Cet article ne sert manifestement que pour hameçonner les lecteur vers des promesses de réussite sexuelle, grâce aux soit disant « connaissances et techniques » qui ne sont évoquées que pour susciter le désir, après quelques clics... de sortir son porte-monnaie. Étonnant en effet qu’un tel article reste en tête d’Agoravox pendant plusieurs jours.

La rhétorique ici s’appuie sur des représentations qui rassurent tout le monde : non mesdames, si vous êtes frigides, ce n’est pas à cause de vous ni à cause de votre mauvais choix de partenaire, et vous messieurs, si elle ne veut que pour la forme, une fois tous les deux mois, ce n’est pas de votre faute, c’est parce que vous ne connaissez pas les techniques que je vais vous vendre si vous me le demandez. Or on peut imaginer assez facilement que le manque de simplicité et de spontanéité qui dérive d’une démarche technique en la matière ne peut guère arranger les choses dans un couple qui connaît des difficultés de cet ordre.

S’il est de bon sens d’admettre que les sentiments comptent beaucoup dans le désir, rien n’est apporté dans l’article pour démontrer que, statistiquement ou au moins en général, les femmes pensent autant voire plus que les hommes au sexe (le mythe n°1 et le n°2 revenant d’ailleurs au même sur ce point). Le seul argument apporté est physiologique : le nombre de terminaisons nerveuses sur le clitoris plus développé, ce qui engendre des orgasmes plus intenses et sans la déperdition d’énergie qu’implique une éjaculation. Mais cela ne prouve pas qu’automatiquement, les femmes sont plus portées sur le sexe que les hommes. La possibilité d’un plus grand plaisir n’est pas la même chose qu’un plus grand désir. On pourrait même soutenir que c’est justement parce qu’ils ne sont jamais pleinement satisfaits par le sexe comme les femmes que les hommes y pensent et fantasment beaucoup plus !

Et de toute évidence, s’il y a une difficulté d’entente entre hommes et femmes sur le rôle du sexe dans un couple, l’erreur sexologique, typiquement masculine, de cet article est de se focaliser sur l’orgasme. Il faut surtout pour les hommes arrêter de faire de la femme une sorte de jument sauvage qu’il faudrait dompter, que ce soit au fouet ou en lui chuchotant au creux de l’oreille ! C’est un être humain qui peut comprendre des choses et avec qui on peut discuter s’il y a un déséquilibre, c’est-à-dire que manifestement l’un désire plus que l’autre, autrement dit que l’un est frustré par rapport à l’autre. Une femme qui par exemple envisageait principalement le sexe comme moyen de se reproduire et qui donc n’éprouve plus de désir après ses trois enfants peut aussi comprendre que maintenir une activité sexuelle dynamique après les enfants est un moyen essentiel de rester jeune et en bonne santé, grâce à la contraception. Elle peut aussi comprendre que si elle trouve normal que son compagnon fasse des efforts par exemple pour ne pas sauter sur la première venue, elle qui est monogame de façon beaucoup plus spontanée, il est aussi normal qu’elle ait à faire des efforts pour s’adapter au désir de son compagnon. La sexualité humaine est en grande partie naturelle, mais elle est aussi à bien des égards culturelle. C’est toute la différence entre reproduction et érotisme.