En pas mal de dizaines d’années, j’ai
vu un certain nombre de manifestations. Beaucoup étaient à ranger
dans les formalités. Mais pas celle-ci.
Quelques impressions :
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D’abord l’éternelle question du
nombre. Je dirais de l’ordre de 50 000, voire un peu plus. C’est
plutôt élevé pour une manifestation dont l’origine n’est pas
syndicale, sans être un record.
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La jeunesse de bon nombre de
manifestants. Ce n’était pas 7 à 77 ans puisque cela commençait...
à 3. Les vieux communistes (il s’agirait d’ailleurs plutôt
des vieilles communistes) ne constituent vraiment plus le gros de la
troupe.
-
Affiches, slogans, réactions ;
Mrs Hollande et Ayrault n’étaient pas mieux traités que Mrs
Sarkozy et Fillon ’ (« Hollande, si tu savais...) et le
PS n’a rien à voir avec la gauche (Devoir : le PS est-il un
parti de gauche ? Réponse : non, non et non ; note :
20/20).
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Après la manif, j’ai regardé et
écouté radio, télévision, et Internet. Rarement la volonté d’en
parler le moins possible (souvent en une seule phrase alambiquée
ou une très courte séquence ne montrant que le premier rang), d’en
minimiser le nombre (« quelques milliers » ou « des
milliers » alors qu’il s’agissait indiscutablement de dizaines
de milliers), de dénaturer le message (c’était une manifestation
contre l’austérité et on mentionnait à peine le traité européen)
n’a été aussi flagrante. Si cette manifestation avait eu lieu sous
Mr Sarkozy, la couverture médiatique aurait probablement été
moins malhonnête.
Ceci m’amène à deux conclusions.
Mr J.L. Mélenchon et les communistes
ont tort de ménager la chèvre et le chou en répétant qu’ils ne
sont pas dans l’opposition, en regrettant le manque de considération
du pouvoir à leur égard, etc. Le peuple de gauche, lui, a tranché :
le pouvoir et le PS sont des adversaires avec qui nous avons bien peu
de choses en commun. Le PS, lui, l’a d’ailleurs compris depuis
longtemps ; il sait bien que ses véritables ennemis sont la
gauche et il agit en conséquence.
Il faudra bien que les dirigeants de
gauche sortent de leur discours totalement schizophrénique sur
l’Union européenne. Ils nous expliquent, et ils ont parfaitement
raison, qu’il n’y a rien à espérer de l’U. E., que c’est un régime
de plus en plus autoritaire, qu’elle est toute entière dévouée à
la cause de l’ultra-libéralisme et qu’elle fait tout pour aggraver
l’exploitation de presque tous par des intérêts financiers à court
terme. Et en même temps ils prônent une mythique « Europe
Sociale », dont ils savent très bien qu’elle ne correspondra
jamais à rien, et proclament leur attachement à « l’ Europe »
comme si celle-ci, notion géographique et historique, se confondait
avec l’organisation des gnomes de Bruxelles.
Il faudra donc que le débat s’ouvre,
pas seulement sur la lutte, largement vouée à l’échec, contre les
méfaits de l’U.E., mais surtout sur la seule solution possible :
EN SORTIR.