@Abouhamza
Je l’ai déjà écrit plusieurs fois ces derniers jours : le problème actuel n’est pas du tout la Syrie, mais l’Iran. On pouvait encore penser lundi que ce qu’envisageait Obama, c’était quelques frappes rapides et symboliques. Ils avaient par exemple rapidement bombardé Tripoli et Benghazi, en 86, à titre de représailles contre le régime de Khadafi. Il y a quelques années, les Israéliens ont bombardé en Syrie une centrale nucléaire en construction. Ces choses-là n’ont duré que le temps d’une petite promenade en avion. L’ennemi n’était pas prévenu, a été fort surpris, tout comme le morpion qui prend une fessée. Quand on veut « punir », on ne dit pas au gamin turbulent : dans trois jours, à l’heure du goûter, tu vas prendre une baffe.
Or, après des discussions avec un représentant des républicains, les propositions d’Obama ne sont plus du tout ce qu’elles étaient au début puisqu’il envisage une action qui pourrait durer soixante jours et même au besoin trois mois. Avec trois mois de bombardements, on n’est évidemment plus dans le symbole.
J’ai suivi la discussion au parlement, cet après-midi. A ma grande surprise, le premier ministre lui-même parle de l’Iran. Il ne faudrait pas, dit-il, qu’on puisse croire dans la région que l’utilisation d’armes de destruction massive laisse de marbre les puissances occidentales. Et il souligne que l’arme atomique, c’est encore un cran au-dessus des armes chimiques.
Elisabeth Guigou, qui est à la tête d’une commission parlementaire, reprend le même discours, évoque explicitement l’Iran, et ce soir, sur France 24, au cours d’une discussion à propos de la Syrie, un intervenant qui est un spécialiste du renseignement ramène immédiatement aussi la question de l’Iran sur le tapis, quoique fort discrètement, avec l’air de ne pas y toucher.
En fait, il s’agit de préparer des populations encore aussi bêtement pacifistes que pouvaient l’être celles de l’Europe en face de la montée du nazisme, à admettre l’urgente nécessité d’en finir avec le régime des mollahs. Celui-ci est en effet à peu près aussi dangereux pour la région et même pour toute l’Europe que pouvait l’être l’Allemagne hitlérienne. On sait ce que sont les objectifs de l’Iran, Khamenei les a suffisamment répétés, et ils sont tout à fait intolérables. Là aussi, il y a un peu plus d’un an, on parlait de « lignes rouges », mais il y a longtemps qu’elles ont été franchies.
Du coup, s’il ne s’agit plus d’une petite fessée à donner au dictateur syrien, mais s’il y a un objectif militaire tout à fait précis et consistant, lequel serait de faire d’une pierre deux coups en faisant tomber tout à la fois Bachar el-Assad et la théocratie iranienne, l’intervention d’une coalition occidentale se justifie pleinement. Toute la difficulté consiste (pas de politique sans machiavélisme) à pousser l’Iran à des extrémités qui puissent constituer un casus belli. Du côté du détroit d’Ormuz, tout ça ne devrait pas être impossible.