Bien que Michel Onfray ait du paganisme de nos ancêtres une image positive, il est loin d’avoir franchi le Rubicon que quelques milliers d’Islandais ou de Lituaniens (notamment) ont osé franchir, à savoir retourner réellement au paganisme. Tout comme Alain de Benoist, dont il dit préférer une bonne idée qu’une mauvaise idée de « gauche », il reste à la porte de ce choix. L’athéisme, même paganisant, reste un athéisme, et même si cette philosophie exigeante est respectable, elle ôte tout sens à la vie humaine, aux raisons pour lesquelles nous existons plutôt que de ne pas exister. En revanche, le paganisme reposait sur la notion de destin c’est à dire de « devenir ce que l’on est », de s’accomplir sur terre.
C’est parce qu’il est athée et non païen, parce que Mars est pour lui une planète et non un dieu, qu’il n’envisage pas de combattre ce qui détruit la civilisation européenne mais d’assister en « convive de pierre » à la ruine de son propre peuple. Une telle vision relève du nihilisme dénoncé par Nietzsche. Difficile pour un émule du philosophe de Sils-Maria comme Onfray se prétend être de rester passif. Au contraire, le paganisme est une religion de la patrie et du combat.
La question est donc de savoir si la renaissance de l’Europe reposera sur le recours au paganisme ou le retour du christianisme. Or les Renaissances de l’Europe ont toujours été fondées sur l’antiquité païenne, gréco-romaine et nordique. Les Grecs ont réussi à conserver leur foi tout en fondant leur pensée sur la raison, sous l’égide d’Athéna. C’est ça aussi le génie européen. Constantin au contraire a soumis la raison à la foi, l’intérêt de la patrie à l’intérêt d’une religion alors totalement minoritaire et fort peu tolérante par ailleurs.
Par ailleurs, l’Europe meure d’universalisme. C’est ce qui la démunit contre toutes les menaces. Le christianisme n’est pas moins universaliste. On ne guérira pas l’Europe en remplaçant un universalisme par un autre mais en rompant avec l’universalisme en général. Le christianisme en Europe est-il prêt à renoncer à tout prosélytisme, à couper ses branches mondialisées, et à devenir eurocentré, ce qu’il était de fait (mais pas de cœur) au Moyen-Âge ? Je ne l’en crois aucunement capable. Au contraire, l’Eglise accepte son déclin en Europe et cherche à gagner des « parts de marché » en Afrique et en Asie.