@ Aldous, Traduction d’une intervention d’Andreï Tarkovski à Londres, en 1984, à l’occasion d’une rétrospective de ses films.
« Il
est possible que l’Apocalypse soit la plus grande œuvre poétique créée
sur terre. C’est un phénomène qui dans son essence exprime toutes les
lois établies pour l’homme par en haut. Nous savons que depuis très
longtemps ont lieu des discussions sur les variantes de tel ou tel
passage de la Révélation de Saint Jean. C’est-à-dire, si l’on s’exprime
de manière triviale, nous sommes habitués à ce que la révélation soit
commentée, à ce qu’on l’interprète. C’est justement ce que, de mon point
de vue, il ne convient pas de faire, parce qu’il est impossible
d’interpréter l’Apocalypse. Parce que dans l’Apocalypse, il n’y a pas de
symbole. C’est une image. Or, s’il est possible d’interpréter un
symbole, ce n’est pas le cas d’une image. On peut déchiffrer un symbole,
ou plutôt en extraire un certain sens, une certaine formule, alors que
nous sommes incapables de comprendre une image, bien qu’on puisse la
sentir et la recevoir. En effet, elle contient une infinité de
possibilités d’interprétation. C’est comme si elle exprimait une
infinité de liens avec le monde, avec l’absolu, avec l’infini.
L’Apocalypse est le dernier chaînon de cette chaîne, de ce livre – le
dernier chaînon, qui achève l’épopée humaine, au sens spirituel du mot. »
http://www.alterinfo.net/Andrei-Tarkovski-Discours-sur-l-Apocalypse_a89370.html