La crise n’est pas assez mûre.
Tant que les CRS et policiers seront (bien) payés à la fin du mois, ils obéiront aux ordres. Au-delà de l’idéologie politique, ils tiennent avant tout à leurs salaires réguliers.
Mais lorsque inévitablement, la crise montera d’un cran, avec la perte du triple A de la France, et/ou un problème de liquidités de l’employeur Etat, voire la faillite officielle de la Grèce, un nouveau plan de rigueur sera dévoilé.
Dès lors, en cas de « bank run », le policier ira faire la queue devant son agence bancaire comme tous les autres citoyens.
De même, un plan drastique peut engendrer le gel ou la baisse des revenus des fonctionnaires d’Etat, donc des policiers, accompagné d’un report de l’âge de la retraite de quelques années et de restructurations « sauvages » des services. Cela peut inciter certains sinon à lâcher leur employeur, c’est à dire l’Etat, du moins à ne plus faire de zèle.
Mais là, nous serons proche du chaos...
D’autre part, vu l’état actuel de la société française, et sans vouloir démotiver les « occupydéfense », nous sommes loin d’une cohésion populaire qui puisse engendrer un fort mouvement.
1 – Diviser pour mieux régner : ce vieil adage est on ne
peut plus d’actualité.
La société française est disloquée et
écartelée.
Tout le monde prêche dans son petit coin, pour
maintenir son pré carré, son confort et ses acquis. Zéro
solidarité, chacun pour sa pomme.
Entre les ouvriers, les bobos,
les « capuches » de banlieue, les employés du privé,
les fonctionnaires, les chômeurs, les RSA, les retraités aisés,
les retraités sans argent, les « working poor » , les
immigrés (clandestins ou français naturalisés) du Maghreb,
d’Afrique noire, d’Asie, d’Europe centrale, les écolos, les fachos,
les agriculteurs, les homosexuels, les pro-Israëlien, les
pro-Palestinien, les pro-mondialisation, les anti-mondialiste,
les...
Bref = Zéro cohésion !
Personne ne veut manifester avec l’autre, et personne ne veut
payer pour l’autre. Pourtant, tous ces citoyens sont victimes du même
système financier international et ils pourraient s’unir.
Pour
rester dans les vieux adages : l’union fait la force
(ironiquement devise de l’Union Européenne, me semble-t-il),
2 – La précarisation du travail : « Tant que j’ai un
boulot, ça va et le reste je m’en fiche. Le principal est que je
puisse garder mon travail, pas d’aller manifester pour mon voisin.
Donc je la ferme. ».
D’ailleurs, les grande révoltes se
déroulent en période de santé économique (mai 68 durant les 30
glorieuses). En période de crise, c’est le repli sur soi et le
« chacun pour soi ». De nombreux énarques et historiens
ont étudié le sujet et savent que le risque de révolte est faible
actuellement, paradoxalement. Les manifs en Grèce, en Espagne, aux
USA n’ont d’ailleurs à ce jour rien changé...
3 – Le système de redistribution et d’aides sociales Français,
certes à bout de souffle, joue objectivement encore son rôle
d’amortisseur (récession moindre en 2008 en France que dans les
autres pays touchés par la crise). Mais lorsque la France va perdre
son tripe « A », ça sera fini.
Conclusion : un peu de patience...