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Commentaire de Pierre

sur Russie vs Occident


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Pierre Pierre 8 janvier 2014 13:24

@ Pyrrhos,
Je vous réponds parce que vos propos commencent à devenir intéressants et aussi parce que nous avons quand-même quelques points de convergence. 
Mais d’abord, dans mon précédent commentaire, je vous ai dit que je n’ai pas d’intérêts particuliers en Russie mais je ne vous ai pas dit quelles sont mes motivations.
Elles sont fondamentalement les plus démocratiques possibles. Je ne suis malheureusement pas satisfait de la direction que prend notre Occident. De petits groupes font des choix fondamentaux qui engageront l’Occident dans des voies dont on ne peut évaluer les impacts vu qu’elles n’ont jamais été tentées : cela sans réflexion contradictoire et c’est inquiétant. Je pense à la mondialisation, au futur Traité transatlantique et aux théories multiculturelle ou du genre qui vont nous couper de notre culture et de nos racines. Ces transformations de notre société se veulent sans débat démocratique parce que, suivant les « experts », il n’y a pas d’autre voie.
Quelques pays, la Russie en tête, proposent un autre modèle de société basé sur les valeurs traditionnelles, sur la famille et sur le rôle d’arbitre suprême de l’État.
Voila pourquoi je soutiens la Russie en tant que modèle alternatif en soulignant que je suis conscient de toutes les dérives qui ont lieu dans ce pays mais, de mon point de vue, ce sont des séquelles de l’ère Eltsine qui se corrigeront petit à petit.
Je pense qu’il y a des campagnes de dénigrement et de déstabilisation de la Russie justement pour que les valeurs qu’elle défend ne puissent servir de modèle alternatif.

Je vous donne deux liens qui vont dans le sens que je décris.
Un article du politologue Thomas Guénolé (lien) qui avait aussi écrit quelques articles sur AgoraVox il y a quelques années. Il répondait toujours de façon courtoise aux commentaires. Il y a quand-même une erreur dans son article. Mikhaïl Khodorkovski n’a jamais fait de politique et n’a jamais eu de mandat électif. Son opposition à Poutine se situait au niveau de refus de se soumettre à la loi que le président voulait imposer à tous. (La dictature de la loi.) Il considérait que, comme il avait contribué à l’élection de Vladimir Poutine à la présidence, celui-ci était son obligé et pas le contraire. Comme quoi, parfois quand on veut faire taire des clichés, on en commet soi-même.

Une conférence de presse de Mikhaïl Khodorkovski dans le Monde par Piotr Smolar, jamais tendre avec Vladimir Poutine. (lien) 
Quelques remarques.

  • Il ne veut toujours pas faire de politique.
  • Le système pénitentiaire russe n’est pas le goulag.
  • On peut humilier, faire pression sur des détenus. Comme partout, en France, en Chine, aux États-Unis, etc.
  • La nourriture avariée. On m’en a servie dans des hôtels 3 étoiles.
  • Il était en Carélie (à coté de la Finlande), pas en Sibérie comme on le lit en permanence. Je sais qu’il a aussi été en Sibérie.

Je vous renvoie votre lien sur les assassinats de journalistes en Russie que vous avez mis dans un de vos premiers commentaires. (lien) Si vous regarder l’histogramme, vous verrez que, comme je le dis, ces assassinats sont en nette diminution. Ils sont d’ailleurs liés à la criminalité caucasienne. Ceux du début des années 90 étaient liées aux prises de contrôle des fleurons de l’industrie russe par les oligarques.

Je n’ai aucun problème à convenir que la classement de la Russie dans l’indice de démocratie est justifié. Plutôt que pays autoritaire, je qualifierait la Russie de démocratie dirigée encore que le président ait peu d’autorité sur des régions lointaines comme Irkoutsk ou Vladivostok.

Réponses point par point.

  • La Russie place ses prisonniers où elle veut sans pour cela être une dictature. Je vous signale d’ailleurs que les camps de travail en Sibérie sont situées dans le sud alors que les Goulags l’étaient dans le Nord. Les prisonniers du goulag ont construit les ports de l’océan Arctique avec un taux de mortalité effrayant. Ce n’est pas le cas des camps actuels.
  • Pourquoi dites-vous que les plus démunis reçoivent des miettes ? Il y a des revalorisations des pensions de retraite qui n’étaient d’ailleurs plus régulièrement payées sous l’ère Eltsine ou des augmentations pour les salaires les plus bas des fonctionnaires. La Russie est un pays beaucoup plus social que vous ne croyez même si vous pouvez penser qu’il y a derrière cela des pensées électorales.
  • Je répète que les directives Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ne sont pas relayées à cause d’une certaine inertie des administrations, surtout régionales. Ils ne peuvent tout de même pas suivre individuellement des millions de dossiers. Vladimir Poutine en suit parfois certains de près mais c’est une goutte d’eau dans l’océan.
  • Je vois que vous évoquez des aspects géostratégiques dans votre dernier commentaire. C’est une évolution. Je vous répète que Vladimir Poutine ne veut pas imposer ses vues sur le monde. Il se tient au droit international. C’est l’Occident qui veut imposer ses vues au monde, autant en Ukraine qu’en Syrie.
  • En Ukraine. Vladimir Poutine n’avait pas mis un fusil dans le dos de Viktor Ianoukovitch pour l’empêcher de signer le traité. Il lui a signifié que s’il choisissait l’autre camps, il y aurait des conséquences économiques désastreuses pour l’Ukraine. Un peu comme une jolie fille qui veut filer le parfait amour avec l’élu de son cœur mais qui voudrait aussi que son ancien amant continue à l’entretenir. Quand ce dernier a menacé de couper les vivres, elle a fait un choix de raison, sans violences.
  • En Syrie. Vous avez tout faux. La Syrie a entamé des réformes économiques au début des années 2000. C’est l’Occident qui lui avait alors aussi demandé de réprimer les Islamistes. C’était la doctrine de l’administration Bush après le 9/11. L’Occident changea de doctrine à l’arrivée de Barack Obama quand il crût qu’il pourrait mieux contrôler le Moyen-Orient avec les Frères musulmans. Il voulut alors renverser Bachar al Assad. Vous ne pouvez tout de même pas balayer d’un revers de main les propos de Roland Dumas. (lien) J’ai d’autres témoignages du même genre mais celui-ci est assez explicite. Bachar al Assad est prêt à se présenter devant les électeurs. S’il n’est pas élu, il se retire. Où est le problème ? Oui, il y en a un : l’Occident et ses alliés arabes qui perdraient la face.
  • Je vous répète que je suis plus terrorisé par les États-Unis que par la Russie de Vladimir Poutine. La majorité des Ukrainiens veut rester indépendant mais n’est pas terrorisée par la Russie pour cela.
  • Il y a une profonde incohérence à vouloir plus de démocratie en Russie et en même temps essayer de la déstabiliser et d’encourager le terrorisme dans le pays. Il est vrai que la démocratie et les droit de l’homme sont secondaires pour les Occidentaux devant les enjeux géopolitiques.
  • Nous avons tous les deux donné notre lecture de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Nous ne sommes pas d’accord et nous n’arriverons pas à l’être.
  • Pour le renversement des dictatures, citez-moi un cas où le renversement par des forces étrangères a réussi. Peut-être le Bangladesh mais c’est tout. Je peux vous citer au moins 20 exemples de basculement de dictature vers la démocratie sans grande violence et sans intervention armée extérieure.
  • Dernier point. Il est impossible d’être dans le camps des démocraties et d’être allié à l’Arabie saoudite ou au Qatar. Quand ces pires régimes qui existent sur terre auront disparu, on reparlera du martyr du peuple syrien et des vrais causes de cette tragédie.

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