Je
ne suis pas entièrement d’accord avec votre article. je possède plusieurs
milliers de volumes dans ma bibliothèque personnelle qui remplissent au moins
trois pièces de ma maison. J’adore les livres et ils se sont accumulés
naturellement au fil de mon existence car je suis incapable de m’en défaire. C’est
peut-être grâce à eux (ou à cause d’eux) que j’ai acheté une grande maison à la
campagne destinée à les loger où je suis parfaitement heureux. Par ailleurs, je
me targue de ne pratiquer aucune « novlangue » et même, je l’avoue,
de m’exprimer avec une certaine distinction, ayant obtenu, dans ma jeunesse, un
doctorat en Lettres. Cependant, je ne méprise nullement ni les écrans ni les
tablettes. Successivement, j’ai acheté plusieurs liseuses –Sony, Kobo étant les
meilleures sur le marché, si je puis me permettre cet aparté- mais dont j’ai
expérimenté très vite les limites : peu de luminosité et des blocages
résultant d’une indigestion de fichiers ; à l’heure actuelle, je lis sur
des tablettes Android 8 pouces (Lg et Assus)qui, à mon avis, constituent un
format idéal que l’on peut emmener partout. Avec Calibre installé sur un Pc et
un logiciel de lecture comme MoonReaderPlus installé sur la tablette, vous pouvez
gérer une masse importante de fichiers epub ; de plus, contrairement aux
liseuses, les tablettes permettent de lire correctement des fichiers pdf ;
tout cela m’a permis de multiplier mes possibilités de lecture, dans plusieurs
langues, à un point que je n’osais imaginer il y a à peine dix ans. Je viens, à
titre d’exemple, de terminer Le Royaume, d’Emmanuel Carrère sur ma tablette et
j’ai pu ainsi meubler une longue attente chez mon médecin généraliste autrement
qu’en compulsant les habituelles revues insipides dont sont abondamment pourvus
les cabinets médicaux. Je pense que la technologie ne doit pas faire l’objet d’un
ostracisme ; elle est porteuse du meilleur comme du pire ; ce sont
les individus qui en font un usage le plus souvent médiocre, faute d’une
perception de la réalité et d’une culture (véritable) qui n’ont toujours été
que l’apanage d’une minorité. Aussi me semble-t-il vain, tel ces bonimenteurs
rabelaisiens qui animaient les tréteaux des rues médiévales en faisant l’apologie
de quelque panacée miraculeuse, de faire un éloge appuyé du livre (ce terme
désignant hélas simplement un objet dont contenu de plus en plus galvaudé offre
trop rarement une consistance roborative). Doit-on vraiment donner des perles
aux pourceaux ?