C’est bien pour ça que je disais que c’était une preuve de charlatanisme. J’aurais pu tout aussi bien dire « guérir quoi que ce soit ». Le psychanalyste honnête n’offre aucune promesse de guérison vu qu’une fois les processus identifiés il appartient au patient d’agir et de casser les schémas que son inconscient lui impose. Comme dit Morpheus, « Il y a une différence entre voir le chemin et arpenter le chemin »... citation pop-culture, je sais, mais qui me semble particulièrement pertinente dans ce cadre.
Sinon ma formation sur le handicap a été assurée par des gens qui citaient aussi bien Vygotski que Winnicott. Des gens qui avaient compris que les différentes approches du psychisme sont là pour être combinées, pas opposées... j’espère qu’un jour cette conception deviendra dominante, mais entre le complexe de supériorité de certains chantres de la psychanalyse et l’agressivité sans objet de certains opposants on est pas sortis de l’auberge.
Pourquoi ne pas avoir fait d’études de psychologie ? Parce qu’à l’époque je voulais être prof !
J’ai dans mon entourage familial direct plusieurs psychologues cliniciens (DESS en poche et tout !) et ce n’est pas pour rien que j’ai eu du Freud à bouquiner chez moi. Et comme ma propre analyste, certains de ces psychologues cliniciens ont fait le choix d’exercer en tant que psychanalystes. D’autres non, évoluant en tant que psychologues scolaires ou en CMPP.
Donc non, contrairement à ce que vous dites, il ne suffit pas d’avoir fait des études de psychologie pour parvenir forcément à la conclusion que la psychanalyse est à rejeter ! Ma propre analyste est également psychologue clinicienne d’ailleurs, et elle est loin d’être la seule. On trouve également des- nombreux psychiatres qui choisissent d’exercer une activité psychanalytique. Charlatans, tous ? Ou bien personnes qui savent séparer la pratique de ses dérives ?
Vous confirmez mon propos en fustigeant les contre-vérités et les impostures intellectuelles que certains psychanalystes continuent à avoir l’occasion de répandre dans les médias. Mais ce n’est pas parce que le statut dominant de la psychanalyse en France est abusif que la pratique elle-même est à rejeter entièrement. C’est jeter le bébé avec l’eau du bain.
Si un psy prétend pouvoir tout guérir avec la psychanalyse, c’est un charlatan. Ca ne fait pas de la psychanalyse une pratique délirante basée sur la superstition comme certains ici l’affirment. Le simple fait de partir dans ce genre d’excès décrédibilise ceux qui s’y vautrent et permet aux tyrans de la psychanalyse de les ridiculiser.
Dès fois je me dis que tout ce beau monde devrait grandir un peu.
Okay, la mise en page a complètement foiré et m’a mis du gras partout, et ce malgré la prévisualisation. Je ne trouve pas d’option de modif de commentaire, j’imagine qu’il n’y en a pas... désolé pour l’inconfort de lecture.
Que de haine, c’est fou. Après la lecture de l’article et des commentaires, je pense qu’il est temps qu’un petit témoignage perso vienne agrémenter ces échanges théoriques débridés.
Je suis enseignant en collège (prof d’anglais) depuis sept ans, je me suis spécialisé dans le handicap il y a quatre ans en passant la formation complémentaire 2CA-SH option D puis en me spécialisant plus avant dans les troubles spécifiques du langage (vous savez, les trucs en “dys-”).
Je suis également une analyse depuis un peu plus de sept ans, analyse qui commence à toucher à son terme... indice qui ne trompe pas : je souhaite désormais devenir psychanalyste. J’ai demandé et obtenu une mise en disposition afin de procéder à mon analyse didactique, me former, acquérir un bagage théorique supplémentaire (Freud ça va mais Jung ou Lacan j’y connais rien) et au final ouvrir un cabinet. Ça prendra le temps que ça prendra, et s’il me faut vendre des smartphones ou des hamburgers pour survivre dans l’intervalle je le ferai.
J’ai enseigné avec un grand sens du devoir depuis sept ans. J’ai eu à coeur d’effectuer ma mission républicaine le mieux possible et de faire progresser mes élèves. Je quitte un emploi réputé pour sa sécurité pour me lancer dans le vide. Bref, je suis tout sauf un charlatan. Je me lance dans la psychanalyse pour aider mon prochain. Sincèrement.
Le truc, voyez-vous, c’est que je sais que ça marche. Et pas seulement parce que ça a marché sur moi. Je pourrais vous décrire à quel point je suis mieux dans ma peau et moins pénible pour mon entourage par rapport à il y a sept ans, et surtout comment la psychanalyse m’a apporté une compréhension interne qui m’a permis d’accéder enfin à ma véritable personnalité, dégagée de tous les héritages poisseux que nous nous trimballons tous. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg... ce qui est le plus impressionnant une fois qu’on a compris la démarche, c’est à quel point les comportements des autres font sens. A quel point tout ça TIENT DEBOUT, à quel point la présence de l’inconscient agissant est évidente dès qu’on sait le détecter. Contester son évidence a à peu près autant de sens que contester l’existence du langage : c’est là, point barre. Faut faire avec.
Par contre là où je comprends le ras-le-bol général, c’est face à l’inaptitude de beaucoup de psychanalystes à admettre les limites de leur approche. L’avantage d’être enseignant spécialisé est de pouvoir assister à pas mal de réunions pluridisciplinaires comportant un éduc spé, un psychomotricien, un pédo-psy, un orthophoniste, etc... tous ces gens mettant leur résultats en commun pour une vision globale. Autant de grilles de lectures du psychisme de l’individu, chacune avec ses avantages et ses limites. Autant d’approches thérapeutiques qui peuvent donner des résultats ou pas selon la nature du trouble... et là où le bât blesse, c’est quand les psychanalystes se posent en thérapeutes universels qui possèderaient LA grille de lecture du psychisme et pas UNE grille de lecture du psychisme. Là, forcément, ça énerve... forcément, c’est faux.
Futur psychanalyste (je croise les doigts), je suis le premier à dire que l’analyse freudienne sera totalement inefficace pour certains troubles. Je suis le premier à taper sur les imbéciles qui essayent de SOIGNER l’autisme à coups de psychanalyste au lieu de laisser les toubibs et les pratiquants des TCC faire leur taf et se contenter d’agir sur le mal-être. Je suis le premier à recommander les TCC aux gens souffrant de phobies aggravées et qui ont besoin d’une solution rapide, car l’analyse est grandement inefficace face à ce types de troubles. Mais si quelqu’un me paraît pris au piège d’une spirale de mal-être névrotique, je lui conseille un psychanalyste. Comme dit l’autre, on envoie pas chez le cordonnier quelqu’un qui a crevé un pneu.
Steinbeck dans East of Eden se posait cette question fondamentale : “can’t the world be built around accepted truths ?” et j’ai l’impression que tout est là. Au lieu de partir dans des querelles de chappelle insupportables et qui virent à l’injure gratuite et le mensonge pur et simple (nan, la psychanalyse n’est pas une pratique de charlatans, sinon je ne voudrais pas en faire !), ne pourrait-on pas admettre que : -chaque école thérapeutique présente une grille de lecture du psychisme -ce n’est qu’en confrontant ces grilles qu’on peut aborder une personne dans sa globalité -donc ces grilles ne s’OPPOSENT PAS -la psychanalyse est très efficace pour agir sur le mal-être, mais totalement inutile dans plein d’autres cas
Bref, si tout le monde descendait un peu de ses grands chevaux on pourrait commencer à aider les gens.