La médecine sans la morale donne le docteur Mengele. La biologie sans la morale nous donne le dopage en sport. Les techniques de dopage par thérapie génique sont au point. Ce sont des sciences. Mais selon vos termes, c’est inadmissible.
Finalement, je crois que l’économie n’est pas une science au sens où vous l’entendez. Il est tellement simple d’y introduire une morale "des bénéfices" que sa nature "scientifique" disparaît.
J’entends par morale des bénéfices : Ce qui rapporte est bon. Ce qui coûte est mauvais.
Avec cela, je définis un bien et un mal. J’ai donc une morale. Elle est si simple et si naturelle à l’économie qu’elle doit y être introduite ou prise en compte, que cela vous plaise ou non. Je lis des expressions comme "attente des marchés", "prévisions des analystes", "performance", "innovation", "satisfaction des actionnaires", "sanction du marché", "confiance". Ces termes sont utilisés dans les parties économiques des journaux. Ils servent de légitimité à l’économisme actuel. Ces termes vont tous dans le sens de la morale des bénéfices.l
Quand vous parlez de confier à un grand nombre de gens le pouvoir, vous parlez de politique économique, vous supposez que ces gens jouissent d’une morale. Les exemples d’échecs d’interventions étatiques que vous donnez impliquent tous une démission de la responsabilité personnelle de ses bénéficiaires. Vous introduisez une dimension individuelle et personnelle dans les comportements. Cette dimension n’est pas scientifique. Vous en tirez des conclusions en économie. L’économie de la morale est ici ratée.
L’exemple des restrictions aux licenciements qui provoquent le chômage est très mauvais. Friedman a introduit le chômage incompressible. Il en a fait une nécessité incontournable. Il est le créateur du chômage endémique. Un patron des patrons français avait promis un million d’emplois si un allègement était admis. Il a eu l’allègement. Les Français n’ont pas eu le milllion d’emplois. Je rejette donc totalement cet exemple. Il est invalidé par cette absence du million d’emplois. Il est invalidé par les déclarations de Friedman qui soutient le chômage. Il est encore invalidé par l’utilisation du chômage pour obtenir des salariés dociles et peu exigeants. Il est invalidé par la panique des marchés financiers quand trop de gens trouvent ou retrouvent du travail car cela crée une poussée inflationiste par les salaires. Je rejette cet exemple.
L’économie n’est pas une science. Elle ne peut pas éviter la morale. Si elle le fait, elle devient inhumaine. Vous mêmes n’échappez pas à la morale en économie.