Imposée au forceps par Jean-Pierre Raffarin, la journée dite "de solidarité" est en voie de démontage par Dominique de Villepin. La loi 2004-626 du 30 juin 2004 avait imposé aux salariés, du public comme du privé, sept heures supplémentaires de travail non rémunéré, au motif d’abonder les finances d’une Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Cette loi avait à l’époque été imposée par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui avait provoqué par cette mesure un tollé général : en effet, alors que son rendement économique est fortement sujet à caution, et de toutes façons hors de proportion avec le but recherché, selon les propos mêmes de M. Douste-Blazy, la suppression de ce jour férié ne pouvait avoir que des conséquences défavorables sur la vie sociale, associative, familiale, culturelle, voire spirituelle, des Français. D’où l’opposition de 70% à 80% de l’opinion publique, de la totalité des syndicats, de la totalité des partis politiques hors UMP, et l’action de collectifs associatifs, tels les "Amis du Lundi" (CAL).
Le Premier ministre, par un arrêté du 28 décembre paru au JO du 29, vient de supprimer emblématiquement la référence au lundi de Pentecôte : pour ce qui concerne ses services, la journée dite "de solidarité" prend la forme de la suppression d’une journée de RTT. On peut d’ailleurs se demander pourquoi une disposition aussi simple n’avait pas été intégrée dès le début dans la loi de 2004, puisque la recherche d’une certaine souplesse était alors prônée par le gouvernement...
Lui emboîtant le pas, des arrêtés aux dispositions similaires ont été également publiés par le ministère des transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer (suppression d’un jour de RTT ou d’une journée de repos), le ministère de la justice (sept heures supplémentaires, fractionnables en heures, ou bien une journée de RTT), et le ministère de l’intérieur, y compris la Police nationale (une journée de RTT ou sept heures supplémentaires fractionnables).
S’ajoutant aux dispositions prises par l’Education nationale (exécution de la journée dite "de solidarité" en dehors du temps scolaire), et à la circulaire publiée par le ministère du travail (circulaire DRT du 22 novembre dernier), autorisant le secteur privé à fractionner la journée en heures, ces arrêtés confirment la volonté d’abandon de l’une des dispositions fort contestées de la loi voulue par M. Raffarin, à savoir la suppression du lundi de Pentecôte.
Mais demeurent ces sept heures de travail non rémunéré, imposées aux seuls salariés, mesure dont on voit mal comment les syndicats pourraient avaliser le principe, et qui restera donc comme une pomme de discorde dans les futures négociations sociales de l’année 2006. Comme le soulignent ceux qui demandent l’abrogation pure et simple de cette loi 2004-626, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?