Ben oui, l’État est faible en Chine, ce qui est bien la preuve de son libéralisme.
Non ; au contraire, en Chine, c’est une dictature ; donc un état fort.
Mon brave Péripate, exactement ce que préconisait ton idole von Hayek, avec Friedman à sa suite ; tu sais : au Chili ; le libéralisme s’accomode parfaitement de la dictature, et d’un état fort, pourvu qu’il aille dans le sens des intérêts des puissances financières...
Tu as la mémoire courte, ou défaillante ?
Allez, un petit rappel...
Comme la plupart des libéraux depuis Alexis de Tocqueville, Hayek considère que la démocratie est un moyen, et non une fin en soi : « Que dans le monde occidental, le suffrage universel des adultes soit considéré comme le meilleur arrangement, ne prouve pas que ce soit requis par un principe fondamental23 ». L’avantage principal qu’il reconnait à la démocratie est de permettre la transition pacifique au sommet du pouvoir politique. C’est « quelque chose de précieux, et qui mérite qu’on lutte pour le conserver »24. Cependant, cela ne fait pas de la démocratie un régime à défendre pour lui même et il est impératif que ce régime soit encadré par la Rule of law (règne du droit ou règne de la loi). Ce n’est pas parce que le pouvoir émane du peuple qu’il doit être illimité : « tout gouvernement, et spécialement un gouvernement démocratique, devrait être doté de pouvoirs limités »25. Entre un gouvernement démocratique sans limitation et un pouvoir qui ne tire pas son essence du peuple mais serait limité par la loi, c’est ce dernier qui emporte l’assentiment d’Hayek. « Je préfère un gouvernement non démocratique limité par la loi à un gouvernement démocratique illimité (et donc essentiellement sans loi) » déclare-t-il dans une conférence en 197626.
Les antilibéraux lui reprochent souvent la section centrale de la citation suivante, énoncée en 1981 lors d’un entretien : « Je dirai que, comme institutions pour le long terme, je suis complètement contre les dictatures. Mais une dictature peut être un système nécessaire pour une période transitoire. Parfois il est nécessaire pour un pays d’avoir, pour un temps, une forme ou une autre de pouvoir dictatorial. [...] Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme. Mon impression personnelle est que [...] au Chili par exemple, nous assisterons à la transition d’un gouvernement dictatorial vers un gouvernement libéral28. »