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Commentaire de Asp Explorer

sur Non irlandais et présidence française du Conseil de l'Union européenne


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Asp Explorer Asp Explorer 29 juillet 2008 23:03

***Quant à la défense, les ambitions risquent d’être revues à la baisse car l’Irlande est très attachée à sa neutralité et est très réticente sur les questions d’intégration au niveau militaire.***

Là aussi, l’Europe a manqué - sans doute volontairement - l’occasion d’expliquer clairement les enjeux de ses grands chantiers. Car si on demande aux Français s’ils sont "pour une défense Européenne", tous ou presque approuveront. En revanche, si on leur demande "souhaitez-vous que la France devienne incapable d’assurer seule sa défense, et que l’on doive demander la permission aux Lettons et aux Slovènes pour envoyer le Charles-de-Gaulle en opération", la réponse risque de changer. Alors que c’est bel et bien la même question. La "défense Européenne", ça consiste à spécialiser les armées des différents pays d’Europe, chacune dans un domaine bien particulier, ce qui condamne donc à terme leurs autonomies respectives.

***Le climat de la présidence française sera donc quelque peu alourdi par ces questions institutionnelles mais elle ne sera pas pour autant bloquée. Les ambitions de la Présidence française portent sur des sujets aussi concrets que la hausse du prix des matières premières, l’agriculture ou l’immigration. Or, la meilleure réponse à donner au « non » irlandais, c’est de montrer que l’Europe répond aux attentes des citoyens dans des domaines concrets. La Présidence française doit donc être citoyenne et chercher à répondre aux besoins des européens.***

Quelle que soit l’estime que l’on porte à Nicolas Sarkozy, je doute qu’il ai grand pouvoir sur la hausse des prix des matières premières.

***Mais les citoyens doivent également prendre leurs responsabilités et s’impliquer dans les débats européens. L’opportunité de faire entendre leurs voix et de peser sur les décisions européennes se présentera lors des élections du parlement en 2009, ils doivent impérativement saisir cette chance pour montrer aux dirigeants que l’Europe ne peut pas se faire sans eux. Les responsables nationaux doivent, eux, proposer de vraies élections européennes sur des sujets européens et non des scrutins séparés nation par nation avec des débats sur des questions de politique intérieure.***


Le problème n’est pas que l’Europe se fasse sans les citoyens. Le problème est qu’elle se fait MALGRE, voire CONTRE les citoyens, contre leur avis, contre leurs envies, contre leurs intérêts. La construction européenne se fait sur des mensonges, des non-dits et sur une inconcevable masse de mépris. Revenons un peu à Maastricht, histoire de se remettre en tête des faits sur lesquels on a un peu de recul. A l’époque, lors de la campagne référendaire, on nous avait vendu le traité de Maastricht comme étant "protecteur". Protecteur du modèle social européen, protecteur de l’industrie européenne, protecteur des salariés contre la concurrence sauvage d’ouvriers à 1$ la journée. On l’avait tellement vendu aux Européens que d’autres y avaient cru. Par exemple, les patrons de Toyota, qui avaient implanté une usine dans le Nord, histoire de contourner les barrières douanières que l’UE ne tarderait pas à mettre en place. Eh oui, figurez-vous, jeunes gens, qu’il n’y a pas si longtemps de ça, des entreprises asiatiques venaient implanter des usines en Europe !

Aujourd’hui, ça semble un peu être de la science-fiction... Parce que, une fois le référendum voté "comme il faut", on s’est dépêché d’oublier les promesses électorales. Quelques années plus tard, on a inventé "la stratégie de Lisbonne", sensée faire de l’Europe l’économie "la plus compétitive du monde", en mettant l’accent sur "l’économie de la connaissance", et toutes ces fadaises fantasmatique qui ont disparu avec la bulle internet. Il n’en est resté que l’essentiel : le dogme de la concurrence (libre et non-faussée, bien sûr) qui régit tout, qui peut tout, qui règle par magie tous les problèmes du monde. Il n’en est resté que le dogme de l’ouverture des frontières à tous les vents, à toutes les importations. Mais quand on permet à un patron d’importer à 1€ ce qui coûte 2€ à produire dans son usine, on ne peut pas s’offusquer qu’il le fasse, ni s’étonner que nos concitoyens se retrouvent au chômage.

Et quel fut le brillant résultat de cette politique "de Lisbonne" ? Entre 2001 et 2007, la croissance mondiale a été gigantesque, du jamais vu dans l’histoire humaine : 4,5% de croissance annuelle en moyenne. Toutes les régions du monde en ont profité : la Chine et l’Inde évidemment, le sud-est asiatique, mais aussi le moyen-Orient, l’Amérique latine, les USA, qui bien que déjà gavés de richesses ont eu une croissance soutenue, et même l’Afrique, l’éternelle sinistrée. Tout le monde en a bien profité... à part les Européens, qui pendant toutes ces années magiques, ont dû entendre leurs gouvernements se réjouir à grand renforts d’exclamations extatiques quand on avait 2,2% de croissance ! Et pourquoi ? Parce que nous avons été les seuls, durant cette période, à jouer le jeu du libre-échangisme ! Nous avons été les seuls, par dogmatisme stupide, par naïveté, à importer à tour de bras et en devise forte, sans aucune contrepartie de la part de fournisseurs qui, plus pragmatiques, avaient tous gardé précieusement des tracasseries douanières et autres lois protectionnistes.

Plus d’Europe ? Merci bien. Je préfère ma vieille France, avec ses frontières étriquées, ses indigènes râleurs et ses coutumes bizarres. Car la France, avec ses défauts archaïques, a fait la preuve, au cours des siècles, de sa faculté à survivre aux tourments de l’histoire, tandis que l’Europe a surtout fait la preuve de son impuissance, voire de sa nocivité.


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