Réseaux intelligents, vers l’innovation ouverte ?
Le 16 septembre, le Figaro a annoncé qu’ERDF (le gestionnaire du réseau de distribution électrique) allait désormais être le capitaine de « l’équipe de France » des réseaux intelligents. Il s’agit du dernier signe en date d’une nouvelle approche française des projets d’envergure.
Deux ans après la présentation des 34 plans de la Nouvelle France industrielle, les retombées concrètes commencent à se faire sentir. Cet été, Emmanuel Macron a présenté son initiative pour soutenir 400 PME spécialisées dans le domaine de « l’industrie du futur » (robotisation, décentralisation de la production), maintenant c’est autour des réseaux intelligents de se trouver un coordinateur.
Coopérer, une stratégie encore nouvelle pour les énergéticiens
Dans les deux cas, la logique est la même : de grands groupes français prennent sous leur aile des PME ou des start-ups, mais en faisant attention de ne pas les étouffer. Au lieu des programmes internes, monolithiques, de R&D et d’industrialisation qui ont caractérisé la France pendant des décennies, avec des succès (TGV, réacteurs nucléaires de 1ère et 2ème génération) et des échecs (minitel, Concorde), la stratégie est désormais de créer des « écosystèmes » propices à l’innovation.
Dans le cas de l’association « réseaux électriques intelligents – Smart grids France », dont le président d’ERDF (Philippe Monloubou) prend la direction, l’enjeu est de faire collaborer tous les acteurs, y compris les plus petits. L’intérêt est de faciliter la rencontre entre les acteurs majeurs, qui présentent leurs problématiques, et les plus petits, qui peuvent proposer une solution inédite.
Révolution numérique, évolution des mentalités
Le secteur de l’énergie est en effet confronté à la vague numérique, qui impacte le processus industriel, mais aussi la culture d’entreprise, et sur ce dernier point les grands groupes ne sont pas forcément bien armés. Le rythme d’évolution très rapide du secteur digital, aussi bien en termes de technologies que de modèles d’affaires se heurte aux cycles longs (plusieurs années voire dizaines d’années) que connaissaient jusque-là les énergéticiens. Grâce à leur structure plus légère, les PME ou les start-ups peuvent se concentrer sur une idée et la développer rapidement. En retour, les grandes entreprises les financent et mettent à disposition leurs compétences en matière d’industrialisation.
Dans le domaine informatique, l’idée n’est pas nouvelle. Microsoft ou IBM, et plus récemment les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), ont réussi en créant un environnement d’entreprises et de laboratoires qui leur apportent de nouvelles idées ou qui enrichissent leurs solutions. Le succès durable de l’iPhone tient ainsi à son catalogue d’applications, sans cesse enrichi par des acteurs-tiers.
Conscients que les acteurs du numérique pourraient bientôt débarquer dans le secteur de l’énergie, EDF, Engie ou Total les imitent désormais. Ils soutiennent les incubateurs de start-ups et lancent des projets d’open innovation. En tant qu’animateur de l’écosystème « smart grid », ERDF est en train de sélectionner les gagnants de son concours d’innovation. L’objectif est d’appuyer les jeunes entreprises prometteuses dans le secteur des big data ou des objets connectés pour développer le potentiel des réseaux intelligents et les opportunités à l’export.
A l’heure où la compétition économique devient de plus en plus féroce, plutôt que d’être dépassés par les nouvelles stratégies d’innovation de leurs concurrents, les énergéticiens anticipent l’évolution. Ainsi, les acteurs français se structurent en filières et coopèrent davantage pour soutenir la recherche et l’industrie. Si le pilotage est efficace, le slogan « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » pourrait ainsi connaître une seconde jeunesse.
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