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Jean-Philippe 28 septembre 2013 22:42

Bonjour l’auteur,

Vous souffrez d’un manque de recul qui ne vous fait pas évaluer correctement la taille du problème. Ce n’est un crash boursier qui nous menace, c’est tout simplement la fin de la civilisation industrielle.

Pour bien comprendre où nous en sommes, il faut être au clair sur trois dimensions :
- la dimension physique,
- la dimension économique et monétaire,
- la dimension sociale.
La dimension physique, elle revient à bien comprendre que tous les biens et services produits par nos économies le sont au moyen de matières premières, énergétiques ou minérales. La crise, la vraie, celle dont nous ressentons de plus en plus les effets, elle se situe ici, car nos capacités à disposer de toujours plus d’énergies et de matières premières s’essoufflent, or c’est la première condition à la croissance économique, sur l’utilité de laquelle je reviendrai ultérieurement. Sur ce sujet, je ne peux qu’inviter à lire de bout en bout le très didactique blog de Jean-Marc Jancovici : Manicore.
La dimension économique et monétaire, elle traduit surtout notre aptitude à exploiter l’environnement (l’économie), la monnaie est elle un outil pratique, qui permet de tricher un peu, je préciserai plus loin.
La dimension sociale est essentielle pour comprendre la situation : Pour des raisons inhérentes au fonctionnement humain, il faut une croissance d’environ 2% par an pour qu’une économie développée « fonctionne ». En dessous de ce niveau de croissance, le chômage a tendance à augmenter, et les tensions sociales avec, (recherche de boucs émissaires, les dirigeants, les étrangers ..., et donc radicalisation des votes ...).

Que se passe-t-il donc ? Eh bien dans les années 50 à 70, notre disponibilité en matières premières était croissante, favorisée par des avancées rapides de la connaissance scientifique, en chimie notamment. Donc, croissance forte, pas de soucis, économie vertueuse.
Depuis le début des années 70, des crises à caractère géopolitiques d’abord (sur le pétrole en particulier) ont secoué le bel édifice. Mais au-delà et surtout, la croissance mondiale a connu une décroissance régulière, passant de près de 5% par an à un peu plus de 2% durant la dernière décennie, et c’est ça qui est essentiel pour comprendre. Deux facteurs principaux ont généré ça : un accès plus difficile aux ressources (on a toujours commencé par les plus faciles à atteindre), et le ralentissement des progrès de la connaissance scientifique, d’autre part. Et au fur et à mesure que la croissance diminuait, les années basses augmentaient, et les bonnes diminuaient. Et durant les années basses, où la croissance avait tendance à passer sous les 2%, les états ont progressivement mis en places des stratégies de soutien à l’économie, en s’appuyant pour cela sur la fiscalité au moyen de l’emprunt. Et donc, vu la tendance relative à la croissance mondiale, l’endettement des états est allé croissant, jusqu’à un seuil remarquable : 2008. L’année 2008 a vu l’épargne disponible au niveau mondial ne plus suffire à alimenter les besoins en financement des états. Depuis cette date, les banques centrales interviennent en création monétaire, de plus en plus massivement, pour que le système continue à tourner.
L’accès aux ressources physiques est très clairement le problème ; en ce qui concerne une des ressources essentielles, le pétrole, son prix est passé de 20 dollars le baril en 2002 à 100 dollars le baril en 2007, or nos économies ne peuvent encaisser un tel prix.
On en est donc à la monétisation massive des banques centrales, qui sont désormais le dernier rempart avant le crash général. Elles le savent bien, et ce ne sont pas elles qui lâcheront. Mais la création monétaire a des limites, en particulier du coté de l’inflation, et les banques centrales incitent donc les états à la rigueur pour en user le moins possible, d’une part, d’où la crise actuelle, et de toutes façons l’inflation engendre le mécontentement social, et c’est de ce coté que ça risque de craquer brutal, dans les cinq à dix ans qui viennent vraisemblablement.

Attention : le crash ne sera certainement pas que boursier !


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