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Commentaire de Marsupilami

sur Faut-il revenir à la philosophie classique ?


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Marsupilami (---.---.47.194) 19 octobre 2006 09:48

Lisez plutôt ce que dit Oscar Brenifier, docteur en philosophie qui a eu l’occasion d’assister à l’un des shows de l’ayatollah athéiste Onfray :

« D’ailleurs il n’est qu’à voir le »grand ami« de M. Onfray, celui qui sur le podium entretient théoriquement le dialogue avec lui : il a des trémolos dans la voix lorsqu’il lui parle. Pas étonnant que M. Onfray l’apprécie, il correspond tout à fait à son genre de public, béat d’admiration. Il pose de gentilles questions, écoute poliment les réponses, et notre animateur patenté ne fait strictement rien pour permettre à son interlocuteur de sortir de sa ouate mentale. Pas plus que Michel Onfray n’essaie de faire émerger la pensée de son ami : il le flatte plutôt. On se croirait chez Pivot, en plus »cool« peut-être. La seule personne qui se verra d’ailleurs demandée par »l’ami animateur« d’interrompre son discours sera la fameuse inspectrice qui ose critiquer M. Onfray, seul moment où un semblant de confrontation semblera pourtant émerger. Car pour le reste, les échanges sont ceux, typiques, de ceux qui souhaitent surtout pouvoir se valoriser en entamant un »dialogue avec une pointure« . Le public est gentil : peut-être ne veut-il pas s’exposer. Peut-être est-il séduit : une femme explique en privé comment »je le trouve mignon, son discours est plutôt séduisant... même s’il n’apporte pas grand-chose à la discussion« . Une autre ajoute que »mignon à quarante cinq ans, cela l’agace plutôt« , mais tout cela reste de l’ordre du ressentiment. Mais cela a aussi trait au public de ces colloques, les tenants de ces »nouvelles pratiques« se veulent »ouverts« , à l’écoute de toutes les sauces, et la critique y est relativement bannie. Ainsi, si de nombreuses personnes ne trouvent pas leur compte dans le discours de M. Onfray, il ne le saura jamais. Sauf s’il était à l’écoute et apercevait dans les silences ou les discours convenus l’absence de véritable discussion, ou s’il tentait de faire émerger des enjeux autres que ceux qu’il a prévus. Mais comme nous le craignons, il a sans doute dû plutôt apprécier l’approbation tacite ».

« Ainsi l’exigence est celle de la connaissance préalable et reconnue, celle des vérités établies, et non pas celle de l’invention, du risque, de la création, de la tentative, de l’erreur et du tâtonnement. C’est clair : pour Michel Onfray, il y a les bons, et les mauvais. Comme le monde est bien organisé ! Comme le monde est bien organisé ! D’ailleurs bon nombre de personnes des quatre coins de la planète savent que M. Onfray est un prédicateur de vérité. Il fait salle comble à chaque conférence ! Il nous cite avec une jouissance toute hédoniste une personne venue spécialement de Rome - quel symbole criant de vérité ! - pour le rencontrer, voire pour le toucher ! Mais que savent-ils donc de lui pour être ainsi fascinés ? Qu’il fait des cours destinés au grand public ? Mais il existe de nombreux lieux à travers la France où se tiennent des cours de philosophie destinés à tous, universités ouvertes ou autres structures municipales. Qu’il soutient une thèse hédoniste ? C’est à la rigueur plus original pour un philosophe, mais quoi de si extraordinaire par rapport à d’autre courants de pensée ? D’autant plus que cet hédonisme convient tout à fait à l’esprit du temps, à cette adolescence perpétuelle mise en scène à la télévision, le ’c’est mon choix’ archétypal. Tout comme avec l’esprit de L’antimanuel de philosophie, on relève bien ici de l’air du temps, prise de position néfaste en ce sens qu’elle joue le rôle de la facilité : celle de plaire à l’immédiateté, sans apprendre à se mettre en position critique face à sa propre pensée. L’autorité ’light et sympa’, qui succède à l’autorité ’vache’. Certes, contrairement à bien des collègues philosophes, il ne souffre pas de cette crainte du présent, de la nostalgie passéiste si ’philosophiquement correcte’. Mais rappelons-lui à tout hasard la phrase de Schiller, qui concerne autant l’artiste que le philosophe : ’L’artiste est certes le fils de son époque, mais malheur à lui s’il est aussi son disciple, ou, qui plus est son favori’ ».

Très bien vu...


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