communiqué de presse du G.S.A.M. (groupe suisse des amis du molosse)
Suite à l’accident d’Oberglatt, notre association est évidemment associée à la douleur de la famille et des proches de la petite victime de ce drame.
Ceci-dit, nous trouvons que l’empressement des acteurs politiques et médiatiques du pays à mettre à l’index plusieurs races de chiens, dont le pitbull - évidemment ! -, est inéluctablement arbitraire et permet de mettre l’opinion publique de leur côté ; mais sans se soucier de mettre en péril le travail accompli depuis des années par des éleveurs consciencieux qui se sont investis dans l’élevage de spécimens équilibrés et sûrs comme peut l’être un animal de compagnie. Cette attitude va être à l’inverse du résultat escompté concernant les races discriminées et peut même, à notre avis, péjorer une problématique déjà bien complexe.
De plus, il nous semble évident que se focaliser sur certaines races de chiens du fait de leur faciès, de leur masse corporelle et de leur réputation hérités d’une « maltraitance humaine » passée, voire actuelle (combats de chiens, désocialisation, faire-valoir, arme, etc.) conduit non seulement à une psychose collective, mais aussi à une criminalisation des maîtres respectueux de leur chien et de l’éducation adéquate qu’ils leur prodiguent.
Aussi, il nous apparaît étonnant que de nombreux conseillers nationaux aient consenti à signer la pétition d’un journal populiste et racoleur, surfant sur les peurs et les craintes qu’il entretient.
Il est vrai que les chiens de races molossoïdes ou terriers de type bull peuvent occasionner des morsures plus importantes que des chiens de petite taille. Il est aussi vrai que ces chiens tant décriés sont souvent recherchés par des « gens du milieu » ou des « petites frappes » en raison de l’apparence dissuasive de l’animal. Mais c’est tout de même oublier que tous les chien maltraités, entraînés à mordre ou à se battre, peuvent représenter un danger potentiel et bien réel pour l’homme ou l’animal, quel que soit la race.
La dangerosité ou l’agressivité n’est donc pas le fait d’une ou plusieurs races, mais bien de tout chien conditionné dans ce but. Et ce n’est pas en édictant une liste de chiens dits dangereux ou une liste de chiens interdits que le problème des accidents canins sera résolu. Nous remarquons que dans les pays qui ont édicté de telles dispositions, les morsures n’ont pas diminué, bien au contraire !
Il est important de souligner qu’en Suisse il y a déjà eu, par le passé, des morts par morsures... et que rien n’avait été fait en ce temps-là :
· 1979 : un enfant est tué par deux St-Bernards
· 1982 : un homme est tué par ses Bergers Allemands
· 1996 : un bambin est tué dans son couffin par un teckel
En France, entre 1994 et 2004, 64 morsures graves :
· 50 par des Retrievers (Goldens et Labradors)
· 8 par des Bergers (Allemands et Belges)
· 2 par des molosses (A.S.T. et Pitbull)
· 4 par des bâtards
En revanche, l’exemple de Neuchâtel qui s’est plus dirigé dans le sens de la prévention que de la coercition au niveau du chien, nous démontre que c’est une piste essentielle pour prévenir les cas graves de morsures ; près de 40% en moins !
Ce qui précède ne veut pas stigmatiser des races, mais montrer que le fait de mettre à l’index le pitbull et d’autres chiens ayant soi-disant une grande propension à morde est illusoire.
En effet, beaucoup de chiens mieux acceptés par la population ne sont et seront jamais inquiétés, car faisant parti du paysage canin traditionnel suisse depuis longtemps. Vouloir bannir ou interdire le pitbull ou d’autres races qui ont eu le malheur d’être entraînés dans le sillon des « chien dangereux » est trop facile. Et le prétexte que ce sont des molosses... donc des molossoïdes faisant parti du groupe 2 de la F.C.I. ne résiste pas à un examen sérieux : le pitbull est un terrier comme l’amstaff... et appartient au groupe 3 !
De plus, le 80% des morsures de chiens se passant dans le cercle familiale, à la maison, mettre une muselière au chien dans les lieux publiques ou simplement en extérieur ne fera qu’augmenter le stress et la nervosité de l’animal. Et lorsque ce dernier rentrera dans son foyer et quittera son harnachement de cuir et de métal, il présentera un risque accru d’agressivité ou de déviance.
Enfin, en interdisant purement et simplement le pitbull ou toute autre race en Suisse, la décision augmentera l’intérêt des malfrats et autres petites gouapes pour d’autres races ou, pire encore, le croisement hasardeux entre plusieurs races, ce qui rendra impossible la gestion et la reconnaissance des bâtards qui en résulteront.
En revanche, il nous semble important que les lois déjà en vigueur soient appliquées, comme le contrôle des portées - et pourquoi pas toutes les portées, professionnelles ou non ? - , la bonne socialisation du chien qui est visible sur la voie publique et peut être contrôlée par la police, l’adéquation maître/chien et les réactions du chien que peuvent constater le vétérinaire et l’éducateur canin ?
En outre, il s’avérerait intéressant que le propriétaire - et peu importe la race de chien choisie -, se voit astreint à suivre des cours d’éducation canine destinés aux jeunes chiens.
Notre association est à disposition de chacun pour dispenser les renseignements utiles concernant les questions canines en général et les molossoïdes et terriers de type bull en particulier.
Pour le G.S.A.M., Pierre Boegli