


      • Dr. Goulu Dr. Goulu 2 novembre 2007 18:34

        quand il y aura smartvote.fr ... smiley


      • Dr. Goulu Dr. Goulu 2 novembre 2007 18:26

        Oui, la carte représente évidemment sur la position affichée des candidats élus, et non celle d’éventuels tireurs de ficelles. Cela dit, les mots d’ordre partisans peuvent être interprétés comme le résultat du positionnement marketing du parti. Quand vous vous exprimez sur votre employeur aussi vous devez faire attention à ce que vous dites ...

        Le point que vous soulevez concernant smartvote.ch est en partie abordé dans l’article « Politique en 2 dimensions » cité au début de celui-ci. En bref, la question est de savoir s’il faut voter pour les candidats avec lesquels on a le plus de réponses en commun ou avec ceux dont le positionnement politique est le plus proche sur ce plan. Car ce ne sont pas les mêmes...


      • etonne 2 novembre 2007 15:36

        @l’auteur tout a fait d’accord avec Parpaillot.

        ...D’autant qu’il existe des méthodes éprouvées qui permettent de faire des cartes analogues sans pondérations à priori. L’analyse des données textuelles (exemple : analyse factorielle des correspondance, latent semantic analysis, latent semantic indexing....) part des données brutes provenant, par exemple, des professions de foi des candidats. Ces méthodes sont basées sur le comptage d’apparition simultanée de mots dans des unités de textes (phrase, alinéa...). Ces comptages sont transformés en distances qui permettent de construire des cartes de proximité entre les mots et les locuteurs.

        la méthode utilisée par les auteurs de l’étude est en fait dangereuse car elle permet effectivement toutes les manipulations.

        cordialement


        • Dr. Goulu Dr. Goulu 2 novembre 2007 18:33

          merci de ces indications. Auriez-vous quelques références (web...) sur ces méthodes ? Le résultat des études que vous mentionnez est-il compréhensible par un électeur moyen ?

          Dans cet article, c’est surtout le « positionnement marketing » des partis qui m’intéressait, car il me semble que l’axe gauche/droite est devenu largement insuffisant pour comprendre un phénomène comme la progression de l’UDC.

          Les considérations sur la valeur des « recommandations » de smartvote se trouvent plutôt dans l’article « politique à deux dimensions » cité qui se trouve sur mon blog.


        • etonne 3 novembre 2007 10:40

          Sur le site ci dessous, allez parcourir les actes des JADT (journées d’analyse des données textuelles). Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la politique. Pour plus d’info vous pouvez me contacter par mail.

          http://www.cavi.univ-paris3.fr/lexicometrica/index.htm


        • ernst 4 novembre 2007 00:58

          À quoi servent donc ces diagrammes, positionnements et autres stratégies équatoriales dans un vote populaire ?...

          Le votant n(est il pas censé, avant tout, voter en fonction des réponses qu’il obtient des différents candidats aux questions qu’il se pose ?...

          En ce qui me concerne, c’est ma méthode et il y a beau temps que j’ai quitté les clivages droite gauche ou en bas en haut !...Je vote en fonction de mon avis personnel et la disparition des affiliations automatiques ou héréditaires à la droite ou à la gauche ne me fait aucune peine. Car je reste persuadé que cette votation est la juste représentation des idées du peuple. Et que c’est cela et rien d’autre, que la vraie Démocratie que je souhaite à tous les peuples du monde. Même si le résultat ne me convient pas. même si j’ai du mal aujourd’hui, à me considérer dans la couette douillette et rassurante d’une droite ou d’une gauche qui, de toute façon, est archaïque en regard de la labilité du vote populaire ?...


          • Dr. Goulu Dr. Goulu 4 novembre 2007 16:33

            vous dites : « Le votant n(est il pas censé, avant tout, voter en fonction des réponses qu’il obtient des différents candidats aux questions qu’il se pose ? »

            C’est une excellente question.

            A priori je dirai oui dans une République, où on ne vous demande votre avis qu’au moment des élections. Dans une Démocratie (rappel : = pouvoir au peuple), le droit de référendum permet au peuple de désavouer ses élus, et on pourrait donc plutôt avoir tendance à voter pour des idées relativement abstraites du type « gauche/droite » ou « conservateur/progressiste », d’autant que la plupart des questions politiques du moment se projettent quand même bien souvent sur ces axes.

            L’article « politique à deux dimensions » cité au début de cet article creuse un peu cette question et arrive à une conclusion intéressante par rapport à votre commentaire : les candidats à une élection avec lesquels on partage le plus d’avis communs ne sont pas forcément ceux desquels on est le plus proche sur une carte à 2 dimensions.

            Il faudrait en effet une carte à N dimensions ou N est le nombre de questions posées pour voir une image globale de l’opinion politique. Notre difficulté à visualiser plus de 3 dimensions nous force à utiliser la projection, avec tous les dangers que cela comporte.


          • passe-moi les jumelles 4 novembre 2007 23:00

            Le fait d’avoir placé libéral en haut plutot qu’en bas, trahit à mon avis les préférences de l’auteur du graphique ; reste à savoir s’il est droitier ou gaucher ...

             smiley

            Pour le reste, j’ai du mal à concevoir que les habitants d’un si joli pays puissent, sinon s’intéresser à la politique, du moins ne pas être tous écolos.


            • japarthur 5 novembre 2007 11:39

              La carte est intéressante, malgré les limites inhérentes à ce genre d’exercice.

              Par rapport à l’auteur, je suis surtout impressionné par la très grande dispersion du PDC, dont certains candidats « fricotent » avec le PS/Les Verts et d’autres avec l’UDC. Ses candidats sont répartis dans les 4 quadrants et le centre de gravité ne doit pas être loin de l’origine (0, 0).

              Le même phénomène est visible pour le parti radical, mais dans une moindre mesure et avec un centre de gravité un peu plus à droite et « libéral » (je suis d’accord avec l’auteur sur le choix de « progressiste »).

              Reste à savoir si la compacité ou son absence est positif. Elle semble avoir souri aux Verts, mais pas au PS, alors que ces partis occupent un positionnement proche.

              A ce propos, je me demande s’il n’y a pas un effet lié au fait que la « gauche » représente environ 1/3 des voix. Cela induirait un tassement à gauche et un étalement à droite.

              Par ailleurs, le rôle central que l’auteur fait jouer à l’âge mérite d’être approfondi.


              • Dr. Goulu Dr. Goulu 5 novembre 2007 15:53

                Ma réflexion sur l’âge des électeurs n’est qu’embryonnaire par manque de données (que je recherche...). Elle résulte d’un postulat entendu lors d’une conférence de marketing. L’auteur prétendait que les valeurs fondamentales des plus de 50 ans sont toujours les traditionnelles « Travail Famille Patrie » alors que les valeurs des jeunes consommateurs sont essentiellement « Form Fit Fun ».

                Les conséquences politiques du vieillissement de la population sont abordées dans un document de 1996 accessible en cliquant sur le pseudo « Dr. Goulu » de ce commentaire.

                Extrait :" A partir de l’an 2010, plus de la moitié des votants auront plus de 50 ans, ce qui se répercutera sur le comportement des Suisses lors des votations. Deux thèmes sont particulièrement sensibles à l’âge des votants : les rapports de la Suisse avec l’étranger et la sécurité intérieure. En ce qui concerne le premier thème, les personnes d’un certain âge sont favorables à une coopération purement économique. La distinction entre le politique et l’économique pour la participation de la Suisse à la vie internationale perd de son importance pour les jeunes générations. Celles-ci sont aussi plus favorables aux revendications égalitaires en faveur des étrangers. Dans le domaine de la sécurité intérieure, les valeurs des différentes générations sont opposées. Plus une personne est âgée, plus elle est favorable aux appels à l’ordre public et au calme, ce qui pourrait être dû au fait que le besoin de sécurité croît avec l’âge. "

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