Le binge drinking est un refus de penser. L’objectif est de se couper les circuits et j’y vois comme une forme de mutilation assez violente. On expose son coma comme une cicatrice, mais les séquelles sont bien plus profondes.
L’idée de perdre conscience au sens propre et figuré me terrifie.
Pour ma part, je ne bois que pour me désaltérer ou pour un plaisir lié au qualitatif. J’apprécie un bon vin et une bonne coupe, et j’ai le souvenir d’authentiques émotions gustatives, mais ne bois que très rarement de l’alcool, yc à table.
Problème : l’alcool n’a longtemps eu aucun effet sur moi. Que je boive une vodka ou un jus de fruit c’était pareil. Pas très sain non plus, surtout dans un environnement où l’alcool circule à flots (j’ai survécu à l’école de commerce).
Des amis américains m’ont « soigné » en me faisant boire simplement 5 petits verres dans lesquels ils avaient mixé à peu près tout ce qui était disponible au bar.
Pour la première fois, je ne me suis pas senti bien (euphémisme). Depuis, je suis normal et sens l’effet de l’alcool, ni plus ni moins qu’un autre. Et j’évite plus que jamais ces occasions proto-festives où l’îvresse constitue parfois même l’objectif avoué (phénomène courant en Asie).
Une chose n’a pas changé : je ne suis toujours pas attiré par l’alcool, et je n’ai toujours pas consommé de drogues (ni fumé quoi que ce soit). Toujours cette aversion pour la perte d’identité - et je l’avoue aussi, une aversion toute desprogiennes pour les comportements grégaires.
Et puis je n’ai pas besoin de ces artifices pour décompresser ou libérer mon imagination.