Papier rafraîchissant mais qui pêche par un oubli de taille : un fruit perdu, il est vrai dans le panier moisi de la 5ème mourante. Je vous pardonne. A force de ne frotter que toiles, araignées, insectes grouillants, cadavres et pourritures, vos sensations se sont tout émoussés, et vous avez été incapable de sentir la dernière chair intacte et vivante au sein du panier. C’est un fruit bien français : bleu, blanc, rouge, dont les couleurs en jaillissant de ce panier noir en effraient certains - beaucoup -, et blessent même quelques prunelles - chastes prunelles ! -, probablement par contraste avec la noirceur. Alors je me permets d’écrire la suite pour partager avec vous la saveur de ce fruit perdu...
Voter Le Pen ? L’homme dégage une autorité naturelle, il est habité par une vraie vision des choses, une expérience, un charisme, qu’il saurait mettre au service de son pays. Elu, cet homme serait en plus sous une étroite et ferme surveillance. On ne lui pardonnerait aucune dérapage, aucune erreur. Voilà bien pourquoi cet homme est probablement beaucoup moins dangereux qu’on ne veut bien nous le faire croire - on : ceux qui se partagent la pitance depuis trente ans et voudraient en profiter encore un peu plus, recourant pour ce faire à une vieille technique connue, éculée, mais qui fait manifestement toujours recette chez les peureux : la peur, le diable, satan.
Une vision, un charisme, une liberté surveillée. Voilà exactement ce qui peut faire de lui un grand chef. Les chefs livrés à eux-mêmes, « sans mors, sans éperons, sans bride », sont souvent de bien piètres chefs. Voilà pourquoi Chirac fut piteux. Il avait toute liberté. Il l’a gâché. Et voilà pourquoi les trois autres cités plus haut seraient probablement d’aussi mauvais chefs.
Un fruit ! Le Pen ! Vite ! Courrons ! Votons Le Pen. Avant que le mort ne le cueille et la France avec, nous laissant doublement orphelins !