Je suis descendant de ces gens pour lesquels il semble nécessaire à certains de comprendre si des fois ils ne sont pas une peu « responsable » qui leur « advint ».
A l’évidence, le million ou million et demi de victimes (il ne s’agit pas d’allégations arménienne, il n’existe pas un historien digne de ce nom, y compris en Turquie, qui remette en cause cette fourchette de chiffres, il suffit par ailleurs de faire le constat qu’une culture bi-millénaire a été rayée de ses régions historiques d’implantation, voir ci-après pour plus de détail), les femmes enceintes éventrées, les mère violées, les nourrissons affamés, les hommes systématiquement executés avaient sans doute une part de « responsabilité » dans leur sort ?
Lire de telle lignes, de telles insinuations, ne devrait entrainer que le dégoût et le mépris, mais devant la méconnaissance manifeste de ces épisodes, l’inculture étalée au grand jour, il me parait nécessaire de rappeler quelques vérités incontestables et incontestées tant on peut être absolument effrayé d’entendre et de lire en ce moment des gens écrirent absolument n’importe quoi sous couvert de pseudos-vérités scientifiques. Des sujets aussi sensibles méritent du recul, de la culture, des recherches mais aussi du tact.
L’idée que le comportement du parti Dachnak et de sa complicité avec les Russes est une des raisons des massacres est, pour qui connait réellement la problématique, un viel argument du négationnisme d’Etat pratiqué par la Turquie et qui ne résiste pas une seule seconde à une analyse objective et scientifique des faits. Toutes proportions gardées, cela revient à considérer les actes héroïques de résistance tels Musa Dag comme des actes de massacres. Je renvois à ce sujet par exemple (il y en a tellement) l’auteur de l’article aux appels lancés par le Président du Parti social-démocrate Turc et celui du Parti Travailliste Turc en mai 2005 pour que cessent ces allégations et que la Turqiue reconnaisse enfin son passé.
IL s’agit d’ailleurs d’un des arguments négationnistes les plus abjects en ce sens que non contents de nier l’existence d’un Génocide, certains turcs vont jusqu’à affirmer que ce sont les arméniens qui en auraient commis un. L’auteur des quelques lignes ci-dessus sera content d’apprendre qu’il partage cette volonté « d’étudier » la question avec les plus extrémistes des extrémistes de droite Turcs, notamment ceux qui défendent bec et ongle l’article 301 du code pénal turc qui peut envoyer en prison n’importe qui ne faisant qu’évoquer le Génocide Arménien. Parmi eux l’influent comité Talaat PAcha qui a récemment manifesté pour cette reconnaissance. NB : Talaat Pacha est « l’Himmler » Truc, principal artisan de la solution finale, condamné à mort par contumace par les Turcs eux-même en 1919, assassiné à Berlin par un arménien Soghomone Telirian qui sera acquité par un tribunal Allemand (alliés des Turcs en 1915) au vu des horreurs commises par le coupable (une première dans la jurisprudence de ce pays). Il est d’ailleurs « amusant » de rappeler que les cendres de Talaat PAcha ont été rendus à la Turquie qui en a curieusement fait un héros national, en ...1943 par Adolf Hitler. Cela revient à s’intéresser aux recherches historiques sur la Shoah de certains professeurs d’histoire Lyonnais...
Je rappellerais donc ici, pour ceux qui l’ignorent ou tentent de l’ignorer,que la constante génocidaire sur le peuple arménien est une réalité sur plus de trente ans et trois gouvernements Turcs différents
Les premiers massacres sont le fait entre 1894 et 1896 du Sultan Abdul Hamid 2 dit le Sultan Rouge et qui ont fait, selon les estimations les plus objectives entre 150 et 200 000 victimes. Il existe même dans les achives française, encore une fois pour ceux qui sont, au-delà des approximations, des compte-rendus de débats parlementaires qui évoquent très précisément, voire de manière chiffrée, ces massacres et leurs conséquences. Abdul Hamid avait fait une erreur tragique (!) que n’ont pas reproduit les jeunes-turcs : s’attaquer aux Arméniens de Constantinople et rendre les massacres directement constatables par les ambasades occidentales. Après une courte période de calme une nouvelle vague de massacre a été perpétrée par les premiers jeunes-turcs en Cilicie (Adana) en 1909, un peu moins de 30 000 morts, ces massacres ne visaient d’ailleurs pas que la communauté Arménienne. POint n’est besoin de revenir sur le Génocide de 1915, a reconnu comme tels par l’ONU, la douma, la chambre des représentants américains (mais pas la présidence), le parlement européen, le grand rabbin d’Israël, le Vatican et les parlement de la plupart des pays démocratiques (à l’exception notable du RU, qui reconnait cependant l’ampleur des massacres). Compte tenu de la masse documentaire existante il est en effet impossible de conclure autrement. Seul point intéressant repris par l’auteur ci-dessus, le procès de Constantinople de 1919 au cours duquel les principaux Génocidaires ont été condamnés à mort par la Turquie. Ce procès n’a pas été reconnu par les gouvernements Trucs successifs au motif que le gouvernement de l’époque n’était pas « représentatif ». Au-delà de cette querelle Turco-Turque, les compte-rendus de ces procès sont extraordinairement intéressantes pour qui souhaite connaitre les mécaniques implacables mises en place, l’évidente planification du Génocide. La reconnaissance de la république Turque de Chypre du Nord et la non reconaissance du Génocide arménien sont des spécifité Turques où à tout le moins des turcs non éclairés, les plus éclairés d’entre eux ayant une position naturellement différentes sur ces deux sujets.
Enfin, rappelons que l’écrasement de la toute jeune République d’Arménie par les troupes d’Ataturk notamment entre 1920 et 1921 aurait fait entre 100 et 150 000 morts
Par ailleurs, les massacres d’arméniens en 1915 ne se sont pas limités, et loin de là, aux zones de combats, voire proches des zones de combat ce qui est un contre-argument évidents à cette thèse négationniste Turque désormais centenaire reprise sans la moindre analyse et recul par le rédacteur ci-dessus.
S’agissant du recensement des populations Arméniennes de Turquie, elle est de 2,5 millions d’individus par le gouvernement Ottoman en 1867 et de 2,6 millions d’individus par le Patriarcat Arménien en 1882 (après les massacres de 1895). Au sortir du Génocide de 1915, il reste environ 300 000 arméniens dans les provinces orientales et 200 000 à constantinople (ils sont 50 000 aujourd’hui)ces derniers forment une partie de la Diaspora actuelle avec ceux qui ont pu fuir les massacres pour se réfugier en Europe et aux USA principalement. Une simple différence entre le nombre d’Arméniens vivant en Armenie avant et après, ainsi que la prise en compte du nombre de réfugiés (hors les diasporas déjà existantes) explique peut être pourquoi, comme le dit le rédacteur de cet article, la « communauté internationale » reconnait l’ampleur des chiffres de 1,2 à 1,5 millions de morts. Au passage, affirmer que 600 000 arméniens vivent en France est soit une inepsie, soit une marque d’inculture, le chiffre de cette commnunauté ne cesse de grandir depuis quelques mois dans les articles de ce genre, sans doute pour tenter de démontrer les visées électoralistes des projets actuels. La meilleure estimation fournie par la Conférence de la Diaspora Armenienne, qui n’a aucun intérêt à diminuer les chiffres, bien au contraire, est de l’ordre de 350 000 en 2002 pour la France, la réalité est plus proche des 300 000.
J’aimerais par ailleurs attirer l’attention du rédacteur et des lecteurs sur la dangerosité de faire des comparaisons mémorielles. Un génocide se caractérise de mon point de vue par l’universalité du témoignage qu’il véhicule. Utiliser des critères géographiques, numériques ou autres pour étalonner les Génocides revient à créér de dangereuses échelles d’appréciation. Les plus grands historiens et spécialistes de l’Holocauste, incluant Elie Wiesel et Yehuda Bauer ne s’y sont pas trompés, lorsqu’ils ont écrit dans le New York Times en juin 2000, pour déclarer « incontestable la réalité du génocide arménien ». L’Institut de l’Holocauste et des génocides de Jérusalem, et l’Institut pour l’étude des génocides de New York ont établi comme un fait historique le génocide arménien. Sans doute avaient-ils en tête cette phrase célèbre d’Adolf Hitler « Mais qui se souvient du massacre des arméniens ».
On peut être, par principe, contre des lois mémorielles, c’est plutôt mon cas, mais il est inacceptable d’entrer, sans culture, tact ni recul, dans des polémiques sur un incontestable crime contre l’humanité en utilisant précisément, peut être sans le savoir, les principaux arguments de ceux qui le nient cette réalité.
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