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Commentaire de J. GRAU

sur La société ne veut plus du « prêt à gouverner » de gauche produit par les think tanks


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Jordi Grau J. GRAU 9 septembre 2008 18:32

Bonjour SojaRouge. 

Je ne suis pas de droite, et je ne pense pas non plus être un extrémiste. En tout cas, je ne dis pas : "Tout se décide à Bruxelles". Et pourtant, je suis persuadé qu’il y a eu un rapprochement progressif de la droite et de la gauche, et pas seulement en France. Cela ne veut pas dire que le PS et l’UMP sont parfaitement interchangeables, bien entendu (de même qu’il y a sans doute d’importantes différences entre Mc Cain et Obama). Seulement, il y a un accord sur des questions de fond, et notamment sur le plan économique (ce qui n’est pas rien, puisque l’argent est le nerf de la guerre). C’est sous Mitterrand, par exemple, que la France a décidé de déréglementer les flux financiers. On a beau jeu de parler de "mondialisation" comme si c’était une fatalité, un rouleau compresseur surgi de nulle part : cette mondialisation n’est pas un phénomène naturel, mais un événement historique, fruit d’une série de décisions politiques. Or, ces décisions ont été prises en grande partie par des gens étiquetés à gauche.

Il en va de même pour l’Union européenne (qui est d’ailleurs un fer de lance de la mondialisation libérale, même si on a voulu nous faire croire qu’elle serait un rempart contre la puissance américaine ou la puissance chinoise). Certes, tout ne se décide pas à Bruxelles. Vous avez parfaitement raison sur ce point. La politique européenne, on le sait, est décidée en commun par les gouvernements des différents pays membres (même si, souvent hypocritement, ils se défaussent sur Bruxelles lorsqu’ils ont une décision impopulaire à faire passer). Ce sont d’ailleurs ces mêmes gouvernements qui nomment les fonctionnaires de la commission européenne. Mais ce simple fait montre bien qu’il y a une convergence entre la droite et la gauche. Car les gouvernements de gauche n’ont rien fait, bien au contraire, pour orienter l’Union européenne dans un sens plus social. L’Union européenne impose des règles communes dans de nombreux domaines (monétaires, budgétaires, sanitaires...), et parfois d’une façon très tâtillonne. En revanche, elle encourage une concurrence éhontée en matière de fiscalité et de droit du travail. Autrement dit, elle promeut une politique droitière, en favorisant le moins-disant social. Sur tous ces points, les socialistes français (tout comme les socio-démocrates allemands et les néo-travaillistes britanniques) ont une lourde responsabilité. A la fin des années 90, trois grands pays européens (la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni) étaient gouvernés par des pays étiquetés à gauche. En ont-ils profité pour harmoniser l’Europe par le haut ? Pas du tout. Scénario comparable en 2005, ou la majorité des socialistes a manqué une occasion historique de dire : "L’Union européenne telle qu’elle existe aujourd’hui ne fonctionne pas. Ou plutôt, elle ne sert que les intérêts des plus riches. Il faut tout reprendre à plat, et surtout pas ratifier une constitution nettement orientée à droite".

Rougement vôtre,

J.G.


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