à l’auteur,
J’ai suivi un peu trop distraitement les informations en provenance du Québec, ces derniers temps, mais je comprends assez mal les raisons qui peuvent vous conduire à parler de racisme. Si, dans un pays multi-ethnique (et ils le seront bientôt tous !) on impose aux citoyens de ne pas manifester publiquement leurs orientations religieuses, c’est précisément le meilleur moyen d’éviter toute forme de racisme. J’ai enseigné pendant une vingtaine d’années dans des lycées de la banlieue française, où les élèves étaient de toutes les orginies et de toutes les couleurs. La première fois, certes, ça m’a frappé, mais dès la fin de la première année, je ne voyais même plus les différences de couleurs qui, du point de vue du rapport aux études, n’avaient de toute façon aucune espèce de pertinence. J’ai pris ma retraite, mais j’en suis toujours là quand je monte dans une voiture du métro. En revanche, l’ostentation des signes religieux, c’est une tout autre affaire et cela se remarque parce ce que c’est une forme de provocation, pour ne pas dire d’exhibitionnisme. Je n’ai aucune espèce de raison d’imaginer qu’une femme qui vient du Maghreb - à supposer que son origine se lise sur son visage, ce qui est loin d’être évident - soit d’un autre monde que le mien. En revanche, si elle est voilée de la tête aux pieds, elle me dit avec une insistance très explicite : je suis d’un monde où les femmes sont des sous-hommes, ça me convient parfaitement et je t’emmerde. Me voilà donc en face de quelqu’un qui choisit de se stigmatiser soi-même en m’obligeant à prendre en compte une différence radicale que, par philosophie autant que par tempérament, je serais enclin à négliger radicalement. S’il y a du racisme, c’est plutôt dans ce type de provocation qu’il faudrait le voir.