Oui, Fanfan1204, le slam est la poésie d’aujourd’hui... mais le problème d’aujourd’hui, c’est qu’il a une facheuse tendance à vite devenir de l’hier. Le slam est un effet de mode dont on peut surtout remarquer qu’il ranime une représentation très formelle (ah ! cette course à la rime !) et très réactionnaire de la poésie. Effet de mode, mais aussi témoin de l’état des idées sur la poésie véhiculées par l’Ecole.
C’est déjà, très souvent, de la "viellerie". Ne pas confondre : "populaire" et "à la mode", "rime de fin de vers" avec "invention d’un langage qui nous invente", "facilité" avec "simplicité". Le poème est simple comme "bonjour" parce que, comme bonjour, il est une rencontre infinie entre humains. Les bons poètes (et il y en a quelques uns chez les "slameurs") n’ont pas besoin de s’appeler "slameurs" pour faire ce que les poèmes font depuis bien longtemps. Relisez les troubadours... Pour les mauvais, c’est facile : produits de l’époque, ils passeront avec elle. Vivement demain ! On peut regretter que le médiatique prenne toute la place et masque ce qui travaille vraiment à nous faire de l’avenir. Mais ce n’est pas nouveau. Les poèmes ont plus d’avenir que de présent, c’est pourquoi ont leur laisse si peu de place. Le tout n’est pas de prendre le maximum de place, c’est d’inventer de la liberté pour ce à quoi on ne laisse pas de place : c’est le sens de l’utopie. Alors, slameurs ou pas, poètes, travaillez s’il vous plaît à nous faire du demain matin... dès à présent.
Encore : la poésie n’est pas morte. Mais elle le sera à coup sûr dès qu’on ne pourra plus en débattre. La mort, c’est le consensus et son allié, le confusionnisme du tout-est-bon-dans-le-poème. Ca se termine généralement par un enterrement de première classe au musée. Alors il faut écrire-lire-vivre pour aérer les musées...