45 ans après le rêve de Martin Luther King, l’Amérique croit au changement de Barack Obama
« Change we can believe in », tel est le slogan du représentant démocrate Barack Obama, imbibé par la force de la justice économique et de la légende des droits civiques que son porte-parole, le révérend Martin Luther King, avait initié au cours des années 60. Le jeune sénateur de l’Illinois s’est imposé comme l’émissaire des classes les plus populaires et les plus démunies, symbolisant l’espoir d’une Amérique meilleure, d’une Amérique plus humaine, d’une Amérique plus responsable, marchant sur les traces du rêve du Dr King et cherchant à essayer de changer les choses au nom de tout le peuple américain.

Quarante-cinq ans après le célèbre discours de Martin Luther King Jr prononcé devant le Lincoln Mémorial, l’Amérique démontre qu’elle aspire à un certain patriotisme, issu d’un processus cathartique lié au changement d’un monde de plus en plus effrayant, de plus en plus alarmant et de plus en plus contraignant.
Incarnant l’image d’un renouveau porteur d’espérance, symbolisant la force d’une nouvelle ère politique, Barack Obama s’impose pour une grande partie du peuple américain comme le défenseur des intérêts nationaux, basé sur un programme prenant en considération toutes les difficultés des classes populaires.
Activiste social, personnalité issue des minorités, bardé de diplômes et d’expérience de terrain, la nouvelle figure de la politique américaine a tout pour devenir le symbole du changement du pays de la bannière étoilée. Sa force dans l’art oratoire et dans ses prises de position ne sont pas sans rappeler le révérend King, plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix en 1961, mais son atout majeur est sa vision progressiste, mettant au centre de ses discours et de ses déclarations le concitoyen qu’il considère comme le dénominateur commun du développement national.
S’appuyant sur un programme cherchant à résoudre les aberrations de la société américaine, il prône une plus grande dignité envers chacun, basé sur la justice et l’égalité, mais aussi imbibé de valeurs s’appuyant sur la condition humaine et la solidarité.
On assiste donc à une « déracialisation de perspective » ne cherchant pas une sorte de repentance ou une revendication pro-minoritaire pour lutter contre une discrimination rampante. Le message est tourné vers l’avenir et sollicite la participation de chaque Américain afin d’incarner la rupture d’une conception dynastique du pouvoir. La clé de son succès réside dans cette individualisation de changer les choses, montrant que la politique est l’affaire de chaque femme et de chaque homme qui aime son pays, laissant s’épanouir un patriotisme latent prenant en compte les difficultés de tous et de chacun dans un élan de solidarité nécessaire pour construire l’avenir.
Véritable idéologue d’une politique de la proximité liée à son expérience de terrain, Barack qui signifie « béni » en hébreu, en arabe et en swahili, se présente comme un personnage façonneur d’opinion, capable de bouleverser l’establishment conservateur d’une vieille Amérique qui n’a cessé pendant plus de deux siècles de se quereller avec elle-même, et de remettre au cœur de sa politique une hégémonie internationale sans se soucier des problèmes internes qui s’amoncelaient.
En totale rupture avec ce traditionalisme politicien, cassant ce concept de « dynastisation » du pouvoir qui sévit depuis plus de trois décennies entre deux clans dans les rangs démocrates et républicains, Obama s’affirme comme l’icône d’une politique réaliste, écartant les clichés principiels pour s’attacher aux demandes, aux besoins que sollicitent la majorité des Américains dans un pays qui n’est plus aussi idyllique qu’il pourrait le laisser penser.
Touché par les inégalités, miné par la récession, plongé dans les difficultés, le pays de la liberté s’enquiert à voir triompher la justice, à voir des lendemains meilleurs, à permettre à chacun de vivre dignement. Dans tous les coins des Etats-Unis, le message de Barack Obama a soulevé une ferveur sans précédent, laissant croire qu’il pourrait être ce premier président noir, symbole d’une idéologie « inter-raciale », prêt à s’engager dans la lutte des inégalités et du superfétatoire que le « melting-pot » a conditionné au fil des combats multiséculaires fondés sur l’amour de la patrie et le rêve d’un peuple uni.
Quarante-cinq ans après cette espérance de voir cette nation se lever et vivre sous le véritable sens de son credo comme l’exprimait le révérend King, quarante-cinq ans après ce que de nombreux analystes considéraient plutôt comme une chimère que comme un rêve, et quarante ans après ce jour sombre de deuil national décrété par le président Johnson (le 9 avril 1968), l’espoir de voir quelqu’un jugé à la mesure de son caractère et non pas sur la couleur de sa peau s’est réalisé (4e « Je fais le rêve » dans le discours de King), laissant toutefois rêveur sur le dénouement de ce scénario progressiste.
31 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON