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Commentaire de JC. Moreau

sur De l'antiracisme© et de son bon usage


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JC. Moreau (---.---.219.142) 19 février 2007 11:37

Cher Nisco,

Je conçois qu’il puisse vous être déplaisant de ne pas obtenir de moi toutes les réponses que vous espèreriez et selon la manière dans laquelle vous souhaiteriez les voir formuler. Il faudra cependant vous y faire, comme tout interlocuteur, je ne puis répondre en tous points au desideratas de tout un chacun, à plus forte raison lorsque je fais l’objet d’une hostilité manifeste. Voyez-vous, je suis paraît-il humain et j’ai parfois quelque réticence à me plier aux exigences de la meute, je suppose que vous avez déjà du connaître ce sentiment en d’autres temps et en d’autres circonstances.

S’agissant des causes dites internes, je les ai déjà exposées en termes génériques à Didu, précisant par ailleurs ce qui selon moi pourrait endiguer cette surenchère permanente dans la victimisation et ainsi permettre de distinguer les outrages réels de ceux qui ne procèdent que d’un fantasme victimaire. Je me permets donc de vous reproduire ci-après ce qui a déjà été posté plus haut : "Et pour cela, il me semble que l’égalité des droits doit primer sur le droit à la différence, c’est-à-dire que, et c’est là un avis de juriste, cesser d’individualiser les délits, réfréner cette volonté législative d’institutionnaliser des victimes et lui substituer un affinement des critères relatifs à la discrimination, à la dignité humaine,etc. afin qu’ils soient réellement la garantie d’une égalité juridique propre à lutter contre les inégalités de fait.

Enfin et surtout, consacrer dès le collège une part nettement plus considérable à l’apprentissage du droit français, que nul n’est censé ignorer mais que l’Ecole de la République n’enseigne à personne, seule solution à mon sens pour que les individus ne développent pas un sentiment d’impuissance face aux injustices subies. Sans cela, le recours à la violence comme moyen de lutte contre les injustices devient nécessairement contre-productif en appelant à soi la répression, et donc la stigmatisation.

C’est à mon sens ce point crucial de l’enseignement du droit , creuset de la conscience citoyenne, qui permettra d’endiguer les surenchères de haines réciproques et plus ou moins avouées auxquelles nous assistons tous aujourd’hui."

Pour résumer, les causes internes résident dans de nombreuses inégalités de fait qui pourraient être résolus par un recours facilité au droit (du fait d’un enseignement recadré). Le drame s’agissant du procès Charlie Hebdo est que l’action en justice, sous prétexte de préserver la sensibilité d’une population particulière, vise à imposer un droit à la déférence sur fondement religieux (car, pour résumer la position de Boubakeur, on peut caricaturer le prophète, du moment que l’on en fait l’éloge... singulière conception de la liberté d’expression et de l’Islam modéré...). Plus grave encore est cette décision de la Cour de Cassation qui vient de condamner Dieudonné pour des propos qui en eux-mêmes ne relèvent pas, à mon sens, d’une injure raciale. Celle-ci va contribuer à nourrir encore tous les visages de l’intégrisme religieux et des exigences communautaires.

Par ailleurs, lorsque j’emploie le terme d’alibi éthique, ce que vous ne semblez pas comprendre, c’est que je n’approuve pas la récupération stratégique du 11 septembre. Pour moi, l’éthique ne peut-être un alibi. Mais étant donné que vous m’avez d’emblée placé sur le bac des accusés, cette lecture de mon propos semble vous échappez en intégralité.

Enfin, s’agissant de la position de Falah, elle ne se limite pas comme vous l’entendez à mettre en exergue l’existence d’une manipulation occidentale (à dominante américaine) des controverses religieuses, mais vise bien à un processus d’extériorisation causale. En clair et par exemple, c’est ce procédé qui permet de justifier le ressentiment contre la population d’une région en projetant sur celle-ci des préjudices causés à des populations d’autres régions, en leur assignant une caractéristique commune qui fait des deux types de populations un tout indissociable, qui sublime les contextes particuliers. Et je ne peux accepter cette position comme une contre argumentation probante pour la bonne et simple raison qu’elle constitue l’un des premiers procédés de théorisation du racisme. Trois exemple :
- Justification de l’antisémistisme par la focalisation sur le conflit israëlo-palestinient.
- Justification de l’islamophobie par la focalisation sur le terrorisme islamiste, et par extension stigmatisation de la population maghrebine.
- Conflits inter-ethniques au Rwanda, au Darfour, etc... servant à des partis d’extrême droite pour définir les immigrés originaires de Centre Afrique et des régions périphériques comme étant violents « par nature » ou par « conditionnement social »...

Bref, autant de manoeuvres utiles pour habiller un préjugé , qu’il soit anthropomorphique ou d’une autre nature (en l’occurence religieux). Pardonnez-moi de ne pas souscrire à cette démarche, que je considère comme relevant au mieux d’une idiotie et au pire de la malhonnêteté intellectuelle.


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