Rappel des faits : Un homme de 57 ans, victime d’un malaise cardiaque dans la nuit de samedi, est décédé après avoir du patienter pendant près de 6h sans qu’aucune place en réanimation n’ait été trouvée pour lui dans la région parisienne.
Ce décès survient alors que la polémique enfle de jour en jour concernant la qualité des hôpitaux français et leurs manque de moyen surtout. Invité de l’émission Cdans l’air 5 sur France à débattre du système hospitalier suite au tragique décès du petit Ilyes le soir de Noel, le médecin urgentiste Patrick Peloux tirait vendredi soir une nouvelle sonnette d’alarme. (voir l’émission) Selon lui, à l’heure ou il parlait, il ne restait plus qu’un seul lit pour la nuit sur la totatité des services d’urgence des Hauts de Seine (92).
C’est dans ce contexte que nous choisissons aujourd’hui de vous parler d’un film que nous adorons, que nous avions même élu 2e film de l’année en 2006 , et qui pourtant a été vu par relativement peu de monde. La Mort de Dante Lazarescu a sans doute découragé une grosse partie du public curieux de ce film, par son titre, son ampleur (2h30), son origine (roumaine), son sujet (la tournée des hôpitaux de Bucarest pour sauver un vieux monsieur roumain alcoolique).
Pourtant, le film, par son exceptionnelle force humaniste, par son rythme, son suspens, son humour, se révélait une fantastique surprise, un film indispensable. Dante Lazarescu était même plus intense encore que n’importe quel épisode de cette série culte qu’est Urgence.
L’existence d’un film comme La Mort de Dante Lazarescu n’est pourtant qu’une réponse colérique apportée par un artiste à un fait divers qui aura un temps été relayé dans les journaux roumains.
Le réseau hospitalier français est depuis longtemps considéré comme le meilleur au monde, devant même les Etats-Unis. Cela fait pourtant de nombreuses années aussi que les médecins, infirmiers etc, dénoncent certaines de leurs conditions de travail et l’appauvrissement de notre système.
La Roumanie est souvent raillée chez nous, parce que le pays est plutôt pauvre, se relève doucement du communisme et de la dictature, ou parce qu’on lui accole cette image des Roms, ces gens du voyages qui parcourent l’Europe et traversent souvent la France. Pour la France, la Roumanie est un pays du passé, vétuste et ou tout fonctionne de travers. Le décès de samedi soir nous renvoie pourtant à la Roumanie et à la mort tragique de Dante Lazarescu. La France n’est toujours pas la Roumanie mais le fait-divers en dit long sur le manque de moyen constaté ici et là par des personnels hôspitalier souvent à bout de force.
Benoît Thevenin