L’auteur semble reprocher à l’idéologie qu’il qualifie de « judéo-chrétienne »
d’avoir privé l’humanité du bonheur qu’elle
aurait connu si l’hédonisme de la Grèce antique avait pu s’épanouir.
Deux remarques :
- L’appellation de « judéo-chrétienne »
est détournée de son sens réel qui concernait en fait les chrétiens d’origine
juive observant la loi mosaïque et non pas une morale amalgamant les tabous
communs aux deux religions)
- Le fait de passer sous silence l’impact de l’islam
en matière de tabous dans une partie de l’ancien monde grec est regrettable.
Sur le fond, il faut savoir que l’hédonisme a déjà fait l’objet
de réserves majeures de la part d’Epicure et d’Epictète il y a plus de 2000
ans, et que leurs arguments méritent d’être connus et analysés.
Les thèmes récurrents chez les penseurs hédonistes sont
toujours les mêmes : l’amitié, la tendresse, la sexualité libre, les
plaisirs de la table, la conversation, une vie sans trouble (recherche de l’
Ataraxie), un corps en bonne santé. Mais les marges de manœuvre sont étroites :
un plaisir ne doit pas provoquer un déplaisir plus grand. Eviter douleurs et déplaisirs
contraint à une ascèse, une hygiène de vie et une prudence dans ses relations
avec les autres qui ne partagent pas forcément les mêmes convictions.
Il n’y a donc pas d’hédonisme sans discipline personnelle, autonomie
de pensée (et non croyance), et expérience du réel (au lieu de foi). Le fait
que la pensée hédoniste ait été souvent combattue par les régimes autoritaires religieux,
philosophiques ou politiques, ne doit pas faire penser qu’une société
autorisant l’épanouissement des individus serait dispensée de règles et de
contraintes. C’est toute la différence entre un projet cohérent réaliste et une
utopie.