Et oui, malgré tout, l’inconscient n’a pas été déboulonné et
pas plus le principe du plaisir ou le principe de la réalité, quelques concepts
qui sont de très bons outils et même d’une aide indispensable dans le travail
éducatif auprès de publics en difficulté pour mieux les comprendre, les
soutenir, les guider vers l’autonomie autant que faire se peut. Il n’y a que la psychanalyse pour nous avoir donné la portée des progrès des processus
conscients qui se sont fait jour avec l’avènement de la raison dans l’histoire.
La psychanalyse à un objet, une théorie, une technique et une pratique, des
savoir-faire et une expérience incomparable, ce qui fait quelques-uns des traits
qui font une science. La psychologie cognitive n’est pas nécessairement à
opposer à la psychanalyse, c’est une autre entrée d’un même univers, celui du
psychisme humain que nul n’avait envisagé avant Freud. Le surréalisme n’aurait
jamais vu le jour sans la psychanalyse et le Manifeste du surréalisme de Breton
reste, de ce point de vue, une œuvre majeure pour mieux comprendre ce que l’on
doit à la psychanalyse. Totem et tabou est aussi un outil indispensable, mais
par trop laissé à la marge par l’anthropologie et la sociologie voire la
science historique, pour appréhender un début d’histoire des figures de la
pensée dans le prolongement d’un Hegel et de sa phénoménologie de l’esprit. Avant
de vouloir déboulonner quoi que ce soit, faut-il encore éviter ce nihilisme
très en vogue qui consiste détruire tout ce qui rend lisible les contradictions
de notre monde et des profondeurs de la pensée de l’homme à la recherche de
lui-même et peut-être, loin devant cette droite qui se perd dans l’infini de la
pensée logico-mathématique, du sens que prennent ses actes comme agent de son
histoire. Les temps sont à nier tout système de pensée, toute vision d’ensemble
des choses à la faveur d’un post-modernisme qui ne sait que détruire, sans rien
proposer d’autre à la place que ce vide qui justifie en creux l’hyper-individualisme
et le boboïsme convenu ambiant. Sur un sujet aussi sérieux, on serait en droit
d’attendre autre chose que ce recyclage antipsychanalytique à mille lieux du
niveau d’un véritable débat sur la place de cette science de la psychè dans
notre société, que rien ne peut contrebalancer à ce jour.