Perspective historique et géopolitique des attentats du 11 septembre
Le 1er juillet 1991, jour de la dissolution du pacte de Varsovie, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) aurait dû perdre toute légitimité. Le pacte de Varsovie constituait en effet l’alliance militaire (conclue en 1955) qui liait la plupart des États membres de l’Empire Soviétique. C’est en lui faisant face que l’OTAN, qui s’était constituée quelques années plus tôt, trouva une légitimité dans les opinions occidentales et prit de l’ampleur. Si l’OTAN n’a pas disparu avec le pacte de Varsovie, c’est que sa fonction avouée, qui était de faire face au danger militaire soviétique, a été supplantée par sa fonction inavouée, qui était de réserver l'accès de l'essentiel des ressources naturelles de la planète aux États-Unis d'Amérique.
Loin d’avoir disparu, l’OTAN est aujourd’hui devenue la plus grande armée coloniale de tous les temps. Elle assure le militarisation mondiale des corridors pétroliers dont les fleuves d’or noir alimentent avant tout la consommation états-unienne lien. Et l’OTAN ne sert plus qu’à cela. Cette gigantesque organisation militaire est indispensable au pillage du pétrole dans les pays pauvres, dont la population, hormis une caste au pouvoir, est privée de tout. Les régimes politiques totalitaires de ces pays pillés arrangent évidemment les affaires des pays prédateurs. De cette façon, ils n'ont à soudoyer que la caste dirigeante pour exporter les hydrocarbures et autres richesses minières quasiment sans les payer. Ils font donc tout pour interdire aux populations des pays pillés d'accéder à la démocratie. Le procédé est archi-classique est n'est pas seulement employé par les États-Unis, mais également par la France dans les pays qu'elle pille, elle aussi, en Afrique lien.
Pourquoi l'OTAN n’a-t-elle pas disparu avec le pacte de Varsovie ?
Il était, déjà au temps de l’Union Soviétique, difficile de faire admettre brutalement aux opinions occidentales que cette gigantesque alliance militaire ne servait qu’à protéger de la concurrence soviétique le pillage des ressources naturelles. Il fallait présenter les choses autrement aux opinions publiques. Chacun sait que la solution adoptée fut alors d’effrayer les consciences en diabolisant le communisme afin de créer l’image d’un monstre contre lequel il était indispensable d’unir les forces démocratiques.
La diabolisation du communisme reposait sur l’idée fallacieuse que le totalitarisme régnant dans les pays communistes était directement issu de l’idéologie de Karl Marx. Or peu de personnes ont compris qu’en réalité l’origine de ce totalitarisme se trouve dans le niveau culturel des pays ayant adopté un régime politique communiste. Emmanuel Todd montra mieux que quiconque, dans deux de ses livres fondamentaux et malheureusement méconnus, La diversité du monde et l’Enfance du monde, que la démocratisation des institutions politiques d’un État est un processus historique fort lent et lié à un unique facteur, le niveau d’alphabétisation et l’ancienneté de cette alphabétisation. Or il se trouve que, par un caprice de l’histoire, les pays dans lesquels ce niveau d’alphabétisation s’est élevé le plus précocement étaient chrétiens et capitalistes. Et ces chrétiens capitalistes ont attribué à tort leur accès précoce à la démocratie à leur christianisme et à leur capitalisme.
Alors qu’en réalité leur accès précoce à la démocratie résultait de plusieurs autres facteurs, le principal étant leur degré de patriarcat plus faible que dans le reste du monde, ce qui permit la précocité de leur essor économique. Ce degré de patriarcat européen, comparativement faible par rapport au reste du monde, lié aux structures familiales locales et aucunement au christianisme ni au capitalisme, permit aux femmes, qui élevaient les enfants, d’être elles-mêmes un peu moins considérées qu’ailleurs comme des objets ou comme des enfants, et d’avoir donc un accès, même modéré, à la culture. Ce qui leur permit d’élever des enfants un peu moins incultes qu’ailleurs et conduisit aux progrès techniques qui permirent la révolution industrielle et l’essor économique. Et c’est cet essor économique qui leur donna les moyens d’une alphabétisation de masse, qui elle-même conduisit au lent processus de démocratisation.
Lors de l’accès des grand pays européens à l’alphabétisation de masse, les régimes totalitaires régnaient sur le monde entier, à l'exception des sociétés sans état. C'est l’Europe qui sortit la première du totalitarisme (les États-Unis adoptèrent leur constitution dès 1787, mais ils étaient à cette époque encore esclavagistes et le génocide amérindien était encore en cours).
Si l’OTAN choisit plus tard de diaboliser l’idéologie marxiste en l’accusant de favoriser le totalitarisme, c’était donc parfaitement fallacieux car ce même totalitarisme régnait également partout ailleurs, y compris dans les régimes sud-américains soutenus par la CIA et l’OTAN, et à la seule exception des pays ayant eu le plus précocement accès à l’alphabétisation de masse deux siècles plus tôt.
Tout cela, malheureusement, peu de personnes en ont vraiment conscience. L’Occident préfère attribuer l’avènement de sa démocratie et sa sortie de l’obscurantisme religieux à son christianisme et à son capitalisme, plutôt qu’à ses structures familiales favorisant peu le patriarcat, et dont il n’a même pas conscience. Le totalitarisme et l’obscurantisme religieux dans le monde chrétien étaient pourtant les mêmes, et avec les mêmes excès, quand l’alphabétisation de masse y était aussi récente que dans le monde musulman aujourd’hui. L’inquisition espagnole, qui brûlait les femmes (accusées de sorcellerie) sur les places publiques, n’a pris fin qu’en 1834. La France mit 90 ans, après sa révolution démocratique de 1789, à instaurer la troisième République (de 1870 à 1940), et à mettre fin au règne despotique des Napoléon. Il est probable que l’Iran, après sa révolution démocratique de 1979, mettra moins de temps que la France pour arriver au même résultat. Et la Russie, après sa révolution démocratique de 1917, a déjà mis moins longtemps que la France pour y parvenir. Emmanuel Todd montre que les révolutions démocratiques surviennent invariablement lorsque le taux d’alphabétisation de la population masculine de moins de 25 ans atteint 75% (à la génération suivante c’est le taux d’alphabétisation féminine qui atteint 75% chez les moins de 25 ans et c’est à un contrôle des naissances que l’on assiste alors). L’Islam et le marxisme n’ont donc rien à voir avec l'obscurantisme religieux ou le totalitarisme. Affirmer le contraire ne relève que de l'ignorance, ou d'une propagande néo-coloniale qui fonctionne à merveille. Le seul facteur de démocratie, c’est le niveau culturel.
L'invention de l'islamophobie
Il est facile de comprendre, sachant cela, comment la diabolisation du communisme a pu se muer, pour les besoins de la cause néo-coloniale de l’OTAN, en diabolisation de l’Islam, lorsque les réserves de pétrolière encore exploitables à bas prix, raréfiées dans le reste du monde, n’ont plus subsisté en quantités vraiment importantes qu'en Russie et dans le monde Musulman. En effet, l’accès à l’alphabétisation de masse n’a été rendu possible au Moyen-Orient qu’encore plus tardivement que dans le bloc communiste, en raison du patriarcat qui y règne bien sûr, mais également de la dévastation du couvert forestier datant de l’Antiquité dans ces régions, les ayant privées de la source d’énergie du bois de chauffe, nécessaire à la sidérurgie avant l’invention du coke, et du bois de construction nécessaire à l’habitat et à la marine (tout cela a été expliqué en détail par John Perlin dans A Forest Journey, malheureusement non traduit, mais repris par Jared Diamond dans De l’inégalité parmi les sociétés, un ouvrage par ailleurs passionnant). Ce retard de l’essor économique Moyen-oriental, pour des raisons totalement indépendantes de toute idéologie religieuse et politique, explique son retard dans l’alphabétisation de masse, et donc dans sa sortie du totalitarisme politique et de l’obscurantisme religieux, qui furent exactement identiques dans notre Europe d’il y a deux siècles.
Une fois l’Empire Soviétique anéanti et les réserves pétrolières déplacées en Afrique et au Moyen-Orient, la reconversion de l’OTAN de l’anticommunisme vers l’islamophobie semblait aller de soi si l’Organisation transatlantique souhaitait justifier le repositionnement de ses lance-missiles, qui autrefois pointaient vers Moscou, vers Bagdad et vers Téhéran. Mais il lui manquait un motif crédible pour soudain craindre et détester les musulmans, si elle souhaitait s'assurer le soutien des opinions publiques. C’est pour cette raison qu’elle inventa le concept de guerre au terrorisme. Depuis toujours les résistants aux régimes politiques totalitaires ou impériaux, qu’il s’agisse des régimes nazis ou sud-américains par exemple, ont été appelés terroristes par les instances au pouvoir. Il semblait donc aller de soi de qualifier de terroristes tout opposant au pouvoir impérial de l’OTAN.
En 1991, L’Organisation transatlantique et la CIA avaient déjà une longue expérience de l’utilisation des musulmans incultes et faciles à fanatiser qu’elle transformait en « terroristes » afin de diaboliser toute résistance à son empire, en Palestine par exemple, ou pour affaiblir l’Union Soviétique en Afghanistan. Elle choisit de franchir un pas de plus 1991 avec la guerre civile qu’elle déclencha en Yougoslavie en armant secrètement des musulmans du Kosovo afin de disloquer le pays, d'anéantir la Serbie pro-Russe et de faire basculer la région dans l’OTAN pour s'assurer un accès aux réserves d'hydrocarbures du bassin caspien (tout cela a été parfaitement expliqué par Michel Chossudovsky dans Guerre et mondialisation et par Peter Franssen dans Le 11 septembre pourquoi ils ont laissé faire les pirates de l'air).
Le pas suivant a été amorcé en 1996 par Bill Clinton au G7 de Lyon. C’est à cette occasion qu’il tenta de lancer le concept de guerre au terrorisme à grande échelle pour restaurer le blason de l’OTAN, dont le vernis avait perdu un peu de brillant depuis la dissolution du Pacte de Varsovie. Cependant la presse européenne ne l'a pas pris au sérieux. On l'a aujourd'hui oublié parce que le 11 septembre a tout changé, mais la notion de guerre au terrorisme paraissait alors franchement risible en Europe. Il est facile, avec un moteur de recherches, de retrouver les réactions européennes dans la presse de l'époque. L'administration états-unienne a alors visiblement compris qu'elle aurait besoin d'un événement comme le 11 septembre pour que les pays membres de l’OTAN acceptent de prendre ce concept farfelu au sérieux et acceptent d’envoyer leurs troupes en masse militariser les corridors pétroliers alimentant les États-Unis d’Amérique.
Selon Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquié, un mois avant le 11 septembre, en août 2001, la délégation états-unienne envoyée à une réunion tenue à Berlin entre les talibans et l'Alliance du Nord (dirigée par le commandant Massoud) aurait évoqué une option militaire si les talibans ne changeaient pas leur position relative à la construction de l'oléoduc d'Unocal en Afghanistan (Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquié, Ben Laden la vérité interdite page 77 ; voir également Michel Chossudovsky Guerre et mondialisation page 135).
Deux jours avant les attentats du 11 septembre, le 9 septembre 2001 donc, le commandant Massoud, le seul ayant la légitimité de prendre le pouvoir en cas de chute du régime Taliban, était opportunément écarté par son assassinat. Le moins que l’on puisse dire est que son élimination arrangeait bien les affaires de l’OTAN qui souhaitait prendre le contrôle du pays, et que les conditions de sa mort ont fait l’objet de relativement peu de curiosité de la par des opposants à la thèse officielle sur les attentats du 11 septembre, qui préfèrent souvent se concentrer sur les aspects techniques des attentats que sur ses motivations géopolitiques. Il faut reconnaître cependant la grande qualité du travail effectué, notamment par l'association ReOpen911, dans la recherche et la diffusion d'informations techniques qui, à elles seules, prouvent l'implication de l'administration états-unienne.
Il est bien plus difficile cependant de savoir qui exactement était dans le secret. Je recommande pour ma part cette vidéo très éclairante d'une conférence de Susan Lindauer. La seule certitude que j'avais avant de voir cette conférence, comme toute personne ayant quelque peu approfondi le sujet, était que les trois tours du Word Trade Center ne s'étaient pas effondrées en raison de l'incendie provoqué par les avions (qui n'en ont frappé que deux), mais par le fait d'une démolition contrôlée à l'explosif impliquant la pose préalable de charges de thermite (un explosif militaire). Mais ce témoignage de Susan Lindauer, ex-agent de la CIA ayant été aux premières loges des négociations avec l'Irak jusqu'en septembre 2001, révèle la façon dont les choses se sont probablement déroulées. La similitude avec l'enlèvement d'Aldo Moro en 1978 à Rome est frappante. Dans les deux cas, un groupe d'amateurs incapables de réussir quoi que ce soit de sérieux prépare une action qui, si elle réussissait, arrangerait terriblement le pouvoir politique pour diverses raisons. Or ces services secrets s'aperçoivent que ces insurgés sont totalement incapables de réaliser leur projet. Il existe donc de très fortes présomptions pour penser que la décision de les infiltrer pour les aider à leur insu afin que leur forfait réussisse a été prise dans le plus grand secret. Dans le cas d'Aldo Moro, un tireur d'élite embusqué a simplement abattu ses gardes du corps à l'insu des anarchistes qui ont cru les avoir abattus eux-mêmes (tout cela est fort bien raconté dans Nous avons tué Aldo Moro d'Emmanuel Amara). Dans le cas du 11 septembre, il existe de très fortes présomptions pour penser que "l'assistance technique" aux insurgés est allée beaucoup plus loin. Il est vraisemblable que de l'explosif a été préalablement dissimulé dans les bâtiments qui furent touchés par les avions (et même dans la tour 7 qui ne le fut par aucun mais qui abritait visiblement des documents dont les services souhaitaient se débarrasser), que la défense aérienne a été paralysée ce jour-là, que les avions ont été téléguidés, etc. Et l'affaire est tellement grosse que tout le monde y a cru. Mais comme le disait Marshall MCLuhan, seuls les plus petits secrets ont besoin d'être protégés, les plus gros sont gardés par l'incrédulité publique.
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