Bonjour, Pastori.
Toute la problématique des luttes sociales incertaines tient dans votre conclusion : « le principal ennemi du pauvre, c’est le pauvre ! »
Les gens n’imaginent pas, effectivement, à quel point les patrons et les pouvoirs publics sont fragiles. Que 5 millions de personnes descendent dans la rue, non pour chanter dans une ambiance bon enfant, mais pour crier leur colère à la face des profiteurs qui nous gouvernent, et les contre-réformes sont aussitôt mort-nées.
Encore faudrait-il, pour cela, que les salariés ne soient pas aussi craintifs, aussi disposés à se laisser tondre la laine sur le dos sans réagir. D’où l’intérêt pour le patronat et les politiques libéraux de sans cesse plus précariser le marché de l’emploi pour créer de l’insécurité, mère de toutes les soumissions.
Car tout le problème est là, dans cette soumission certes mal vécue mais silencieuse. Une soumission par la précarité qui a remplacé la soumission par l’endettement dans les entreprises paternalistes d’autrefois où le patron tenait ses employés par le portefeuille en lui offrant logement et services divers.
Oui, il faudrait que les salariés soient massivement syndiqués pour lutter à armes égales avec le patronat et les pouvoirs publics, ou du moins pour peser dans les négociations. L’industrie allemande est restée puissante et créatrice d’emplois en grande partie parce que les ouvriers ont oeuvré dans ce sens, fort d’un taux de syndicalisation de 80 % qui les rend incontournables pour toute prise de décision.
Souhaitons que le mouvement en cours permette une prise de conscience des salariés et un renouveau du militantisme syndical. La lutte contre les prochaines agressions envers le pacte social passe sans aucun doute par ce renouveau.
Cordiales salutations.