Pour résumer votre analyse, c’est moins pire que ce que les marchés ont craint à un moment mais cela pourrait se recasser la figure.
Il me semble pourtant que les signes d’un cassage de figure monumental sont toujours bien là. Que 20% de ventes immobilières en moins soit moins pire que 25% ne change rien au fait que la richesse des ménages américains pour une bonne part basée sur l’immobilier a encore reculé :
1°) Les prix de l’immobilier résidentiel ont en effet baissé de 7,7% en moyenne sur le seul premier trimestre 2008. C’est la plus forte baisse enregistrée depuis que les agents immobiliers font ces statistiques (http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=a4j8WTMBV7wU&refer=home).
2°) Les expulsions ont cru quant à elles de 65 % sur un an (http://www.realtytrac.com/) ce qui signifie que les banques se retrouvent avec de plus en plus de maisons à vendre et font donc encore chuter les prix (et la valeur de leurs actifs avec).
Comme les ménages US n’ont plus d’épargne depuis longtemps, seul le crédit peut les aider à consommer et celui-ci ne dépend pas que du taux. Il dépend aussi de la richesse de l’emprunteur (le fameux "on ne prête qu’aux riches"). Si vous avez moins de garanties pour emprunter, au mieux vous emprunterez moins, au pire vous n’emprunterez plus du tout. C’est la terrible erreur d’analyse de la FED : ce n’est pas d’une baisse des taux dont les USA ont besoin, c’est d’épargne solvable. Et ça, ça ne se décrète pas du jour au lendemain. Leur baisse des taux ne va que faire exploser l’inflation sans relancer la croissance.
Ajoutez à cela un effondrement du moral des ménages (tombé à son niveau le plus bas depuis 1982) et vous avez tous les signes que la récession est là pour un moment aux USA (et ailleurs dans le monde).
Une seule chose m’étonne : c’est cette vague d’articles sur le thème "la crise est finie" depuis plusieurs semaines (ce n’est pas le cas de celui-ci qui est beaucoup plus prudent, je précise). Soit les journalistes, économistes et financiers sont vraiment des abrutis enfermés dans leur bulle, soit ils cherchent des gogos à qui refiler leur pertes.