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Alain Michel Robert Alain Michel Robert 6 décembre 2011 11:51

Problème pour les musulmans : entre les sourates méquoises et les sourates médinoises il y a des contradictions. Alors, quʼest-ce qui est vrai ? Comment arbitrer entre des versets contradictoires ?
Réponse dans les S2 v106 et S16 v101 : le principe dʼabrogation ou an-naskh.
S2 v106 : « Dès que nous abrogeons un verset ou le faisons oublier, nous le remplaçons par un autre meilleur ou semblable. Ne sais-tu pas que Dieu est omnipotent ! »
S16 v101 : « Si nous substituons une révélation à une autre -et qui mieux que Dieu connaît ce quʼIl révèle- ils te traitent de menteur. Hélas ! Ils forment une masse ignorante. »

Pour un musulman Dieu est tellement tout puissant quʼil peut parfaitement changer dʼavis du jour au lendemain, donc : « il nous faut nous en tenir à ce que Dieu a dit en dernier. »
Mais, comme les sourates sont classées par ordre de taille, il va falloir tenir compte de
lʼordre chronologique. Il va donc y avoir, dans le Coran 2 types de versets : les abrogés (mansûkh) et les versets abrogeants (nâsikh)
Les versets abrogés sont toujours présents dans le Coran, ils peuvent êtres cités, mais sont sans valeur. Les versets abrogeants sont les seuls valables.
Dʼoù la nécessité dʼavoir gardé une chronologie... ce que la tradition musulmane a fait.

Le problème, cʼest que les derniers versets historiques étant les versets de la période médinoise, ceux de la période guerrière et politique de Mahomet, ceux les plus stricts moralement, les plus violents, les plus légalistes et juridiques, sont ceux qui vont abroger les versets les plus poétiques, tolérants, ouverts et spirituels.
Ce principe « abrogeants/abrogés » va être à la source du durcissement juridico-politico-guerrier du Coran.

Les versets pacifiques sont souvent cités pour montrer que le Coran est tolérant... mais ils sont presque tous abrogés.
Exemple : La fameuse sourate de la vache, citée par l’auteur de l’article, « ...pas de contrainte en religion » est un verset mansûkh. Il a été écrit à lʼarrivée de Mahomet à Médine... là où il nʼavait pas encore exilé et trucidé les juifs de Médine. Les versets plus tardifs de la période médinoise sont beaucoup plus violents et intransigeants... et eux, par contre, sont nâsikh puisquʼils sont chronologiquement postérieurs.

Le théologien libéral soudanais et homme politique, Mamoud Mohamed Taha, a proposé de réviser la tradition du principe dʼabrogation (datant du 8e / 9e siècle). Il critiquait le canon du Coran en se demandant quel était lʼélément clé qui devait servir de régulation à la lecture de tout le reste ? Pour lui, ça devait être les sourates de la première période médinoise, celles les plus libérales et prophétiques. Il a été déclaré hérétique et pendu en 1985.

Aujourdʼhui, les rares exégètes musulmans qui se risquent à faire de lʼexégèse historico-critique ont de très gros problèmes.
Le dernier des grands soufis : Abou Mansur Al-Hallaj a été crucifié à Bagdad en 922 parce qu’il avait proclamé : « Dieu est amour, lʼamour est lʼessence de Dieu ». Pour le Coran, Dieu n’est pas amour... en essence, il est miséricordieux (un des 99 noms de Dieu). Cette crucifixion marque la fin de l’Islam tolérant et ouvert de la dynastie des Abbasides... Avicenne et Averoès vont en faire les frais... 


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