• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de easy

sur Une femme sur cinq vit avec un criminel ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

easy easy 10 mars 2011 15:50

Si seulement des statistiques sur ce sujet était complètement fiables et si seulement on commençait par définir, mesurer, doser ce qu’on va comptabiliser, ce serait peut-être suffisant pour se faire une représentation sûre de la réalité. Pour qu’on parle tous bien de la même chose. Or, il en va de ce sujet à stats comme de bien d’autres, on ne sait pas quels sont les critères retenus pendant que les stats se superposent les unes aux autres, chacune selon ses critères propres au moment.

Le résultat est alors pire que si l’on ne faisait aucune stat. Nous sommes perdus.

Bien sûr, ici les uns diront que ce chiffre leur parle, là les autres diront que cet autre chiffre leur semble plausible. Mais le résultat est bien une cacophonie. Le pire c’est que personne n’y voit clair (en dehors de ceux qui ont envie de croire à une version qui les arrange) mais que tout le monde en reste à croire en une seule chose : les stats. Ces stats qui précisément embrouillent tout tant elles sont mal ou irrégulièrement paramétrées.

C’est comme si dans un village, 4 sorciers concurrents racontaient, chacun sa vision des choses. Les villageois seraient enfumés et inquiets mais les sorciers resteraient les incontournables vedettes. Alors qu’on pourrait s’en passer.


Concernant ce que notre grand Chef a fait des anciens avions de notre Présidence, nous ne pouvons en aucun cas le savoir depuis notre vécu ordinaire.
Mais concernant, notre désir, notre générosité, notre avarice, notre intelligence, notre connerie, notre jalousie, notre gentillesse, notre violence, notre retenue, notre menterie, notre hystérie, nos odeurs de pieds, qu’avons-nous besoin des études d’instituts pour les connaître ?

Nous en resterions à 10 années d’expérience de la vie, il nous faudrait ce genre d’études pour savoir à quoi ressemble le milieu dans lequel nous baignons. Mais que pouvons nous apparendre de ces études sur notre milieu alors que nous y marinons depuis 30 ans, 40 ans, 70 ans ?



J’élargis la réflexion.
La France, vue depuis le Vietnam, en 56, par le biais des livres d’Histoire et de français, me semblait avoir la particularité d’être composées de gens admirables dont la particularité commune était de refuser la paresse de l’esprit, le plus court chemin de la réflexion.
(les colonisateurs et les fonctionnaires présents sur place n’étaient pas des Albert Londres ou des Albert Camus)

Aucune célébrité n’a jamais dit qu’il était bon, pour s’élever, pour sortir de la mentalité reptilienne, de travailler sur ses pensées réflexes, sur ses pensées premières, sur ses pensées brutes, faciles, paresseuses, afin de les métamorphoser en pensées bien plus fatigantes, fragiles aussi, mais bien plus esthétiques, sublimantes et romanesques. Pensées susceptibles de conduire à ce qu’un individu risque sa vie pour sauver celle d’un autre ou des autres, à offrir un de ses reins à quelqu’un par exemple.

Elles n’ont jamais fait explicitement cette recommandation, mais toutes ont bel et bien accompli ce travail et toutes pour nourrir cet objectif de dépassement de soi (d’où est née par exemple la Croix Rouge). C’est d’ailleurs assez étonnant que toutes les célébrités françaises aient accompli un tel travail sur soi pour s’élever et inviter les autres à cette quête d’élévation sans jamais dire « Nous devons travailler notre pensée brute pour sortir de la brutalité »
C’est étonnant et peut-être dommage.

Il y a évidemment un fossé entre le panel des panthéonisés que je connaissais depuis le Vietnam et la masse des Français. Tous les Français n’ont pas travaillé sur leurs réflexes premiers comme Albert Camus. Mais c’était tout de même bien en France qu’on pouvait trouver le plus de gens refusant la pensée reptilienne 

Pour de nombreuses raisons probablement, cette particularité des Français de refuser les a priori, tend à s’estomper. La volonté anarchiste s’étant subrepticement installée dans la pensée de chacun par le biais de l’individualisme, chacun en vient plus à déboulonner les anciennes idoles, à être iconoclaste, à casser des transcendances, qu’à cultiver les anciennes valeurs ou à en créer de nouvelles.

Sous le prétexte de « Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas » on en vient à être fier de dire ce « tout bas », ce reptilien, ce rampant, plutôt que l’élevé, le difficile, le travaillé.
« Quand des gens affamés arrivent dans des boats-people, il faut les rejeter à la mer » expose une députée, qui ne sait peut-être pas nager.

Je sais l’avoir cette pensée brute. Mon fils de 3 ans sait aussi l’avoir. Mon chien aussi (encore qu’étant Labrador...)
N’importe quel crétin sait avoir cette pensée et il n’est pas de mérite de la porter encore moins de la brandir.
Il est donc maintenant posé que le courage consiste à dire le « tout bas » alors que le véritable courage c’est de travailler, la terre, le bois, le fer, la pensée, son reptile.

Dire, voilà ce que sait faire un député. Dire et dire le bas tant qu’à faire, voilà son travail. Dire ce « tout bas » qu’à 2 ans je savais très bien énoncer sans me casser le cul, voilà ce qu’il faut faire aujourd’hui pour mériter les bravos et les émoluments princiers !
 (Les aristos avaient le devoir d’offir leur sang)
Punaise, bac + 5, études à la Sorbonne, à Sciences Po, à l’ENA, une pléthore de conseillers, des bureaux chauffés à 22, des voitures avec chauffeur, une retraite en or, tout ça parce qu’on a le courage de dire le tout bas de la pensée !
 

Oh mais quel con je suis, j’aurais dû faire député car la pensée toute basse, je la connais très bien et c’est hyper facile à énoncer ! Oh mais quel con !




Je reviens au sujet de ce billet.
Peu importe les stats, et leur soi-disant miroir, nous savons tous, pour la porter en nous-mêmes, pour avoir été violents, pour avoir vu la violence de près, y compris à la maison, à l’école, qu’elle existe et sa dose réelle, nous la connaissons tous, par notre expérience de la vie et de l’Homme.

Ce que nous savons aussi c’est que cette violence résulte de la pensée brute ainsi que de la cultualisation de la pensée brute par certains. Il y a la pensée brute qui vient en nous dès nos deux ans. Et il y a les organisations qui exploitent ce ressort primaire et qui, au lieu d’inviter à le travailler, à le métamorphoser en sentiments généreux, exhortent à l’aiguiser pour éliminer un ennemi désigné. Mais ce n’est pas parce qu’un sentiment reptilien est encouragé par une organisation qu’il en perd sa reptilité.


Ce n’est pas la violence soit chez l’homme soit chez la femme qu’il faut réduire mais toute la violence, toute la brutalité, si l’on tient à s’extraire de la geuserie.

Lorsque la pensée gueuse est constamment donnée en exemple au plus haut niveau du gouvernement français, ça veut dire que les Français ne veulent plus de la pensée noble, de celle d’Albert Camus, de celle de Victor Hugo, et qu’ils veulent un retour à la brutalité. A tous les niveaux, dans tous les lieux et vis-à-vis de n’importe qui.
Le milieu conjugal, déjà largement violenté par le zapping relationnel qui s’y produit, n’étant alors plus qu’un milieu comme un autre, destiné, comme les autres, à être brutalisé de mille manières, pas seulement avec les spectaculaires baffes et couteaux.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès