LE ZERO
Un nombre qui n’a pas toujours été considéré comme tel. Son apparition fut longue et délicate suivant les civilisations qui n’ont pas toutes ressenti le besoin d’inventer un symbole pour représenter l’absence d’objets ! Et quand ce besoin s’est fait sentir, son introduction a suscité beaucoup de crainte et de mystère. Le zéro est par sa nature différent des autres chiffres.
Pour les grecs de
l’Antiquité par exemple, est « un » ce qui existe. A cette époque, ils
ne possédent pas encore un degré d’abstraction suffisant pour pouvoir
imaginer et de surcroît écrire ce qui n’est pas.
Citons d’Euclide d’Alexandrie (-320 ? ; -260 ?) :
« Est unité ce selon quoi chacune des choses existantes est dite une. »
Pourtant les astronomes grecs emploient dans leurs tables un zéro, l’omicron, noté o qui ressemble à notre zéro actuel mais il s’agit vraisemblablement d’une coïncidence. Les grecs comprennent l’utilité d’un zéro pour leurs calculs mais le rejettent pour des croyances philosophiques. Comme l’infini, le zéro fait peur aux grecs. Selon la conception aristotélicienne, le vide et l’infini n’existent pas, bien qu’elle conçoive un infini potentiel au sens d’une éventualité utopique impossible à réaliser.
Il y a donc peu de chance pour que le zéro grec soit l’ancêtre de notre zéro.
La première trace du zéro nous parvient des babyloniens (3e siècle avant J.C.).
Leur système de numération tenant sur la combinaison du principe de position et du principe additif est parfois ambigu.
Comment écrire par exemple le nombre « 305 » si on ne dispose pas du
symbole « 0 ». On peut écrire « 3 5 », mais ne risque-t-on pas de
confondre avec « 35 » ? Les scribes ont l’idée d’un signe de séparation
des symboles se présentant sous la forme d’un double chevron exprimant
qu’il n’y a rien.
C’est le plus vieux zéro connu mais ce n’est pas encore un nombre ni même une quantité. On le qualifierait plutôt de « pense bête » ou de « marque-place » qui ne servait à autre chose que de fixer la bonne place des chiffres dans le système de numération de position.
Indépendamment des autres civilisations, les savants mayas développent au cours du 1er millénaire de notre ère un système de numération performant et inventent un « zéro ». Le symbole connaît des formes très diverses telles que celle d’un coquillage.
Mais le coup de génie vient encore de l’Inde où
le zéro apparaît vers le Veme siècle. A l’opposé des grecs, la religion
hindoue intègre totalement le vide et l’infini. Elle voit le cosmos
comme un univers qui s’étend à l’infini alors que pour les pythagoriciens, le cosmos est « prisonnier » dans des sphères de différentes tailles qui émettent de la musique : l’harmonie des sphères.
Le zéro n’est plus seulement un symbole utilisé pour marquer un vide, mais il devient un nombre à part entière.
En 628, dans un traité d’astronomie appelé le Brahma Sphuta Siddhanta, Brahmagupta (598
; 660) définira le zéro comme la soustraction d’un nombre par lui-même
(a - a = 0). Il établira aussi qu’un nombre multiplié par zéro est égal à
zéro. A cette époque, on l’appelle « sunya » qui se traduit par « vide »
en sanskrit (la langue indienne).
Brahmagupta tente
en vain de calculer 1:0 et 0:0. Pour la 2ème division, il affirme que
le résultat est 0. Ce qui est faux, il s’agit d’une forme indéterminée.
Quant à la première, il faudra attendre un autre mathématicien indien, Bhaskara (1114
; 1185) pour apporter la solution. Effectué à la calculatrice, 1:0
provoque une erreur. En effet, la division par zéro est interdite en
mathématiques. Il s’agit en fait d’un calcul de limite. En prenant des
valeurs de x de plus en plus proches de zéro, on s’aperçoit que 1 :x prend des valeurs de plus en plus grandes. Bhaskara découvre que le zéro est l’infini sont intimement liés par le fait que 1:0 n’est autre que l’infini !
En même temps que l’Islam s’étend dans le monde arabe, les musulmans abandonnent la théorie d’Aristote (-384 ; -322) rejetant le vide et l’infini. Ils emprunteront le zéro aux indiens et le mot deviendra « sifr ».
Le zéro arrive en occident au XIIeme siècle. Mais comme pour les autres chiffres, le zéro fait une entrée laborieuse dans le langage mathématique.
Il souffre des vestiges de la pensée aristotélicienne, mais aussi de la méfiance de l’Eglise.
Léonard de Pise, dit Fibonacci (1170 ; 1250), utilise dans son Liber Abaci le nom de « zefirum » qui fait son apparition pour les besoins du commerce. Le mot deviendra ensuite « zefiro » pour devenir « zero » à partir de 1491. Notons que le « sifr » arabe dérivera aussi vers le mot « chiffre ».
16/04 18:02 - P-Troll
16/04 02:07 - Iren-Nao
@P-Troll Non, j’habite au Siam. Je pense que la Malaisie est plutôt en calendrier (...)
15/04 15:16 - P-Troll
@Aldous l’agriculture a évolué, mais on récolte toujours le blé en été ce qui a changé, (...)
15/04 15:13 - soi même
@Aldous, toute la question n’est pas vraiment cette utilisation mathématique du temps de (...)
15/04 14:03 - Aldous
@soi même L’absence de 0 dans les laths grecs est un mythe. le ouden (ō) (...)
15/04 13:53 - Aldous
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