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Pierre-Yves Martin 1er octobre 2012 19:23

En pas mal de dizaines d’années, j’ai vu un certain nombre de manifestations. Beaucoup étaient à ranger dans les formalités. Mais pas celle-ci.

Quelques impressions :

  • D’abord l’éternelle question du nombre. Je dirais de l’ordre de 50 000, voire un peu plus. C’est plutôt élevé pour une manifestation dont l’origine n’est pas syndicale, sans être un record.

  • La jeunesse de bon nombre de manifestants. Ce n’était pas 7 à 77 ans puisque cela commençait... à 3. Les vieux communistes (il s’agirait d’ailleurs plutôt des vieilles communistes) ne constituent vraiment plus le gros de la troupe.

  • Affiches, slogans, réactions ; Mrs Hollande et Ayrault n’étaient pas mieux traités que Mrs Sarkozy et Fillon ’ (« Hollande, si tu savais...) et le PS n’a rien à voir avec la gauche (Devoir : le PS est-il un parti de gauche ? Réponse : non, non et non ; note : 20/20).

  • Après la manif, j’ai regardé et écouté radio, télévision, et Internet. Rarement la volonté d’en parler le moins possible (souvent en une seule phrase alambiquée ou une très courte séquence ne montrant que le premier rang), d’en minimiser le nombre (« quelques milliers » ou « des milliers » alors qu’il s’agissait indiscutablement de dizaines de milliers), de dénaturer le message (c’était une manifestation contre l’austérité et on mentionnait à peine le traité européen) n’a été aussi flagrante. Si cette manifestation avait eu lieu sous Mr Sarkozy, la couverture médiatique aurait probablement été moins malhonnête.

Ceci m’amène à deux conclusions.

Mr J.L. Mélenchon et les communistes ont tort de ménager la chèvre et le chou en répétant qu’ils ne sont pas dans l’opposition, en regrettant le manque de considération du pouvoir à leur égard, etc. Le peuple de gauche, lui, a tranché : le pouvoir et le PS sont des adversaires avec qui nous avons bien peu de choses en commun. Le PS, lui, l’a d’ailleurs compris depuis longtemps ; il sait bien que ses véritables ennemis sont la gauche et il agit en conséquence.

Il faudra bien que les dirigeants de gauche sortent de leur discours totalement schizophrénique sur l’Union européenne. Ils nous expliquent, et ils ont parfaitement raison, qu’il n’y a rien à espérer de l’U. E., que c’est un régime de plus en plus autoritaire, qu’elle est toute entière dévouée à la cause de l’ultra-libéralisme et qu’elle fait tout pour aggraver l’exploitation de presque tous par des intérêts financiers à court terme. Et en même temps ils prônent une mythique « Europe Sociale », dont ils savent très bien qu’elle ne correspondra jamais à rien, et proclament leur attachement à « l’ Europe » comme si celle-ci, notion géographique et historique, se confondait avec l’organisation des gnomes de Bruxelles.

Il faudra donc que le débat s’ouvre, pas seulement sur la lutte, largement vouée à l’échec, contre les méfaits de l’U.E., mais surtout sur la seule solution possible : EN SORTIR.


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