@The Dude
Merci pour cette réponse argumentée. Vous êtes malheureusement représentatif de nombreux scientifiques et notamment de nombreux médecins. Votre culture statistique et épidémiologique est suffisante pour comprendre de quoi il est question, mais pas pour analyser les données avec un esprit critique.
Tout d’abord, le message véhiculé par l’INCA et la DGS par la voix de leur direction est formel, "à 100%". Je ne décèle aucun doute dans leur communiqué qui affirme que même un verre de vin par jour est cancérigène, et que les petites doses répétées sont particulièrement nocives.
Un message honnête aurait été : "La consommation d’alcool est liée statisquement aux cancers, de l’oesophage notamment. Il est difficile de savoir si ce risque apparaît pour une consommation faible et régulière mais il est clairement proportionnel à la quantité consommée. Nous avons des arguments pour envisager que cette consommation l’alcool joue un rôle dans l’appartion de ces cancers".
Pour ce qui est des études de cohortes prospectives, je veux parler d’études randomisées. On aurait pu par exemple prendre deux groupes de sujets : un groupe incité à l’abstinence complète, l’autre à une consommation faible, et un suivi long terme aurait permis d’avoir une réponse fiable. Je ne serais pas totalement surpris si l’on constatait une surmortalité dans le groupe incité à l’abstinence. La privation de plaisir, cela peut tuer aussi.
En matière de recherche clinique, un tort fréquent consiste à penser que si une étude est un peu biaisée, elle reste un peu intéressante. C’est faux. Une étude un peu biaisée permet de faire une hypothèse, et c’est absolument tout. Personne ne peut calculer la probabilité du passage du lien statistique à celui de causalité. C’est peut être 1% et non 95%. Or lorsque l’on veut impacter des traditions sociales anciennes qui forment le ciment de notre société, il faut autre chose que des hypothèses. Et surtout, il ne faut pas présenter des hypothèses comme des certitudes, ce qui est encore plus malhonnête.
C’est à partir d’études épidémiologiques que les gynécologues affirmaient que le traitement hormonal de la ménopause protégeait le coeur des femmes et n’était pas cancérigène. La première grande étude randomisée a nettement changé la donne.
Vous n’avez pas lu tous les commentaires, Dans un de ceux-ci, je suggère la lecture d’Alain Froment. Où sont passés ces médecins humanistes du XXe siècle ? J’ai l’impression qu’ils n’ont pas été remplacés. Je vous suggère de lire ce texte qui résume parfaitement notre problématique.