Bon, juste un petite scène de vécu récente qui ne vaut pas explication...
La semaine passé je suis retourné pour la première fois à l’endroit ou je suis né à Pertuis (Vaucluse) . Petit pèlerinage à l’église, une dame âgée brulait un cierge, j’ai entamé une conversation anodine ou je glissais que j’étais natif de la petite ville...moi aussi dit la vieille dame, en 1940 j’ai été baptisé ici, dans la sacristie car il faisait un froid de chien et c’était la seule pièce chauffée... et d’ajouter dans la foulée : « vous savez on est vraiment plus beaucoup a être nés ici... » à cet instant je levai les yeux pour voir passer, en habits sacerdotaux, le jeune curé de la paroisse : il était du plus beau noir ébène...je sors pour trouver au milieu de la place trois pépères nords-africains en train de s’apostropher bruyamment dans leur langue natale...probablement d’anciens harkis pensais-je...je traverse la place attiré par l’étal sympathique d’une épicerie à spécialités régionales, délicieuses huile d’olive et cerises du pays. Un peu déçu de ne déceler aucun accent chantant chez la charmante épicière, je m’enquière de son origine : une bretonne pure cidre et pure galette séduite par un marseillais de passage...
Je suis né ici le 9 aout 1943, peu de temps avant une petite colonie de Juifs avait été arrêté puis déporté, par la Gestapo locale composée aussi de « bons Français »...mon père, voulant porter secours à une pauvre femme défenestrée des locaux de la dite Gestapo, ne dut son salut qu’à son appartenance à l’encadrement des chantiers de jeunesse locaux...il n’y a pas de morale à cette histoire.