Article d’une actualité intellectuelle brûlante en des temps infernaux, aux dilemmes proprement diaboliques, qui ne sont, comme vous le montrez bien, que le résultat idéologique de philosophies qui n’ont plus ni rapport avec l’humanité – qui n’est ni un concept ni une rationalité – comme s’efforcent de le faire accroire les diverses révolutions sournoisement programmées, aussi bien progressistes que conservatrices, ni avec le discernement traditionnel d’une sagesse. La pensée comme propagande ne pouvant amener les débats qu’en dessous de la ceinture, bien loin de la hauteur d’homme.
Il y a une différence entre non-assistance à personne en danger par calcul politique, ou encore pire, sacrifice, et une situation à laquelle on est totalement étranger, dans laquelle on ne peut faire qu’un choix entre le pire et le moins pire, qui ne dépend absolument pas de nous, mais d’un accident technique ou naturel, qui ne s’insère pas dans un jeu, ni une responsabilité de pouvoir, où la logique utilitariste ne serait qu’un simple outil comme un autre, si on ose le penser, ou si on a été conditionné pour. Il y a une différence, comme celle du jour et de la nuit, entre le moins pire dont nous ne sommes pas l’auteur et le soit-disant moins pire comme calcul de gain net, sur un plan imaginé et géré.
La question posée par l’article est très importante, essentielle. Elle est très bien posée et nous amène à voir que dans un cas, nous sommes dans une action désespérée qui ne dépend, quant à ses causes et conséquences relatives, absolument pas de nous, et dans l’autre, dans une politique, un projet réfléchi, construit de toutes pièces, comme un coup dans une partie d’échec, où l’on ne manipule pas de pièces, mais des vies humaines. Le pire est donc de faire l’amalgame et l’hypocrite obéissant à la pure logique, comme à une morale proclamée pratique, c’est à dire sans principe supérieur, en fait dissimulé par le mot.
L’expérience de pensée du tramway donne des résultats sensés qui n’ont rien à voir avec l’utilitarisme, qui n’est qu’un rationalisme déguisé en morale, un pragmatisme du résultat faisant office de vertu. Il y a une chose qui se cache derrière cette imposture morale : un relativisme qui fait que tout est comparable, assimilable, réductible à une équation. Le pire, dans cette affaire est d’en arriver à considérer comme des « principes supérieurs » des principes qui ne sont que bassement inférieurs.
Nul n’est obligé d’accepter un dilemme aussi syllogique que d’avoir à choisir entre la peste et le choléra. Un choix est ouvert, il ne peut être déterminé d’avance, sinon il s’agit d’une nécessité assise sur des principes, absolument pas d’un choix. Il faut alors examiner ce que valent ces principes, si, par exemple la fin justifie les moyens. De plus, dans l’action, toute situation théorique est un leurre permettant d’amener une logique a priori, étrangère, quantitative comme vous le montrez. Dans la pratique, la théorie n’est pas étrangère à la réalité qui demande réflexion, et non pas raisonnement, sinon il n’y a que des logiques en action, qui n’ont rien à voir avec la réalité qu’elle manipulent.
Si la fin justifie les moyens, cette fin indique qui, comme fin, tue qui, comme moyen sacrificiel d’être : là nous sommes en religion ET en logique, mais pas dans la raison humaine non rationaliste. Nous sommes dans un humanisme instrumental, dans une sorte de mystique matérialiste opposée à un humanisme chrétien, par exemple (il y en a bien d’autres).
Comment le salut du monde pourrait-il passer par le sacrifice de quelques uns ou de beaucoup ? De quel genre de salut s’agit-il ? Il n’y a pas de bien commun strict ou principiel, pas de nécessité de sacrifice ni de salut : il y a le bien et le mal, la liberté et la contrainte. Contrainte souvent déguisée en morale, c’est à dire en logique, donc en logique de système, en mécanique enclenchée. Il y a le sens commun, qui est le sens de l’humain, dont chacun, dans son humanité, vit une part différente dans la pratique de la vie, pas dans la vie pratique, qui n’est qu’un collectivisme négateur de celui qui, comme dans la pratique sociale, marchande ou communiste, doit être sacrifié à la place des autres.
Le bien dit commun n’est pas commun : il est partagé, ce qui n’a rien à voir avec une pratique de partage mathématiquement prédéfinie, toujours exclusive et réductrice au plus grand nombre, donc aux plus forts en nombre ou aux plus rusés en nombre. Il n’y a pas de solution matérielle à la morale : la morale étant justement ce qui permet de se dégager des logique « liées » du matériel. Il n’y a pas de morale matérielle, il n’y a que des intérêts matériels, qui n’ont rien à voir avec le bien commun, défini comme partage, non comme dénominateur.
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