Les débats sur l’espéranto/anglais ont tendance à tourner en rond. Les mêmes arguments sont développés indéfiniment de part et d’autre, car on ne part pas de la bonne question : une langue commune, pour quoi faire ?
Lorsque l’on tente de comparer l’espéranto à l’anglais, on a l’impression de saisir une savonette : elle vous échappe constamment des mains. Fait on référence à la facilité de l’espéranto, on nous répond que l’anglais est facile, vu le nombre de gens qui le parlent (sans préciser qu’il s’agit d’un niveau plus que basique).
Evoque-t-on le pouvoir de communication de la langue de Zamenhof, et la possibilité de discuter de n’importe quel sujet avec des interlocuteurs de l’autre bout de la planète qu’on nous renvoie la richesse de l’anglais avec ses 250000 mots (j’ai vu quelque part le chiffre d’un million, mais qui les connaît tous ?), sans mentionner la difficulté de parvenir à un niveau suffisant pour faire la même chose.
Faute de préciser à quel niveau de langue on se réfère, et pour quoi faire, les arguments tournent à vide : Ok, il faut 150 heures pour apprendre l’espéranto contre 1500 pour l’anglais, mais pour être capable de faire quoi avec ? Si l’on ne précise pas, ça ne veut rien dire.
De même le nombre de locuteurs. Il est évident que ceux qui ont suivi quelques cours sont beaucoup plus nombreux que ceux qui sont capables de se débrouiller dans un congrès. Mais cela n’est pas précisé. C’est dommage.
Il en est de même pour les autres langues. Par exemple dans l’Eurobaromètre, on se contente de compter ceux qui déclarent connaître telle ou telle langue. Autrement dit, on ratisse large. Des études sérieuses, à base de tests, seraient plus intéressantes. Je suppose qu’elles ont été faites, mais que les résultats n’étaient pas de nature à donner envie d’en faire une large publicité.
Il existe un système normalisé de niveaux de langue, basé sur les capacités langagières, établi pour le Conseil de l’Europe (« Common European Framework ») et divisé en 3 niveaux A, B et C (chacun étant subdivisé en sous-niveaux 1 et 2). La description est assez compliquée (longue liste de compétences), c’est pourquoi je vous incite à aller sur votre moteur favori. Cependant ce système a le mérite d’exister, et donc de permettre des chiffrages et des comparaisons. Certaines universités (cambridge esol) donnent même une estimation des heures de cours nécessaires pour chaque niveau..
Les espérantistes devraient se référer à ces niveaux afin de faciliter les comparaisons et donc d’argumenter de façon plus pertinente.