Article intéressant qui a le mérite de poser un vrai débat.
Vu l’état des lieux du fonctionnement démocratique actuel de notre pays (lobbies, fonctionnement verrouillé des partis, professionalisation du politique, etc...), le passage à un tirage au sort intégral n’est pas la solution ; je me retrouve dans nombre de positions que Scual exprime dans ses commentaires. Mais j’irais plus loin que lui : oui les medias sont déterminants dans les choix et les évaluations des élus, et donc dans les manipulations ; mais le verrouillage du fonctionnement des partis est aussi problématique et entre pour beaucoup dans l’aspect sclérosé de la vie démocratique contemporaine, la vidant de tout contenu, la réduisant à des rites, les choix et décisions importantes étant faits ailleurs... Je n’étais pas, il y a quelque temps encore pour le tirage au sort ; mais ma réflexion évolue et j’en suis arrivé à la proposition suivante : pour toute assemblée existante (nationale, régionale, départementale, municipale) que l’on introduise un système de proportionnelle intégrale, dans lequel des sièges -dont le pourcentage correspondrait exactement à celui de l’abstention- seraient pourvus par des « tirés au sort » parmi les abstentionnistes ; dans un tel système les élus pourraient toujours appuyer leur légitimité sur le nombre de voix obtenues (nécessaire pour contrecarrer l’influence des lobbies), et les « tirés au sort » sur la légitimité des abstentionnistes (nombre de ceux qui ne se retrouvent dans aucune des offres des partis et qui ne doivent pas être « annulés » pour autant de la vie d’un pays) ; les « tirés au sort », de par leur indépendance absolue, joueraient ainsi les « mouches du coche » ou « électrons libres » obligeant de fait les partis à se recentrer sur leur véritable travail : laboratoire des projets nationaux, régionaux, départementaux ou municipaux ; travail pédagogique de débat, d’argumentation, et in fine recherche du consensus sur les propositions de lois ou de textes... Bien évidemment des mécanismes de contrôle de l’action, de révocation des élus, de mandat unique devraient accompagner ces dispositifs... Mais pour les organes délibératifs, le rôle actif des citoyens à travers l’acte de l’élection doit être fondamentalement conservé et pas laissé au hasard d’un tirage au sort généralisé (l’article fait abstraction totale des « projets », « programmes » qui sont autant d’instruments utiles à la formation et à la détermination du citoyen)...