Cher Denis,
Votre article est un espoir exprimé. C’est un souhait. Toutefois, en dehors du plaisir de vous lire, il n’arrivera rien d’autre que la très probable élection de Ségolène.
J’aimerais que le sénateur de la république Mélanchon se désolidarise des autres, mais il n’aura que peu de forces à réunir.
Les Verts de Voynet sont corrompus et achetables par Ségolène. Il suffit pour le savoir de les écouter. Je ne parle même pas du fait qu’ils n’ont rien à dire d’intéressant.
Les Communistes de Buffet sont dans le même cas que les Verts : achetables et inintéressants au possible.
Ces deux formations n’ont rien d’anti-libérales, elles se sont alliées à toutes les politiques pro-monétaristes qui ont été menées. Car pour être précis le libéralisme dont nous parlons est la version de Friedman. Cette version est extrémiste au sens où il pousse l’application de la théorie micro-économique à toutes les fonctions « régaliennes » de l’Etat. D’après le principe que les marchés feront toujours mieux que n’importe quel Etat. Il entrera dans l’histoire de la pensée économique pour cela (et rien d’autre). Evidemment son succès était assuré puisque la dérégulation (la fin de l’action de l’Etat) servait intrinsèquement les intérêts privés ; lesquels, d’ailleurs, n’ont pas manqué de s’emparer de sa pensée pour l’imposer aux décideurs afin de la mettre généralement en oeuvre. Le reste relève du panurgisme. Pour exemple, quelques manifestations de la mise en œuvre de cette pensée : les privatisations d’entreprises publiques (fondées avec l’argent des contribuables), la généralisation de la gestion des services publics en mode privé (les marchés publics), l’application des concepts entrepreneriaux aux services non-marchands, la construction d’un marché monétaire mondial complètement privé avec quelques opérateurs-arbitres indépendants du politique (expression de la main invisible), l’exploitation des « meilleurs terrains » en priorité d’où la mondialisation (« terrain » au sens sociologique), une logique de recherche systématique de la production à moindre coût en prétextant l’intérêt des consommateurs (la demande) tout en oubliant de signaler que les consommateurs correspondraient non à toutes les CSP des marchés nationaux mais à des segments de CSP dans le cadre de marchés internationalisés. Un marché d’un bien X étant alors la réunion des segments de marchés nationaux formés par l’ensemble des CSP équivalentes dans chacun des dits pays. La notion de marché passant alors du « vertical » au « transversal ». Ce qui fait qu’on se fiche de savoir si l’ouvrier achètera ou non la voiture qu’il produit, c’est-à-dire qu’on ne se demande plus s’il est suffisamment payé pour produire (fin du fordisme). Ce qui suppose la désolvabilisation des classes populaires voire moyennes dans de nombreux pays développés. Ce qui entraîne un autre mouvement, à savoir la fin de tout protectionnisme sous quelque forme que ce soit (taxe ou norme ou subvention) au nom du principe de la concurrence non faussée.
Il y a même une psychologie monétarisante. Les rapports hommes/femmes se comprendraient très bien en employant cette grille d’analyse. Il n’y a plus alors que l’égoïsme transformé en intérêt. L’intérêt permettant de calculer qu’elle est l’utilité marginale d’un acte conjugal quelconque ou parental. C’est-à-dire à quel moment l’insatisfaction ressentie à l’égard de l’autre est telle qu’on n’a plus de raison (= intérêt) de poursuivre provisoirement ou définitivement la relation. L’autre : un objet de calculs avec retour sur investissement obligatoire. Bref l’orgasme obligatoire, un corps parfait, des revenus élevés et « jamais d’accident de la vie ». Défaillance interdite sous peine de demande de remboursement immédiat. L’argent comme le disent les psychnalistes étant la mesure commune entre les individus. Bizarre. Il me semble qu’effectivement cette théorie a gagné du terrain...au quotidien.
Sur le plan sociétal, ce sont alors des idées de répression des désordres sociaux engendrés qui deviennent à la mode. L’action répressive étant bien alors la seule vertu qu’on reconnaisse à l’Etat. Les élites se reconnaissent entre elles d’un pays à l’autre étant donné qu’elles sont toujours dans les segments de marchés visées. Elles profitent pendant que le reste de leurs populations respectives sombrent dans la misère sous leurs regards compatissants. Après tout, comme tout le monde le sait, il suffit de faire une grande école pour bénéficier de ce nouvel ordre des choses.
Là-dessus, LO et la LCR restent finalement assez cohérentes et repliées sur elles-mêmes. Néanmoins aucune de ces deux formations n’a une pensée économique sérieuse et structurée. Ce qui les disqualifient l’une comme l’autre à toute prétention gouvernementale.
Les autres mouvements sont ou bien trop minoritaires et discrets ou bien trop « mondialistes ».
Il n’y a donc pas d’offre sérieuse à côté de celle de Ségolène Royal. De fait, cette candidate va aller, paraît-il, aux USA pour rencontrer des membres du Parti Démocrate. Le PS est donc entrain de se convertir au monétarisme ambiant (néo-libéralisme). En ce qui concerne le libéralisme au sens classique du terme, nous en sommes tous imprégnés. Les pensée « socialisantes » sont apparues après sa venue. Elles se sont construites avec. La liberté individuelle n’est pas en soi un mal. Les libertés publiques non plus. Mais la solidarité est nécessaire. C’est donc à la loi d‘organiser des conditions de vie justes et dignes pour tous. Or le monétarisme rompt avec ce consensus.
D’un côté, nous aurons une société « traditionnelle », moralisant et répressive et, de l’autre, des multimilliardaires qui mettront à sac la planète, impunément. Le tout enrobé par de la charity business pour faire croire à une « justice humaine ». C’est l’avenir. Et Ségolène est une de leurs nombreuses créatures chargées d’accomplir leur programme (=leur projet de domination absolue).
Comme les électeurs veulent une femme à la Présidence. On aura Ségolène. Elle nous fera un programme social-néolibéral tendance répressive (l’ordre juste. On se demande pour qui ?). Sarkozy, lui nous fera un programme néolibéral tendance loterie (la méritocratie). Les deux se valent. Reste Le Pen, dans le rôle du vieil épouvantail de service.
Ségolène : une victoire à 70% au second tour. + 5 années de « crypto franquisme » (alliance du néo-libéralisme et du catholicisme traditionnel).
Résultats :
1/ plus de gauche française. Le PS tiendra lieu de référent pour la gauche comme aux USA alors que le parti est néo-libéral. Sans que l’esprit moyen de l’électeur soit choqué ou interpellé par les faits.
2/ L’UDF fera et défera les majorités en s’alliant tantôt aux ultras néo libéraux soit aux néo-libéraux (qui apparaîtront, dans cette configuration, plus modérés que les autres).
3/ La société sera globalement et euphémiquement répressive (on aura du mal à assumer. Alors on aura tout un vocabulaire « soft » ad hoc, façon « col blanc »).
4/ Fusion partielle de l’extrême droite avec l’UMP.
5/ Peoplisation complète de la vie publique toujours sur fond de moralisme publicitaire.
6/ Montée de la criminalité internationale avec prise de contrôle possible de certains Etats.
Voilà quelques idées qu’on peu déjà esquissée. Donc point de gauche dans ce mouvement. On aura le choix entre un néo-libéralisme « dur » et un néo-libéralisme « soft ». Les détails faisant la différence. On choisira entre deux produits ayant les mêmes fonctions dans deux emballages différents. Un peu comme dans une grande surface : Coca ou Pepsi ?
Je ne suis pas optimiste. J’ai un peu forcis le trait. Je pense que l’avenir de notre république va vers un comportement électoral indifférent comme aux USA où, en ce moment, presque 2 électeurs sur 3 ne vont plus voter.
La gauche ? un bruit à contrôler !
Au fait, comme prévu, Ségolène est entrain de faire sa formation accélérée à l’international, façon Science Po (lecture en diagonale, transformant de facto le lecteur en « spécialiste » car capable de photographier et restituer à la demande, concepts et plans relativement à une question donnée). Une fois fait, elle s’occupera d’économie. Elle apparaîtra « compétente » à l’électeur moyen vers février 2007. Tout va bien.
D’un point de vue « monétariste », combien vaut mon commentaire, selon vous ?
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